LVNAC- Le bassin versant, territoire des hommes (2)
Le bassin versant : territoire des hommes (2)
Historiquement le cours d'eau, petit ruisseau ou grand fleuve a été un élément déterminant dans l'implantation des communautés humaines. L'homme est donc très présent sur un grand nombre de bassins versants. Son mode d'occupation du sol et ses multiples activités ont souvent des impacts sur le fonctionnement naturel du bassin versant , sur la quantité et la qualité de l'eau. L'homme est don
Les atteintes physiques:
Chacun d'entre nous, sur le long terme, est témoin des bouleversements qu'entraînent les activités humaines sur nos paysages familiers, en tête desquelles l'urbanisation et dans notre département rural, le développement de l'agriculture intensive et ses remembrements en vue de supprimer le morcellement des parcelles, à base de destruction de haies, de fossés, et de bosquets, sans parler de l'irrigation et du drainage.
La conversion de terres vierges en résidences, zones commerciales ou industrielles a un impact direct sur les ressources en eau tant de surface que souterraines.
Au fur et à mesure que le bassin est aménagé, sa végétation (haies, prairies) , ses talus, ses boisements, ses zones humides qui absorbent l'eau sont remplacés par des zones imperméables (rues, routes, toits, parcs de stationnement...). Lors de précipitations brutales (orage..) le débit d'eau de ruissellement augmente, faute de pouvoir s'infiltrer un gros volume d'eau parvient , dans un court laps de temps à la rivière et conduit à des inondations.
L'eau n'étant plus retenue par les barrières naturelles, talus, haies, zones tampons (mares, marais, tourbières...) elle érode les sols et à plus ou moins long terme toutes les particules arrachées arrivent dans les rivières et les transforment en torrent de boue. Pour peu que la rivière ait été recalibrée (suppression de ses méandres) et son lit surcreusé, la vitesse du courant va être accéléré et saper le lit du cours d'eau et ses berges d'autant plus qu'elles auront été dévégétalisées. Tous ces phénomènes ont des conséquences sur les habitats de la rivière et la qualité de son eau donc sur les organismes aquatiques.
La diminution de l'eau qui s'infiltre dans le sol peut abaisser le niveau de l'eau souterraine et diminuer le volume de l'eau dans les rivières en période d'étiage voir un asséchement des petits cours d'eau qui font office de trop plein.
L'utilisation du drainage par les agriculteurs pour diminuer l'humidité des terres (cultivées ou en prairies), entraine l'asséchement de zones humides qui ont un rôle capital lors des périodes d'excès d'eau (stockage) ou manque d'eau ( restitution en période d'étiage).
Enfin il faut rajouter la surexploitation des ressources qui entraîne une dégradation des milieux. C'est en été quand les rivières et les nappes phréatiques sont en basses eaux que les consommations d'eau sont les plus importantes: eau potable où s'ajoutent aux usages domestiques courants, l'arrosage des jardins, le remplissage des piscines.., l'eau prélevée dans les milieux pour l'irrigation (je renvoie à notre article sur les arrêtés sècheresse dont le but est de concilier les conflits d' usages …). Les loisirs eux-mêmes peuvent avoir des impacts: le développement du tourisme fluvial par exemple conduit en période d'étiage à garantir un niveau d'eau dans les canaux; cette eau est prélevée dans les rivières. Tous ces prélèvements fragilisent les équilibres naturels , le fonctionnement biologique de la rivière et concentre la pollution.
L'état de la rivière est intimement lié à celui de son bassin versant et toute activité qui modifie la perméabilité, la couverture végétale, la quantité, la qualité ou le débit de l'eau a un endroit quelconque du bassin versant, donc même loin du cours d'eau, peut avoir sur lui des conséquences néfastes importantes.
Les atteintes chimiques:
Nous ne reviendrons pas sur les pollutions chimiques d'origine agricoles, nitrates, phosphore (déjections animales) et pesticides, déjà traitées dans d'autres articles. L'érosion et le ruissellement favorisés par la disparition des couverts végétaux, et des zones humides, les produits phytosanitaires et engrais utilisés en excès ou de façon inappropriée autant de facteurs qui conduisent à une pollution généralisée des eaux en France ( de surface comme souterraines). Notre département n'est pas épargné par ce fléau.!
Les industries et entreprises sont source de pollution à travers des rejets directs dans les cours d'eau, après traitement certes mais qui peut ne pas être de qualité suffisante, les normes réglementaires étant le minimum en matière de protection des milieux aquatiques.
Les métaux lourds (cuivre, zinc...) se concentrent dans les sédiments des rivières et dans la chaîne alimentaire avec un effet d'accumulation. Rappelons pour mémoire la pollution du Rhône et des poissons par les PCB, qui sont interdites depuis plus de vingt ans.
Bien d'autres rivières, étangs..; sont pollués par les PCB ce qui a conduit à la mise en oeuvre d'un plan national en 2008 (cf les sites: http://pollutions.eaufrance.fr/pcb
www.developpement-durable.gouv;fr/Etat-des-lieux,15646
Ajoutons la température de ces rejets qui peut ne pas correspondre à la température naturelle de l'eau, voir les centrales nucléaires...
Citons en vrac et la liste n'est pas exhaustive, les centres de stockage de déchets, prétendument sans fuites, les entreprises autoroutières, la SNCF, les club de golf, les administrations en charge des routes qui désherbent à tout va avec des produits chimiques qui se retrouvent dans les rivières . Une prise de conscience est en marche en ce domaine, au niveau des communes nivernaises et de son conseil général, il est impératif qu'elle s'étende aux particuliers qui ont leur part de responsabilité dans cette pollution, à travers leur façon de jardiner et leurs eaux usées. Car faut-il le rappeler nos eaux usées, après leur passage dans les égouts sont traitées dans une station d'épuration et ensuite rejetées dans le milieu naturel, soit dans plus de 99% des cas directement dans un cours d'eau, puisque hélas dans la Nièvre le lagunage est très peu développé. Autant dire que l'eau rejetée est souvent d'une moindre qualité que celle prélevée en amont de la chaîne, nos petites stations rurales n'assumant qu'un traitement minimum, qui ne prend pas en compte tous les poisons qui peuvent transiter dans nos éviers...
Sont également des sources de pollutions des eaux les routes chargées de plomb et d'hydrocarbures des véhicules qui ruissellent avec la pluie jusqu'aux milieux naturels.
A la lumière de ce bref aperçu sur le bassin versant il ressort clairement que la préservation de la qualité des eaux comme son amélioration dans le cas de dégradation ne peut résulter que d'actions globales à l'échelle des bassins versants, ce que nous nous proposons de voir dans un prochain article.
J. Thévenot
ruissellement , érosion du sol
berge érodée suite à sa dévégétalisation
A découvrir aussi
- LVNAC-La loi Grenelle II vidée de sa substance....
- LVNAC-Les irrigants veulent de l'eau à tout prix
- CONFÉRENCE CLIMATIQUE DE VARSOVIE
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 108 autres membres