Nature et Environnement en Nièvre

Nature et Environnement en Nièvre

CNAD- quel avenir pour l'agriculture française?

Quel avenir pour l'agriculture française ?

 

Comme tous les ans, le salon de l'agriculture vient nous rappeler que la France est un pays agricole.  Mais cette vitrine ne saurait masquer que l'agriculture est dans l'impasse et qu'il y a urgence à la repenser entièrement.  Le bilan aujourd'hui est sans appel: effondrement  des revenus, sur-endettement, maladies liées à l'usage des produits chimiques, mal être, suicides  et une crise de confiance sans précédent de la part des consommateurs de mieux en mieux informés** et de plus en plus  exigeants sur la qualité gustative et sanitaire des aliments. Entre la dioxine dans les poulets, la vache folle dans le steak, les pesticides dans les fruits et légumes et les hormones dans le lait leur méfiance peut se comprendre. On est loin de l'image des produits agricoles liés à la tradition, à l'art de vivre, au savoir faire et à la qualité.  Et l'on peut compléter ce tableau  avec  des paysages défigurés et la pollution  des eaux ( nitrates, phosphates), de l'air (ammoniac, méthane, ) et des sols.

Si  le jugement  général porté  sur l'agriculture  ne fait pas la part de la grande diversité des systèmes de production ( des produits et des terroirs) c'est que le monde agricole reste solidaire dans la perception qu'en ont les citoyens et les consommateurs.

D'aucuns pensent  que plutôt que d'accuser  les agriculteurs il faudrait incriminer le « système » qui les a poussés à spécialiser et à standardiser leur agriculture, système dominé par deux intermédiaires, l'agro-industrie et la grande distribution qui ont imposé des produits standards et  au moindre prix pour le consommateur, conduisant à ce que les revenus des agriculteurs reposent de plus en plus sur des aides et non sur les prix de leurs produits.

Argument qui serait recevable si le monde agricole à travers son syndicat majoritaire, la FNSEA,  n'avait  fait le choix des géants de la chimie, des transnationales de l'agroalimentaire et des mastodontes de la distribution. Il est clair que pour certains de ses représentants  le but est la poursuite de la production maximale, avec diminution des coûts pour tenter d'accroître leur compétitivité et leur place sur les marchés mondiaux, en prévision de la croissance attendue de la demande mondiale. Sans parler de leur obstination à opposer défense du revenu et protection de l'environnement Il n'est pas question de remettre en cause l'agriculture productiviste des décennies d'après-guerre,  qui répondait au besoin d'assurer  à l'Europe une autosuffisance alimentaire. Il s'agirait tout au plus, face  à la pression environnementale, de verdir un peu le système, sans remettre en cause les  orientations passées,  par la mise en oeuvre de techniques  légèrement moins polluantes promues sous des appellations ronflantes qui fleurent bon l'imposture type « agriculture raisonnée respectueuse de l'environnement » ou agriculture HQE de « Haute Qualité Environnementale »…

 

C'est faire peu de cas du débat social très vif  concernant ce modèle productif. Le climat de suspicion  touche  les techniques employées , les aides à l'agriculture (soupçon de gabegie), les surproductions subventionnées (puis détruites?), des frelatages dans l'agro-industrie pour diminuer les coûts etc...Sont dénoncées les conditions de travail  inhumaines des ouvriers agricoles (des clandestins payés une misère) dans la branche des fruits et légumes, pour assurer  à la grande distribution  les marges confortables qu'elle exige. De nombreuses enquêtes  ont montré que la souffrance dans la production industrielle de porcs, de volailles  ne concerne pas que les animaux, elle touche également les travailleurs, souffrance physique et psychique  ( voir souffrir ou faire souffrir les animaux).

Enfin le modèle agricole actuel coûte très cher à la société en matière de dégradation de la qualité de l'eau, qui est supportée par les consommateurs via leur facture d'eau.

Quant à la confiance que le citoyen peut avoir dans le fonctionnement des pouvoirs publics face aux lobbies, on ne donnera qu'un exemple celui de l'insecticide CRUISER  dont les impacts sur les pollinisateurs sont dénoncés depuis des années par les apiculteurs. Année après année le ministre de l'agriculture renouvelle son autorisation pour une durée d'un an, obligeant les associations environnement à  engager chaque année un contentieux. Le Conseil d'Etat vient enfin de sanctionner Bruno  Lemaire en annulant les autorisations  de mise sur le marché de l'insecticide pour les années 2008-2009. On espère que les autorisations pour 2011 le seront également. Rappelons que le CREUSER est interdit dans la plupart des pays européens.

 

 Ce modèle productiviste a fait la démonstration de sa faillite: c'est paraît-il le modèle qui va nourrir le monde (on nous dit aussi qu'il doit nourrir les moteurs à explosion...).  Il n'y a jamais eu autant de gens qui meurent de faim.  Nos exportations de céréales subventionnées à des prix très bas destructurent l'agriculture des pays du sud, les paysans sont contraints à l'exode vers les mégapoles et à la misère. Quant à la surproduction de lait elle conduit à le déshydrater et à l'envoyer en Afrique  où il risque d'être réhydraté avec une eau non potable. Cette poudre de lait détruit aussi la France, c'est un produit dont le prix de négoce très faible sert de base de calcul avec d'autres produits ( fromages, lait.. ) au prix que les industriels payent aux éleveurs.

Et qui plus est  cette agriculture détruit la planète, c'est une catastrophe économique et une catastrophe écologique.

Ce modèle poussé par la FNSEA est à bout de souffle.  Le changement est inéluctable, beaucoup d'agriculteurs qui l'ont déjà compris sont sur des pratiques écologiquement responsables , qui coûtent moins cher à la société sur le plan santé publique (cancers et autres pandémies) et environnemental (dépollution…)

 

 

Les orientations politiques françaises actuelles  ne préparent pas les agriculteurs à ce changement de modèle et ne permettent pas d'espérer des solutions positives à la crise agricole française.  A « l'environnement  ça commence à bien faire » lâché par le président de la république  au salon de l'agriculture 2010, s'ajoute  « il ne faut pas opposer écologie et agriculture » lâché en Alsace dans ses voeux au monde agricole ». C'est sans doute pour cela  que depuis le 17 janvier les procédures de regroupements d'élevage (porcs, volailles, bovins) sont simplifiées  avec suppression de l'étude d'impact  et de l' enquête publique. Heureusement...  le nombre d'animaux après regroupement ne doit pas augmenter de plus de 5% ni dépasser  les seuils européens , 2000 porcs charcutiers, 750 truies, 40000 volailles... un bel avenir pour la Bretagne  déjà asphyxiée  par la surconcentration animale élevée en hors sol (cf . les articles de Loire Vivante sur les algues vertes).

 

Cela étant l'agriculture française s'inscrit  dans l'agriculture européenne influencée par la PAC ( Politique Commune Agricole) mise en place en 1962. La PAC ( que certains jugent de moins en moins politique, de moins en moins agricole et de moins en moins commune...) est à la veille d'une nouvelle réforme pour la période 2013-2020 (Nous traiterons du sujet  et des enjeux pour demain dans un prochain article)

 

 

** nombre documentaires nous ouvrent les yeux: Food Inc (Robert Kenner, 2009), Le monde selon Monsanto (Marie-Dominique Robin, 2007), Tout comptes faits (Agnès Denis,2008), Nos enfants nous accuseront (Jean-Paul Jaud,2008), Notre poison quotidien sur ARTE le 15 mars 20h40 (Marie-Dominique Robin)  etc...

 

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Et comme  en tant que consommateur nous nous exprimons finalement sur  un type de production  et que  nous déterminons des choix économiques, sociaux, environnementaux et sociétaux voici quelques adresses où  trouver des aliments de qualité (produits  le plus souvent localement) et  des contacts humains sympathiques

 

Producteurs :

fruits et légumes « aux quatre saisons de la bio »,  pain : Marché Carnot  tous les matins sauf le lundi

viande bio et charcuterie « Boucherie Bourasseau » de Brinon : Marché Carnot le vendredi et samedi matin        

pain Gauthier : A côté du forum ,Nevers:  le samedi matin

                           Au marché de La Charité  le samedi

 

Les paniers solidaires: légumes, poulets, produits laitiers : ferme de Four de Vaux chez Denis sanchez 60, rue Daniel Bollon Varennes-Vauzelles- ouvert le vendredi de 15 à 19 heures et le samedi matin.

                  Un lieu de distribution à Nevers rue Charles Leroy devant le restaurant inter-administratif AGORA

                  Contact serge Athiel : 0682654204

 

 A Ste Parise le Chatel, Stéphane Gautheron: unique maraîcher bio de la Nièvre, installé depuis 2 ans, fait un système de paniers, 2 points de dépôt (Ste Parise  et Nevers dans la boutique Artisans du monde). Il prévoit la création d'une  AMAPP pour 2012. Tél : 0386688862

 

 

Magasins Nevers: BIOCOOP : 32 rue des grands jardins -0386579126

                                        NATURA : 2 rue Hanoï

 

                        www.corbeille-nature.com  des produits bio, légumes, fruits, épicerie  le site vous donne toute l'information et les coordonnées de Yann LABUCHE.  La commande se fait sur le site  jusqu'au mardi soir pour une livraison le vendredi.

 

A propos du bio en grande surface: face à l'inquiétude grandissante de l'opinion publique devant cette agriculture qui s'industrialise, la grande distribution nous joue le jeu du retour au naturel en présentant des produits bio, en réalité ce n'est pour elle qu'un nouveau marché et elle répond à la demande  par une offre issue de la  bio-industrie  qui se préoccupe peu des enjeux écologiques, humains et sociaux.  Si comme nous le pensons, l'agriculture bio ne se résume pas  au seul respect de cahier  des charges purement technique; si consommer bio   est le moyen  de refuser le système productiviste et  de se prononcer pour une agriculture qui respecte l'homme, l'animal, l'environnement, qui favorise des emplois (directs et indirects)  et n'hypothèque pas le devenir de ceux qui nous suivent  eh! bien la bio des grandes surfaces ne répond en aucune façon à ces exigences, elle est même une menace pour la véritable bio. Enfin petit rappel avec des produits qui font des milliers de kilomètres (2000 au moins pour les carottes…) leur coût environnemental  est faramineux.

Des circuits courts existent dans la Nièvre, pour certains depuis des années, qu'il faut encourager.

                                                        J. Thévenot

                                                                               campagne  de FNE  

   face aux décisions politiques d'encouragement à un système productiviste sans limites!                 Les animaux que nous mangeons sont massivement nourris avec des OGM.  Exigeons que les étiquettes indiquent clairement s'ils sont nourris sans ou avec OGM. 



21/02/2011
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