LVNAC-l'accès à l'eau: les défis à relever
L'accès à l'eau : les défis à relever
La semaine mondiale de l'eau qui a réuni à Stockholm 30 pays et près de 2500 experts du 5 au 11 septembre avait inscrit à son ordre du jour une fois de plus le problème récurrent de la pollution croissante des ressources en eau qui accentuent celui de la pénurie que subissent certaines régions du monde.
La FAO (organisation des NU pour l'alimentation et l'agriculture) prévoit que dans une quinzaine d'années 1,8 milliards de personnes pourraient en souffrir.
Pour le PNUE (programme des NU pour l'environnement) faute d'agir 135 millions de décès évitables pourraient survenir dans les dix années à venir dans les pays en voie de développement en raison de l'expansion démographique et des rejets industriels déversés sans traitement directement dans les eaux (70%). Outre la santé, cette pollution affecte gravement les écosystèmes aquatiques et terrestres et les espèces qui les habitent.
Partant du constat que dans ces pays les ressources en eau propre s'amenuisent alors que les quantités d'eaux usées urbaines augmentent la FAO préconise de les réutiliser, après traitement, en agriculture ce qui permettrait d'atténuer les pénuries en eau propre et de limiter la pollution liée aux effluents urbains.
Cette pratique est déjà en cours dans la majorité des pays du sud (Asie, Chine, Inde, Vietnam, Afrique subsaharienne…) pour l'irrigation des champs et jardins urbains ou périurbains. Elle est souvent cachée et utilise des eaux non traitées avec des risques pour la santé qu'encourent les agriculteurs et les consommateurs pour les produits qui se mangent crus mais aussi l'environnement (sol, nappes souterraines) en raison du traitement d'effluents industriels dans celui des eaux urbaines.
Mais par ailleurs Le plus souvent ces eaux sont les seules ressources disponibles pour l'irrigation, et des études montrent que l'utilisation des eaux usées dans l'agriculture contribue aux moyens de subsistance des paysans et à la sécurité alimentaire (récoltes multipliées et plus abondantes en raison des engrais naturels qu'elles contiennent).
C'est donc un enjeu important avec une demande alimentaire qui va croissant pour une population urbaine en constante augmentation ainsi que ces flux d'eaux usées qui imposent de trouver des solutions nouvelles pour les recycler dans de bonnes conditions sanitaires.
Dès 1989 l'OMS (organisation mondiale de la santé) émettait des prescriptions sur cette pratique pour répondre aux problèmes de pénurie d'eau douce. Pour les pays du Sud la réduction des risques sanitaires ne peut pas suivre le modèle des pays occidentaux trop coûteux, des méthodes plus simples doivent être mises en place ( traitement primaire de seaux usées par stockage, irrigation parcimonieuse, lavage des produits…).
Ces sujets seront à nouveau débattus lors du 6ème forum mondial de l'eau qui se tiendra à Marseille en 2012. Ils seront abordés dans le nouveau contexte que représente la reconnaissance de l'accès à l'eau potable et à l'assainissement comme un droit humain à part entière (voir notre article précédent) et qu'il s'agit de mettre en œuvre.
J'ajouterai que cette question de l'utilisation des eaux usées se pose au-delà des pays en voie de développement en raison de la demande tout au long de l'année des pays industrialisés en fruits et légumes et du développement du tourisme dans les pays du Sud….
Cette pratique est mise en place dans une cinquantaine de pays (Espagne, Mexique.. .) avec des eaux « régénérées ».
En France elle vient d'être autorisée pour l'irrigation de cultures et d'espaces verts par un arrêté du 2 août (JO n°0201 du 31/8/2010) après des années d'atermoiements en raison des scandales sanitaires qu'a connus notre pays (sang contaminé, vache folle..) et des risques sanitaires possibles.
Au passage je rappellerai que les agriculteurs épandent dans les champs les boues des stations d'épuration qui ne sont pas débarrassées des métaux lourds.
L'arrêté pose des règles strictes au niveau de la qualité sanitaire des eaux traitées et des contraintes d'usage.
Exercée dans notre pays, à titre expérimental jusqu'à ce jour, la réutilisation des eaux usées pourrait s'avérer intéressante dans les zones où le manque d'eau à usage domestique et agricole est chronique. Ce qui permettrait une diminution des prélèvements souterrains et en rivière au moment des étiages (îles, pourtour méditerranéen, Nord, Atlantique..)
J. Thévenot
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