Nature et Environnement en Nièvre

Nature et Environnement en Nièvre

LVNAC-Biodiversité : prendre conscience de l'urgence

 

BIODIVERSITE: prendre conscience de l'urgence (3)


Comment agir pour sauvegarder la biodiversité ?


Le problème est d'une grande complexité , car aux causes factuelles de l'érosion de la biodiversité mentionnées plus haut (surexploitation, destruction des habitats, introduction d'espèces, pollutions ) s'ajoutent des facteurs indirects .

La pression démographique qui conduit à empiéter de plus en plus sur des espaces laissés auparavant à l'état naturel pour loger et nourrir cette population grandissante qui engendre par ailleurs une forte augmentation des pollutions

nos systèmes économiques -économie de marché, course aux profits, qui ne prennent pas en compte les conséquences économiques à long terme (voir les pêches marines qui courent à l'extinction) sont difficilement conciliables avec une gestion à long terme de la biodiversité.

les incitations économiques type subventions . L'exemple typique étant le maintien des prairies naturelles qui ne bénéficient pas des mêmes aides communautaires ou nationales que les cultures intensives ou drainées.

Le Tiers-Monde abrite une grande partie de la diversité biologique. Pour ces pays pauvres la priorité n'est pas la conservation de cette richesse et la préservation de l'environnement qui entre en concurrence avec les exigences de la survie, la pression de la démographie et les besoins de développement. L''aide aux pays en voie de développement n'est pas non plus la priorité des pays industrialisés.

Des connaissances insuffisantes pour élaborer et évaluer des politiques de préservation de la nature expliquent pour une part la lenteur des prises de conscience. La communauté internationale, faute jusqu'à ce jour, d'un réseau mondial d'expertise en matière de biodiversité similaire au GIEC en matière de climat n'a pu exercer pleinement ses responsabilités.

De nombreux accords internationaux sur l'environnement ont été signés (57) mais ce nombre n'est pas forcément synonyme d'efficacité .Cette multitude de conventions engendre des comités divers et variés trop peu souvent en connexion les uns avec les autres. Aucun des gouvernements signataires de la Convention sur la Diversité Biologique signée à Rio en 1992, au sommet de la terre n'a atteint l'objectif qu'elle s'était fixée, enrayer le déclin de la biodiversité à l'horizon 2010


La politique européenne


L'Union européenne a mis en place des plans d'actions en faveur de la diversité biologique au sein des politiques agricole, de pêche, forestière, d'aménagement du territoire, aides au développement . Les les efforts ont été insuffisants pour atteindre l'objectif de Rio. Ils auraient supposé pour être véritablement efficaces et pour ne pas en rester à un catalogue de bonnes intentions une modification radicale de ces politiques. Une nouvelle stratégie doit être mise en place pour l'après 2010. Parmi les plans importants figurent:

la Directive cadre eau (DCE) qui vise à prévenir toute détérioration supplémentaire de la quantité et de la qualité de toutes les eaux définit un ensemble de mesures pour atteindre un bon état écologique dans tous les Etats de l'Union, objectif que la France aura beaucoup de mal à atteindre vu l'état de ses eaux.

Le réseau écologique NATURA 2000 destiné à protéger dans l'Union, les principaux habitats naturels, la faune et la flore sauvages (directive « habitats »), ainsi que les espèces d'oiseaux sauvages inscrites dans la directive « oiseaux » par la création de zones de protection spéciale.

    La protection de la biodiversité en France


- Il faudra attendre juillet 1976 pour que la France se dote d'une loi sur la protection de la nature. A l'origine des listes d'espèces sauvages protégées, cette loi créée également les réserves naturelles. Elle instaure l'obligation de l'étude d'impact préalable pour les activités publiques ou privées d'aménagement, d' équipement et de production, exigences qui seront mal reçues par certains ministères (agriculture, transports, agriculture..), sans parler des faibles moyens accordés au ministère de l'environnement (créé en 1971). Les associations de protection de l'environnement joueront un rôle essentiel pour obtenir l'application de la loi. Quant à son efficacité, la réalisation des réserves naturelles et des arrêtés de protection de biotopes ont permis de couvrir environ 2% du territoire national.. sans assurer pour autant une protection pérennes des espèces et des écosystèmes concernés (voir l'ours dans les Pyrénées...). Quant au reste du territoire, il n'est pour ne citer qu'un exemple,que de constater la disparition en trente ans de 50% de nos zones humides conséquence de la priorité donnée aux structures d'aménagement (agricultures, transports).


- En 2005 la France inscrivait dans sa constitution une charte de l'environnement consacrant la biodiversité comme droit et patrimoine collectif. Elle définit le principe de précaution qui devrait s'appliquer évidemment à l'érosion de la biodiversité, les lacunes de nos connaissances sur la biodiversité ne pouvant être un prétexte pour ne pas agir.

- Quant à la stratégie nationale pour la biodiversité (SNB) lancée en 2004 sur la concrétisation de l'engagement français dans la Convention sur la Diversité Biologique elle connaîtra le même sort que la stratégie européenne, en raison du manque d'intégration de la biodiversité dans les autres politiques (agriculture, transports, pêche, urbanisme,....) d'une trop grande centralisation , d'un manque de lisibilité....Un renforcement de cette stratégie nationale doit être définie pour 2011 complétée par des stratégies régionales et locales cohérentes et en concertation, avec les acteurs concernés. Elle devra tenir compte des objectifs mondiaux pour l'après 2010 qui émaneront de la dixième conférence des parties à la Convention sur la Diversité Biologique qui se tiendra en octobre 2010 à Nagoya (Japon).

- Le Grenelle de l'environnement aura permis un pas en avant. La biodiversité apparaît dans la loi grenelle 1 avec pour objectif « de stopper la biodiversité sauvage et domestique, restaurer et maintenir ses capacités d'évolution ».. Dans ce cadre nous retiendrons comme mesure phare, la constitution de la trame écologique verte et bleue qui doit permettre la restauration et la préservation d'un maillage d'espaces et de milieux (terre et eau) vitaux pour les espèces sauvages. La portée de cette mesure risque d'être considérablement amoindrie, à la veille du vote définitif de la loi Grenelle 2, on apprend que les infrastructures de l'Etat (autoroutes, lignes à grande vitesse) n'auraient pas à respecter ces continuités écologiques..


La biodiversité est victime de notre développement non durable. Dans le monde industrialisé, la poursuite de nos modèles de croissance économique a, en à peine cinquante ans perturber les écosystèmes riches et variés de la planète base même et support de notre développement

Si le rythme de la perte de la biodiversité est liée aux activités humaines c'est bien dans les comportements de nos sociétés que l'on pourra trouver les moyens d'y remédier. . La conservation de la biodiversité ne se résume pas à la protection des espèces sauvages dans des réserves. Les zones protégées ne sont qu'un des moyens d'action, il s'agit aussi de prendre soin de la nature « ordinaire » dont l'homme est un membre actif, en en faisant bon usage. Cela passe par la mise en place d'actions afin que les pressions anthropiques ne s'aggravent pas: limitation des pollutions, de l'artificialisation du territoire, de l'érosion des sols, de la surexploitation des ressources marines... et déjà dans un premier temps par l'application de notre réglementation (nationale et européenne)!. A quoi sert de classer une espèce si on détruit son habitat comme cela vient de se produire par exemple dans le parc du château de Tanlay (Yonne) avec la destruction de 49 tilleuls abritant le pique- prune , espèce protégée, sans avoir fait l'objet d'une demande de dérogation conformément à la loi?.

Devant l'urgence , c'est un vaste chantier qui doit s'ouvrir pour la construction d'une nouvelle stratégie en faveur de la biodiversité (liée à une stratégie développement durable), à tous les niveaux international, national, régional.

Le devenir de la biodiversité est un élément essentiel de tout projet de société qui doit se construire au sein des territoires,au plus proche du terrain en fonction des situations locales, avec les différents acteurs impliqués, populations, agriculteurs, forestiers, entreprises, collectivités...Des actions se mettent progressivement en place, notamment au niveau de la Bourgogne*, la priorité étant dans un premier temps d'accroître auprès de ses habitants une prise de conscience collective sur l'importance de la biodiversité, condition nécessaire pour mobiliser les acteurs concernés, engager leur responsabilité et rendre lisibles les actions engagées et leur financement.


    *Pour aller plus loin:

www.sitesnaturelsbourgogne.asso.fr

www.bourgogne-nature.fr        www.alterre-bourgogne.org


                                                       J. Thévenot


pour la biodiversité préférer les jardins "fouillis "

 







29/06/2010
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