LVNAC - Eau du robinet et cancer : polémique
Eau du robinet et cancer : polémique
Dans une nouvelle campagne contre le cancer , le psychiatre David Servan Schreiber, associé à WWF, alerte sur les dangers potentiels de l'eau du robinet, bue quotidiennement, pour les malades atteint d'un cancer (ou l'ayant été), en raison de la présence possible de pesticides,nitrates, dérivés du chlore, substances médicamenteuses, plomb... potentiellement cancérigènes. Et de conseiller dans les régions polluées de se munir de filtres ou de boire de l'eau en bouteille.
Les lanceurs d'alerte par ailleurs estiment que si dans les grandes villes l'eau distribuée est généralement conforme en pesticides et nitrates, ce n'est pas le cas dans les petites communes en raison de contrôles moins fréquents. Ces propos ont soulevé une polémique:
Le centre d'information sur l'eau (association créée par les Stés assurant le service de l'eau et l'assainissement) a vivement réagi par la voix de sa directrice Monique Chotard pour qui l'eau étant bonne à 99,5% les problèmes de pollution ne concernent que 1% de la population et non pas tout le territoire.
La DGS (Direction Générale de la Santé) a précisé que pour les pesticides la limite de qualité retenue 0,1microgramme par litre est inférieure au seuil d'observation d'un risque sanitaire. Que l'eau du robinet fait l'objet de contrôles réguliers par les DDASS* et qu'en cas de danger la population est immédiatement informée.
Des associations environnement (FNE, AGIR pour l'environnement...) de leur côté ont réagi sur la consommation de l'eau en bouteille (dans la mesure où elle est très importante dans notre pays et pas toujours justifiée).
- elles rappellent que bien souvent l'eau de source en bouteille provient des même nappes phréatiques que l'eau du robinet et peut donc contenir aussi un certain nombre de polluants.
- autre problèmes on ignore totalement la composition des bouteilles plastiques mises sur le marché (secret industriel..)
- par ailleurs deux études scientifiques soulèvent la question de la migration du plastique dans l'eau, de substances nocives comme l'antimoine (à des concentrations bien plus élevées que dans l'eau du robinet ) et de perturbateurs endocriniens.
- enfin l'incinération des bouteilles plastiques est source de pollution: dioxines et toxines retombent sur le sol et dans l'eau …47% seulement des 6 milliards de bouteilles d'eau vendues en France chaque année sont recyclées. L'industrie de l'eau en bouteille contribue donc à augmenter les émissions de gaz à effet de serre responsables du réchauffement climatique (ajoutons le transport). Donc en voulant se protéger de la pollution de l'eau( si elle n'est pas avérée) on risque de provoquer une pollution et de l'air et du sol toute aussi nocives pour la santé!
On rappellera également des évidences que l'eau du robinet est moins chère que l'eau en bouteille (100 fois ), qu'elle est toujours accessible , que la consommer oblige les collectivités à se soucier de sa qualité à la source ( puisque plus l'eau de la source est polluée plus ça coûte cher pour la rendre potable).
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Ce qui nous incombe c'est faire pression sur les pouvoirs publics pour que l'eau distribuée soit de bonne qualité partout c'est un droit fondamental. Et que ne soit pas distribuée par exemple, comme à plus de 10000 de nos concitoyens nivernais « une eau contaminée mais consommable » comme l'écrit si joliment le JDC du 30 juillet sous la plume de Fanny Delaire, s'agissant des pesticides....sans parler de ceux qui subissent les excès de nitrates. (Nous renvoyons à nos articles précédents sur la qualité de l'eau en Nièvre).
Et plutôt que de se lancer dans toujours plus de traitements il serait temps de se référer au modèle allemand plus intéressant : de la même manière que les sociétés d'eau embouteillées, les villes de Bavière (Munich, Augsburg) ont cherché à protéger la ressource en favorisant les prairies, l'élevage extensif, l'agriculture bio ou en faisant l'acquisition des terrains situées au-dessus des nappes.
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Ce qui nous incombe également c'est d'agir pour améliorer la qualité des eaux de nos rivières et des nappes phréatiques. En tant que consommateur ça passe par une réduction de nos consommations en eau, privilégier les aliments issus d'une agriculture peu consommatrice de produits chimiques, utiliser des produits respectueux de l'environnement (eco-label...), recycler les médicaments en les rapportant chez le pharmacien etc....
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Enfin il nous revient de vérifier les résultats des analyses d'eau auprès de nos mairies et de ne pas se contenter de l'information (obligatoire mais très sommaire) qui est jointe à nos factures ( qui notamment n'indique pas le nombre de contrôles effectués dans l'année) et d'interpeller le maire en cas de non conformité puisque c'est à lui que revient la responsabilité de la qualité de l'eau.
Vous trouverez des informations sur le contrôle des eaux distribuées dans la Nièvre, pour chaque commune sur le site : www.sante-sports.gouv.fr/dossiers/eau-potable
et des informations générales sur l'eau du robinet sur www.santé.gouv.fr rubrique dossiers: eau
* si les contrôles sont réguliers, leur fréquence elle varie selon l'importance du réseau c'est à dire le nombre de personnes desservies et selon les critères de potabilité (qualité microbiologique, chimique , physique et gustative).Selon les réseaux les analyses bactériologiques vont de 2 à 60 par an au robinet et pour les pesticides et nitrates de 1 à 12 analyses. On remarquera donc que cette eau est surveillée surtout bactériologiquement.
J. Thévenot
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