La taxe kilométrique poids lourds.
Taxe kilométrique poids lourds dite « ecotaxe » stop à l'enfumage !
On peut se demander ce que le grand public embué par les reportages racoleurs sur les » bonnets rouges » et leur œuvres et en l'absence de toute information gouvernementale sur le sujet aura pu comprendre à l'écotaxe (son pourquoi et son comment…) déclarée une fois son massacre perpétré être une bonne mesure ….
Issue du Grenelle de l'environnement , inscrite dans la loi de finance de 2009, elle devait entrée en vigueur en 2011, elle sera repoussée à l'été 2012, puis à juillet 2013, puis à octobre, puis au ler janvier 2014 avant d'être suspendue sine die ou selon les propos gouvernementaux des plus confus jusqu'à « la remise à plat globale de la fiscalité » ou jusqu'à la remise des conclusions de la mission parlementaire sur l'écotaxe annoncée le 12 novembre….
Elle a fait long feu après la manifestation œcuménique bretonne rassemblant paysans, hypermarchés, patrons de l'agroalimentaire, voire des anti-mariage pour tous…, la destruction de portiques de contrôle et le portail de la préfecture de Morlaix ….
Classée dans le désormais classique « ras le bol fiscal » la taxe poids lourds est arrivée à point nommé pour servir de bouc émissaire à une Bretagne en crise qui paie chèrement les choix suicidaires d'un secteur agroalimentaire qui a pu jusqu'à ce jour, grâce aux subventions de l'Europe, tenir tête aux brésiliens et exporter ses poulets congelés vers le Golfe. L'Europe cet été a mis fin à ce système dit de « restitution ». Ceux qui se sont bien enrichis (Doux et Cie…) mettent la clef sous la porte. La fin de ce modèle breton productiviste et assisté va laisser une situation catastrophique pour des milliers de personnes. L'écotaxe dont la Bretagne à ce jour n'a pas payé un centime n'est donc en rien responsable de sa situation économique.A quoi doit servir cette taxe
►Elle est destinée à financer des infrastructures de transport alternatif (ferroviaire et fluvial) et l'entretien du réseau routier
C'est une taxe kilométrique (12 à 13 centimes) sur les véhicules de transport routier de marchandises de plus de 3,5 tonnes qui utilisent (aujourd'hui gratuitement) le réseau national routier hors autoroutes. Elles concernent donc aussi les transporteurs étrangers, leur contribution dans le total de la recette (1Milliard/an) est estimée à 30%. Elle doit s'appliquer sur 10000km de routes nationales et environ 5000 km (soit 0,5%) du réseau local géré par les collectivités susceptible de subir un report de trafic. Cette taxe est la première étape de la mise en oeuvre d'une politique des transports de marchandises plus respectueuse de l'environnement qui doit nous conduire à l'horizon 2020 à reporter environ 20% du transport routier des marchandises sur des modes alternatifs ferroviaire et fluvial moins impactants. Son but est d'augmenter le coût du transport routier pour orienter les chargeurs vers le fluvial ou le rail.
► C'est une taxe favorable à une économie de proximité : le transport routier ne cesse d'augmenter et sur des distances de plus en plus longues car le prix de la prestation est nettement sous estimé en raison de la non prise en compte des nombreux impacts qu'il génère : pollution atmosphérique, bruit, accidents effet de serre, atteintes aux paysages, perte de biodiversité due à la fragmentation de l'espace, coût d'infrastructures non couverts…
.L'écotaxe touche en priorité le transports longue distance puisqu'elle est liée aux kilomètres parcourus et au poids du véhicule. Elle rend donc plus compétitif les produits de proximité très intéressants par ailleurs au regard de la problématique réchauffement climatique liés aux émissions de CO2 (le transport de marchandises représente23% des émissions du secteur routier qui lui-même représente environ 80% des émissions du secteur transport !).
► Qui impactera peu les prix à la consommation puisque l'effet sur le coût de transport d'une tonne représente une hausse de 2,8% soit au niveau des prix à la consommation +0,1 à 0,3%. S'agissant des primeurs par exemple cela correspondrait à +0,5 centimes au kilo sur un transport Bretagne/ région parisienne.
► Elle permettra de rééquilibrer la concurrence au sein de l'EuropeSur les 800000 poids lourds qui sillonnent chaque année gratuitement nos grandes routes nationales empruntées par les camions qui veulent éviter les péages, 200000 sont étrangers.
Sa suspension constitue sans aucun doute une invite pour les poids lourds européens assurés de pouvoir continuer à traverser la France, à défoncer ses routes et à polluer à tout va sans que ça ne leur coûte rien.
► Elle permettra une réduction de certains transports
La mise en place de la taxe poids lourds dans les pays tels que l'Allemagne (en 2005), l'Autriche (en 2004), la Suisse (en 2001) s'est traduite par une diminution de la distance moyenne parcourue par tonne de marchandise (raccourcissement de la chaîne de distribution)
Les transporteurs sont conduits à rationaliser leurs tournées de manière à éviter notamment les retours à vide. Elle a conduit en suisse au renouvellement du parc pour des véhicules moins polluants .
Un report sine die consternant
► il ne règle en rien les problèmes de la Bretagne qui bénéficient déjà d'autoroutes gratuites et qui a obtenu une réduction de 50% de la taxe en raison de son éloignement de l'espace européen , comme l'Aquitaine et Midi Pyrénées.
► il retarde le rééquilibrage entre les différents modes de transports de marchandises ; 85% du transport intérieur français se fait par la route du fait d'un prix sous estimé, contre 2% pour le fluvial et 8% pour le fer.
Les transporteurs, ces pollueurs non payeurs, n'en finissent pas de réclamer et d'obtenir de nombreuses exonérations qui ont anticipé l'arrivée de la taxe, réduction de la taxe à l'essieu, dégrèvement de taxes sur le gazoil, généralisation des 44 tonnes…. Ces cadeaux fiscaux représentent un coût important (800 millions/an ) payés par le contribuable avant même que la taxe soit en place !. La non mise en œuvre de l'écotaxe représenterait un manque à gagner de 500 millions/an et un dédit à payer au prestataire (ECOMOUV) de 800 millions soit près de 3 milliard en 2014 !
► Sans le produit de l'écotaxe, la France n'est pas en mesure ni de moderniser ses infrastructures de transport, routières, ferroviaires, fluviales et portuaires alors qu'il y a urgence ni de financer une politique de transports intermodale qui prenne en compte les enjeux environnementaux notamment la réduction d'ici 2020 de 20% des émissions de GES de ce secteur.
► Les dégradations du réseau routier par les poids lourds resteront à la charge des collectivités territoriales alors que leurs finances sont dans le rouge, donc au final à la charge du contribuable, l'éternel pollué-payeur, qui verra augmenter les impôts locaux.
Le cafouillage sans fin de l'écotaxe démontre une fois de plus l'incapacité de nos gouvernants à anticiper . L'Allemagne a mis en œuvre sa taxe poids lourds progressivement et par expérimentation durant un an et demi. Le même processus était prévu en France sur l'axe Nord Sud de la région alsacienne pour les plus de 12 tonnes. Il n'a jamais été mis en place.
Cette nouvelle reculade du gouvernement montre s'il en était encore besoin des difficultés que va avoir la France à s'engager résolument dans une transition écologique qui nécessite des investissements et par là même la mise en place d'une fiscalité écologique efficace. Cette écotaxe en était l'une des premières étapes ; elle avait été adoptée sans difficulté par les parlementaires, et voilà que le gouvernement propose un « dialogue » sur le sujet avec notamment des organismes qui entendent exiger son abandon définitif ….
J. Thevenot
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