Nature et Environnement en Nièvre

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Climat.Accord de Paris, cinq ans après...cinq ans de perdus?

 

 

 

Climat : Accord de Paris, cinq  ans après….cinq ans de perdus ?

 

 

Le 12 décembre, date anniversaire de l’Accord de Paris de 2015 se tenait sur le mode virtuel, Covid 19 oblige, le « sommet ambition climat » organisé par L’ONU, la Grande Bretagne et la France.  Il a réuni 75 chefs d’Etat et de gouvernement.

 

Par l’Accord de Paris adopté lors de la COP21 entré en vigueur le 4 novembre 2016, 197 Etats s’étaient mis d’accord pour faire en sorte de limiter la hausse de la température moyenne mondiale,  d’ici la fin du siècle, en dessous de 2°C par rapport aux températures préindustrielles. En faisant tous les efforts pour la maintenir en deçà de 1,5°C” en raison des pays particulièrement vulnérables aux dérèglements climatiques (un milliard de personnes dans 48 pays) notamment les petits  Etats insulaires. 189 parties ont ratifié ce texte.  Parmi les non signataires  dépassant 1 % chacun des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) : les États-Unis (17,89 % des émissions mondiales), l'Iran (1,30 %),  la Turquie (1,24 %).

 

Le réchauffement de la température moyenne à la surface du globe est causée  par l’augmentation des concentrations atmosphériques des gaz à effet de serre (GES) résultat de l’accumulation, année après année des émissions mondiales de GES anthropiques (dues à l’activité humaine) en particulier du CO2 (dioxyde de carbone liée aux énergies fossiles). Le climat d’aujourd’hui est induit par les émissions d’il y a  vingt ans, et le climat à moyen terme (2050) est déjà scellé en raison du stock déjà envoyé dans l’atmosphère et de sa progression continue.

 

.L’objectif mondial à long terme défini dans l’Accord de Paris consiste « à stabiliser les concentrations de GES dans l’atmosphère » pour stopper le réchauffement planétaire, et d’y  parvenir  à un niveau qui empêche toute perturbation  anthropique dangereuse du système climatique. Les connaissances scientifiques ont conduit à considérer comme limite dangereuse  un réchauffement de 2°C abaissée à. 1,5°C° pour les Etats les plus vulnérables.

 

La  trajectoire actuelle  sur laquelle sont engagés  les Etats signataires conduirait, selon les experts de l’ONU,, à un réchauffement de 3°C à 4°C d'ici 2100, Le monde a connu en 2020 des  événements  dévastateurs, cyclones, ouragans, fonte des glaces (38°C en  Sibérie !) , inondations, feux de forêts gigantesques (Californie1,6 millions d’ha partis en fumée).  La dernière décennie est la plus chaude jamais enregistrée. En France même, 2020 a battu tous les records depuis 120 ans (les premières mesures de température datent de 1900) avec une moyenne de 14°C et une aggravation de l’intensité des phénomènes climatiques sècheresse, canicule, pluies extrêmes (Alpes maritimes).

 

Le secrétaire général de l’ONU  a  appelé les Etats à déclarer  «l’état d’urgence climatique » dans leur pays jusqu’à atteindre la neutralité carbone qui  consiste pour un pays à ne  pas émettre plus de gaz à effet de serre qu’il ne peut en absorber via les puits de carbone : les forêts, les sols et les océans sont des acteurs essentiels pour stocker le carbone, d’où l’impérative obligation de protéger ces milieux  déjà soumis à d’énormes pressions (pollutions, destructions, érosion de la biodiversité) auxquelles vont s’ajouter les impacts attendus du changement climatique.

Il est question également  de procédés industriels (puits anthropiques) tels la capture et le stockage  du carbone.  Outre le fait que ces techniques sont encore balbutiantes il est illusoire de penser qu’elles seraient en mesure d’’éliminer le carbone de l’atmosphère à une échelle suffisante pour lutter contre le réchauffement climatique. Elles pourraient tout au plus servir à compenser les émissions résiduelles qui ne pourront pas être ramenées à zéro (cas par exemple de l’agriculture , il y aura toujours des vaches …).

 

 

Concrètement iI s’agit de diminuer les émissions de GES pour arriver le plus tôt possible à la neutralité carbone dans la seconde moitié du siècle (2050) au rythme d’une diminution de 45% des émissions mondiales d’ici 2030.

 

L’esprit de l’Accord de Paris est d’empêcher qu’au fil du temps un essoufflement des ambitions politiques empêche d’atteindre ses objectifs.

Il fonctionne sur un cycle de 5 ans au terme duquel chaque pays doit indiquer les actions climatiques qu’il entend entreprendre pour contribuer à l’effort commun. Ces contributions nationales (NDC en anglais) doivent être de plus en plus ambitieuses donc régulièrement réévaluées.

 

 On ne peut que constater que depuis 2015 aucun des principaux émetteurs de GES (pays du G20 qui représentent 80% des émissions)  n’ont proposé d’augmenter leurs efforts. Une régression qui est vraisemblablement en partie liée à la décision de Trump de sortir les Etats-Unis de l’Accord de Paris.

 

Au 31 décembre 2020 les 194 parties engagées dans l’Accord de Paris devaient déposer des plans climatiques revus à la hausse.  Au 1er janvier 2021, seuls 70 États l’avaient fait dont les 27 pays membres de l’Union européenne ( 23,7 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre)., la Corée du Sud, l’Argentine et des pays moins émetteurs comme  Monaco, les Maldives, les îles Marshall, le Pérou, le Kenya, le Sénégal….De nombreux gouvernements ont invoqué la pandémie de Covid-19 pour justifier leur retard. Le sommet du 12 décembre destiné à relancer les efforts était donc une étape vers la COP 26 de Glasgow, reportée d’une année  (novembre 2021) qui devra préciser les engagements des Etats pour 2030.

Des pays se sont engagés à atteindre la neutralité carbone en 2050, Japon, Corée du Sud, Union européenne, Royaume-Uni, Chine (1/4 des émissions mondiales) d’ici 2060…,, les Etats-Unis avec l’élection de Joe Biden devraient  rejoindre ce groupe. De même, le Canada a annoncé qu’il, pourrait baisser ses émissions de 32 % à 40 % entre 2005 et 2030. Une très grande majorité de pays africains se préparent eux aussi à soumettre de nouveaux objectifs climatiques avant la COP26. Quelques lueurs d’espoir donc. Cinq ans après l'Accord de Paris, le monde se rapprocherait enfin d'une trajectoire de réchauffement à 2°C

 

Cela étant nombre de questions demeurent

 

-       Tous les engagements de neutralité carbone seront-ils tenus ? Et quand bien même la neutralité carbone serait-elle  atteinte par tous les pays cela  permettra de stabiliser le niveau de GES dans l’atmosphère mais ne garantit pas que le réchauffement climatique soit limité en-deçà des 2°C , la température a  déjà grimpé de 1,2°C par rapport à la période préindustrielle et le dérèglement climatique n’est pas corrélé au niveau d’émissions à l’horizon 2050 ou 2100 mais au cumul d’émissions depuis le début de l’ère industrielle.

-       Ces engagements porteront-ils sur les émissions  de tous les GES  anthropiques ou seulement sur  le CO2 ?.Les autres GES anthropiques (méthane ; 17% des émissions mondiales (ruminants), protoxyded’azote (fertilisation), gaz fluorés industrie (mousses, ,aérosols, fluides frigorigènes, etc.).… représentent environ un quart des émissions totales de GES..

-       Ces engagements lointains pour 2050 ne signifient pas que les Etats vont agir dès à présent à l’exemple du Royaume- Uni qui prévoit de réduire les émissions de CO2 d'au moins 68% d'ici 2030. par rapport aux années 1990, de l’Europe 55%.

-       Autre interrogation, les plans de relance  après la crise économique liée à la pandémie de Covid 19 (qui a conduit à une chute de 7% des émissions en 2020), ne vont-ils pas  se traduire par une hausse importante des émissions de GES liés au secteur énergétique?.

 

Le plan de relance européen 700Milliards  d’euros incorpore  largement le green Deal qui vise à accélérer la transition énergétique par différents programmes (dont celui de l’hydrogène), mais chaque pays sera tenu de consacrer  1/3 seulement des sommes reçues aux investissements verts.

 

Selon l’analyse réalisée par le Haut Conseil pour le climat (HCC), le plan français « rapproche la France de la trajectoire » lui permettant de respecter ses objectifs climatiques. Mais il reste « insuffisant » pour enclencher une rupture à long terme, à savoir les transformations structurelles qui conduiraient à décarboner l’économie française, Sur 100 milliards d’euros, 30 sont consacrés à l’écologie ce qui  n’est pas négligeable mais 70 milliards  d’aides seront apportés aux secteurs pollueurs   véritables cadeaux  en l’absence de contreparties environnementales !.

 

Il peut paraître excessif de parler de 5 années de perdues  à propos de l’Accord de Paris. Il  a probablement permis de limiter la casse puisqu’en 2014 on se dirigeait vers un monde entre +4°C et+6°C d’ici la fin du siècle. Mais à ce jour,  la trajectoire fixée à Paris n’est pas respectée (pas plus que l’engagement d’un fonds de 100 milliards par an  d’ici à 2020 pour aider les pays les plus fragiles à s’adapter au changement climatique)  et il y a un abîme  entre les engagements des Etats et la réalité. Il faut sauver l’Accord de Paris* ; c’est le seul accord universel sur le climat qui a  reconnu le diagnostic des chercheurs (le GIEC) et fixé un objectif chiffré, limiter le réchauffement en dessous de 2°C. En revanche il ne fixe pas d’objectifs de baisse des émissions de GES, Il vise  seulement  un pic des émissions mondiales « dans les meilleurs délais ».

 

 La décennie qui vient est capitale. Parvenir à une société sobre en carbone ne se fera pas sans  un changement profond de modèle de développement. Si on en croit les grands discours entendus aux grandes conférences sur le climat, le mythe d’une croissance infinie sur une planète finie serait bien intégré de tous …(pas par le MEDEF qui parle déjà de travailler plus, consommer plus, produire plus pour un retour rapide au niveau d’avant (la crise sanitaire).

 Reste à se demander si la croissance qui se veut verte et le développement, qui se veut durable… ne cherchent pas au final à maintenir  le paradigme de la croissance et à perpétuer un modèle de société dépassé !

 

On ne peut que suivre le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, qui  a appelé à voir le relèvement de la pandémie comme « une occasion à saisir tout autant inattendue que vitale » pour s’attaquer aux changements climatiques, remettre sur pied notre environnement mondial, transformer nos économies et réinventer notre avenir. Et pour qui « le relèvement de la COVID-19 et l’action climatique doivent être conçues comme les deux faces d’une même pièce ».

 

Pour tenir l’objectif de 1,5°C, il faudrait réduire les émissions de gaz à effet de serre de 7,6 % par an entre 2020 et 2030. Un défi qui exige des transitions radicales et rapides dans tous les domaines, énergie, industrie, agriculture, urbanisme, transports, bâtiments…..

 

Le Haut Conseil pour le climat (HCC), un organisme indépendant, estime dans son rapport annuel publié en juillet 2020   que « les actions climatiques de la France ne sont pas à la hauteur des enjeux ni des objectifs qu’elle s’est donnés  ».*

 

 Nous traiterons du sujet dans un article ultérieur. Le projet de loi portant sur la lutte contre le dérèglement climatique issu des travaux de la Convention citoyenne pour le climat doit passer en Conseil des ministres le 10 février pour discussion à l’Assemblée nationale fin mars.

 

                                                    J.Thévenot

* cf notre article LVNAC https://ecologie58.blog4ever.com/cop-25-encore-un-sommet-pour-rien-1

*  cf notre article DECAVIPEC https://ecologie58.blog4ever.com/climat-le-gouvernement-mis-en-demeure-de-se-justifier

 

 

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19/01/2021
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