Nature et Environnement en Nièvre

Nature et Environnement en Nièvre

LVNAC - Nièvre : qualité des eaux superficielles (2)


Nièvre : qualité des eaux superficielles :

le réseau départemental (2)


Résultats des analyses


La fréquence des prélèvements doit permettre une bonne évaluation des différentes pollutions tant au moment de l'étiage où la rivière perd sa capacité d'auto-épuration, qu'au moment des hautes eaux où la dilution de la pollution est maximale d'où le choix des prélèvements en mai, juin juillet, septembre et décembre.

Par ailleurs la qualité par altération est déterminée par le prélèvement le plus déclassant constaté dans au moins 10% des prélèvements de manière à éviter de prendre en compte des situations exceptionnelles.

Enfin on comprendra tout l'intérêt d'un suivi des cours d'eau pendant plusieurs années, condition nécessaire pour gommer au moins en partie les variations annuelles liées au climat et à l'hydrologie( cf année 2003 sécheresse et 2008 bien arrosée...)

Notre analyse des résultats portera essentiellement sur 2007 et 2008 (mise en place des nouveaux points de suivi) en prenant en compte les données antérieures quand elles existent.


Le Mazou

Il est suivi depuis 2004 – les résultats confirment année après année les mêmes dégradations. Nitrates-qui le classent en qualité médiocre(2004) à passable (2005,2006,2008) Pollution organique : qualité bonne en 2004 , passable (2006-2008), médiocre (2005-2007) Matières en suspension : de qualité bonne (2007), passable (2004-2006), médiocre en 2008 (très liées au lessivage de sols suite à des pluies importantes).

Le Mazou (affluent rive droite de la Loire) draine un petit bassin de 210km2, en bordure ouest de la Nièvre, partagé entre forêts et terres agricoles où se développe une agriculture intensive à l'origine de sa pollution par les nitrates. Cela lui vaut d'être classé en zone vulnérable c'est à dire de bénéficier d' un arrêté préfectoral qui vise à lutter... contre cette pollution. Le dernier en date s'applique depuis le ler juillet. Reste à savoir s'il sera plus efficace que les 3 précédents (depuis 1997...) pour lutter contre ce fléau agricole qui dégrade nos cours d'eau.



l'Asvins : est suivi depuis 2006. Le facteur déclassant constant sur les 3 années de suivi (2006, 2007, 2008) sont les nitrates : qualité médiocre; les matières organiques et oxydables le déclassent également : qualité moyenne. Par ailleurs c'est un cours d'eau réactif aux phénomènes pluviométriques, d'où à certaines périodes des problèmes de turbidité.

    L'Asvins , 14 km draine un bassin versant de 42km2 affluent du Mazou (donc en zone vulnérable) et souffre comme lui des effets de l'agriculture intensive : les quantités de nitrates en 2008 ont atteint 25,4mg/l (le milieu souffre à partir de 10mg/l), en 2007 elles sont montées jusqu'à 34,3mg/l.

     

La Nièvre d'Arzembouy à Prémery : la rivière apparaît dégradée par des pollutions organiques entraînant une diminution du taux d'oxygène (qualité médiocre depuis 2002 (sauf en 2006)), au niveau des matières phosphorées (qualité médiocre depuis 2007), nitrates (qualité moyenne constante), et un déclassement en 2008 au niveau des particules en suspension. La qualité globale est moyenne et s'oriente vers une dégradation due vraisemblablement aux rejets industriels, domestiques (assainissements défectueux, agricoles excessifs) !

La Nièvre d'Arzembouy, 29km, affluent de la Nièvre de Champlemy draine un bassin 248km2 occupé à 48% par la forêt 28% de prairie et 20% de terres labourables.

Rappelons qu'actuellement le Conseil Général pilote un projet de gestion intégrée de la Nièvre, qui, nous l'espérons va aboutir, pour qu'enfin on se préoccupe de l'état de la rivière qui a donné son nom à notre département.


Le Riot à Fourchambault: la vie aquatique est problématique dans ce cours d'eau qui connaît des pollutions organiques récurrentes (qualité médiocre en 2007, mauvaise en 2008).

Un apport excédentaire de matières phosphorées qui le classe en qualité médiocre et des matières azotées, nitrates et particules en suspension qui le classe en qualité moyenne ! A l'origine d'une partie de ces pollutions une station d'épuration défectueuse (zone industrielle de Varennes-Vauzelles et l'agriculture).


Le ru du Pont des Pelles à Mars-sur-Allier : subit une altération constante de la qualité de ses eaux sur plusieurs paramètres : matières organiques et oxydables (qualité médiocre en 2007, mauvaise en 2008), pollution par les nitrates (+ de 30mg/l) et les matières azotées (qualité médiocre), par les matières phosphorées (qualité moyenne).

Le ru du Pont des Pelles, affluent rive droite de l'Allier, 14 km draine un bassin de 152km2 occupé par l'agriculture intensive (42%), prairies 42% et forêts 6%. A l'impact des céréaliers, s'ajoutent les manifestations du circuit de Magny-court qui peuvent avoir des effets néfastes sur le cours d'eau (fonctionnement de la lagune de Magny-Cours).


L'Acolin à St Germain Chassenay:de 2002 à 2006 un suivi était réalisé par l'Agence de l'eau Loire-Bretagne, avec les résultats 2007, 2008 on note une aggravation de la pollution par les matières organiques (passe en classe médiocre), une pollution constante par les nitrates (qualité moyenne sur les 8 années), une pollution phosphorée en 2008. A ces pollutions d'origine agricole et domestique s'ajoutent des problèmes de turbidité et de température.

L'Acolin, affluent rive gauche de la Loire, 26km (en nièvre) draine un bassin versant de 205km2 occupé à 52% par l'agriculture, 32% de prairies ,15% de forêt. Il est situé en zone vulnérable.


La Meule à Sougy : les résultats des analyses sont identiques en 2007 et 2008 : mauvaise qualité pour les particules en suspension liée aux fortes précipitations; une pollution par les matières organiques d'où des teneurs insuffisantes en oxygène dissous pour la vie aquatique ( qualité médiocre), par les matières azotées et les matières phosphorées conduisent le cours d'eau à une qualité moyenne.

La Meule (ou ruisseau de Rosière) affluent rive droite de la Loire, 14km, draine un bassin de 72km2 occupé par la forêt (43%), des prairies(33%) et des terres labourables(18%). La source soupçonnée de la pollution organique : réseaux d'assainissement de la Machine qui débordent et assainissements individuels défectueux.


le ruisseau de Chevannes à Montaron : classé de mauvaise qualité pour les altérations matières organiques et oxydables (MOOX) alors qu'elle était bonne pour la période 1994-1996. Dégradation pour les particules en suspension par rapport à 2007. On note des teneurs élevées en matières phosphorées à certaines périodes (la station d'épuration de Saint-Honoré-les-Bains qui a connu des problèmes de fonctionnement peut en être à l'origine et avoir joué sur certains paramètres).

Le ru de Chevannes, affluent rive gauche de l'Aron, 23 km draine un bassin versant de 275 km2 occupé par des prairies (53%),le forêt(35%), terres labourables (11%).


l'Aron à Vandenesse : est dégradé (données 2008) par les matières organiques (qualité mauvaise), nitrates et phospore (qualité moyenne) et les matières en suspension (qualité mauvaise). Par rapport aux données précédentes partant de 2002, on note à partir de 2005 une nette perte de qualité de ce cours d'eau due pour une large part à l'activité agricole; les intrants épandus en excès, se retrouvent dans l'eau par voie de ruissellement lors des épisodes pluvieux, face auxquels l'Aron présente une forte réactivité (fluctuations saisonnières des débits très marquées).

L'Aron, affluent rive droite de la Loire, 81 km appartient au domaine public de Cercy à Decize (29km); Il draine un bassin versant de 1700km2 occupé par les prairies (53%),la forêt (35%) et les terres labourables 11%. Il longe le canal du Nivernais sur pratiquement tout son parcours.


Conclusion générale (en se référant à 2007-2008) : en ayant à l'esprit qu'une évaluation ponctuelle ne peut pas refléter la qualité globale d'un tronçon de cours d'eau ou d'un cours d'eau. Mais ce type de suivi régulier qui informe sur l'évolution de la dégradation de la qualité de l'eau en un point du cours d'eau peut constituer une alerte salutaire pour être attentif à ce qui se passe sur la totalité de son parcours (les mêmes causes entraînant le plus souvent ... les mêmes effets...).


La dégradation par les matières organiques et oxydables (Moox) : matières d'origine biologique qui en excès consomment l'oxygène de l'eau et colmatent le fond de la rivière. D'où une perturbation du fonctionnement des écosystèmes aquatiques et une réduction de la richesse faunistique.

Elle est générale sur toutes les stations. Qualité médiocre pour 7 d'entre elles et moyenne pour le Mazou et l'Asvins

La dégradation par les nitrates : elle touche tous les cours d'eau de façon constante à l'exception du ru de Chevannes et du ru de Rosières (la Meule). Et avec des concentrations élevées, qui révèlent l'inefficacité des programmes de lutte contre cette pollution mis en place depuis plus de dix ans, alors que les nitrates sont le facteur déclassant essentiel au regard des objectifs de l'atteinte du bon état des eaux pour 2015.

la dégradation par les particules en suspension : elles est liée aux épisodes pluvieux. Y échappent, le Mazou, l'Asvins et le ru du Pont des Pelles. L'accumulation de sédiments dans nos rivières est liée au ruissellement de l'eau qui n'est plus freiné en raison de la destruction, par l'agriculture intensive, de la végétation des berges et plus en amont du bocage, des talus etc...

la dégradation par les matières phosphorées : rejets domestiques (assainissements), engrais chimiques, touche à l'exception du Mazou et de l'Asvins toutes les stations (qualité médiocre et passable). Elle est liée aux épisodes pluvieux.




Le Riot, le ru du Pont des Pelles et la Meule : présentent les pollutions les plus nombreuses.

Le Mazou et l'Asvin :présente une eau de qualité assez satisfaisante sauf pour les Nitrates et les Moox.

La Nièvre, l'Acolin et l'Aron : sont plus contrastés; leur qualité va de bonne à médiocre selon les altérations, en raison notamment des précipitations; le suivi sera donc important pour confirmer ou infirmer ces données.

Le ru de Chevannes : présentait en 2007 la meilleure qualité de l'eau. En 2008 (année pluvieuse) il est passé au rouge (mauvaise) pour les Moox, et les matières en suspension et en qualité moyenne pour les matières phosphorées, données qui devront donc être confirmées.


Une association comme LVNAC attend que les données recueillies sur nos rivières débouchent sur des actions concrètes de reconquête de la qualité de leurs eaux. Les résultats ne font que confirmer ce que l'on sait déjà : les deux principales causes de dégradation de nos rivières sont des stations d'épuration et des installations individuelles d'assainissement défectueuses et des méthodes agricoles qui pratiquent une surfertilisation, peu respectueuse de nos rivières (et ce suivi ne prend pas en compte les pesticides...).


je vous invite à une visite sur le site, attrayant, du Conseil Général www.cg58.fr qui fait un effort important d'information dans le domaine de l'eau vous y trouverez l'intégralité des documents sur lesquels s'appuie cet article.

J. Thévenot


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17/07/2009
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