LVNAC- Bodiversité : prendre la mesure de l'urgence
BIODIVERSITE : prendre la mesure de l'urgence.. (1)
L'année 2010 a été déclarée année internationale de la biodiversité par l'Assemblée Générale de l'ONU. L'objectif est de sensibiliser l'opinion aux richesses de la nature , d'encourager les actions menées pour sa sauvegarde et de renforcer la prise de conscience de cet enjeu environnemental majeur de notre siècle face aux multiples menaces qui pèsent sur le vivant.
Grâce aux travaux de l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) nous savons qu'aujourd'hui près de seize mille des espèces connues sont menacées d'extinction contre 24 en 1975, 1000 en 1985… ce qui conduit certains scientifiques à se demander si nos sociétés modernes ne sont pas en train de provoquer la sixième phase d'extinction.
La disparition des espèces est un phénomène naturel , 99% des espèces existantes depuis l'origine de la vie sur terre ont aujourd'hui disparu en raison des cycles naturels, des changements climatiques, des activités volcaniques ou des catastrophes cosmiques comme la collision d'un astéroïde avec la terre (la plus connue il y 65 millions d'années… mit fin à l'ère des grands reptiles tels les dinosaures). Mais il y a une différence essentielle entre les extinctions passées et celles provoquées par l'homme c'est la vitesse de leur déroulement.
Selon certains chercheurs entre 5000 et 10000 espèces peut-être plus disparaissent chaque année de la terre, une espèce rayée de la planète toutes les 20 minutes. Chaque heure, l'équivalent en surface de 7 terrains de football sont déboisés. L'érosion de la biodiversité a été plus rapide au cours des cinquante dernières années qu'à toute autre période de l'Histoire. S'ajoute le réchauffement climatique qui pourrait à lui seul provoquer la disparition de 15 à 37% des espèces animales et végétales d'ici 2050.
L' homme s'est cru au centre de l'univers et s'est persuadé que sa science et ses techniques, lui permettaient de s'affranchir définitivement de la nature, de la dominer et de perfectionner le vivant pour le bien de tous…. L'urgence d'aujourd'hui est qu'enfin il prenne conscience de la solidarité de son destin avec les autres espèces vivantes et de la responsabilité qui lui incombe d'arrêter de les détruire avant qu'un seuil irréversible n'ait été franchi, au-delà duquel c'est l'avenir même de l'humanité qui serait en danger.
La notion de biodiversité :
Ce terme de biodiversité qui signifie la diversité du vivant qu'il soit naturel (biodiversité sauvage) ou généré par l'homme (biodiversité domestique) est apparu sur la scène publique en 1992 suite au sommet « planète terre » de Rio de Janeiro sur le développement durable. Devenu commun et très médiatisé chacun associe à ce mot des idées comme nature (défigurée par l'homme…), écologie, pollutions, disparition des espèces (abeilles, forêts, pandas…) sans être vraiment en mesure d'en donner une définition.
Scientifiquement la biodiversité définie par la convention sur la diversité biologique signée à Rio s'énonce à trois niveaux intimement reliés :
- la diversité des espèces plantes, animaux, champignons, micro-organismes. C'est l'élément central de la biodiversité, et d'ailleurs pour le grand public c'est le plus souvent le seul. Notre planète possède une richesse animale et végétale extraordinaire. Aujourd'hui 1,7 millions d'espèces ont été décrites, ce qui ne représenterait que10% d'entre elles (les fonds marins notamment n'ont quasiment pas été observés). Arrivent en tête les insectes (750000 espèces déjà découvertes ) suivis par les plantes., les mammifères (4000 espèces) arrivent en dernière position. Sur un territoire donné cette diversité est mesurée en dénombrant le nombre d'espèces différentes qui y vivent.
- la diversité génétique qui permet des variations entre individus d'une même espèce. L'appauvrissement génétique d'une espèce l'empêche de s'adapter à un changement de son environnement ou de faire face à de nouveaux agresseurs.
Alors que l'humanité a utilisé près de 8000 plantes nourricières, aujourd'hui moins de 200 espèces sont cultivées. Quatre cultures (blé, riz ; maïs, pomme de terre) et 3 espèces animales assurent plus de la moitié des calories et des protéines dont le monde a besoin. C'est donc un système extrêmement fragile qui repose sur des variétés à la base génétique étroite et à la merci de changements climatiques ou de développement de pathologies foudroyantes.
- la diversité des écosystèmes, notion qui recouvre les milieux physiques ou habitats ( le biotope), forêt tropicale ou tempérée, désert, prairie, zones humide, rivière… et l'ensemble des êtres vivants qui s'y développent (la biocénose). Dans chaque écosystème les êtres vivants forment un tout, interagissent les uns avec les autres en établissant des relations de cohabitation, de compétition, de prédation ou de parasitisme .Pour croître ces espèces ont besoin des milieux extérieurs , air, eau, sol qui leur fournissent l'énergie et les aliments dont elles ont besoin.
La conservation de la biodiversité implique que soit pris en compte chacun de ces trois aspects mais on comprend bien que la meilleure façon de protéger les espèces et la diversité génétique au sein de celles-ci c'est de protéger les écosystèmes. La cause directe la plus importante du déclin de la diversité des espèces est l'altération, la destruction et la fragmentation des habitats qui perturbent leur circulation.
Les écosystèmes jouent un rôle essentiel dans la fertilité des sols ( grâce à a diversité microbienne), la régulation des eaux contre les inondations, l'épuration des pollutions (zones humides, bocages), la pollinisation des plantes, le recyclage des éléments qui permettent la vie…….
Mais la biodiversité ce n'est pas seulement la protection de la nature. C'est aussi un ensemble de ressources utilisées par l'homme essentielles pour sa vie : ressources alimentaires, matières premières (bois, cuir, textile, algues.. ), pharmacopée (antibiotique issue d'humble moisissures..)….
Elle a également une dimension sociale, culturelle et identitaire : diversité des paysages (en grande partie façonnés par l'homme), espèces emblématiques sur tel ou tel territoire : flamants rose en Camargue, bouquetin des Alpes, ours des Pyrénées ( qu'on tente de réintroduire…), En Loire Allier, flore spécifique (épervière de Loire, canche, Fétuque…), castor, sternes, saumon.
Sans oublier combien cette nature si diverse suscite de sentiments esthétiques, stimule notre curiosité, nourrit la spiritualité de beaucoup d'êtres humains et fait partie de notre imaginaire ( contes, films, fables…).
Le monde vivant s'est construit pendant des milliards d'années en s'adaptant aux modifications de son environnement, en se diversifiant. Cette diversité qui nous a construit tels que nous sommes, à travers des millénaires d'évolution est mise à mal par l'ampleur et le rythme de la pression des activités humaines qui diminue et l'espace et le temps nécessaires pour qu'apparaissent de nouvelles espèces Et s'il existe des désaccords sur l'ampleur de l'érosion de la biodiversité il y a en revanche consensus sur la grande part de responsabilité de l'homme dans ce phénomène.
J.Thévenot
écosystème aquatique: eau courante
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