Climat: GIEC dernier rapport
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CLIMAT : GIEC dernier rapport
Depuis sa création (1988) le GIEC publie à peu près tous les cinq ans un rapport en trois volets qui évalue l’état des connaissances scientifiques sur le changement climatique. Après validation par les 195 Etats qui le composent il a publié en 2021- 2022 son 6ème rapport.
→ le premier volet (août 2021) sur « l’évolution du climat » est sorti dans un contexte d’événements extrêmes : dôme de chaleur (50°C au Canada en juin 2021), incendies en Amérique du Nord, inondations en Europe du Nord et en Chine, feux de forêts en Grèce et en Turquie. Le réchauffement observé (+1,1°C depuis la deuxième moitié du XaIXème siècle) n’a pas d’équivalent depuis au moins 2000 ans et les activités humaines en sont sans équivoque responsables. Même si on diminuait drastiquement les émissions de GES un certain nombre de conséquences déjà en route sont irréversibles, fonte des glaces, acidification du milieu marin désertification, extinction d’espèces.
. Le GIEC met en doute la capacité des Etats à atteindre l’objectif de la fin du siècle de l’Accord de Paris limiter le réchauffement à 1,5°C et 2°C.. Pire ce seuil pourrait être dépassé dès 2030 soit 10 ans plus tôt que les dernières estimations. Ce qui se passera après cette date dépendra de notre capacité à limiter les émissions de CO2 et autres gaz à effet de serre dont le méthane issu principalement de l’agriculture.
Le scénario le plus optimiste serait d’ atteindre d’ici 2050 la « neutralité carbone » ou « zéro émissions nettes » carbone » autrement dit, de cesser de rejeter dans l’atmosphère plus de CO2 qu’on ne peut en retirer., Condition pour que la température se stabilise en-deçà des 2°C. Cela implique des actions immédiates, rapides et mondiales en sachant qu’il faudra 20 à 30 ans pour voir les températures globales se stabiliser. La tendance sur laquelle nous sommes conduirait à une augmentation de la température moyenne de 3 degrés (avec une fourchette d’incertitude comprise entre 2,5 et 4°C).
Le scénario le plus pessimiste c’est un doublement des émissions de GES à l’horizon 2050 avec un réchauffement supérieur à 4°C à la fin du siècle (fourchette 3,3 à 5,7°C…) et un bouleversement du climat ! Il reste 20 ans pour éviter le pire…Des changements profonds sur le climat sont déjà à l’œuvre et s’intensifient, des points de non- retour sont déjà atteints mais nous dit le GIEC il est toujours possible de limiter ces tendances.
→ le deuxième volet intitulé "impacts, adaptation et vulnérabilité" (rapport du 28 février 2022) ne laisse aucun doute sur la petite chance qu’il reste d’assurer un avenir vivable à l’humanité. A la double condition, agir à la fois contre la cause du changement climatique et sur ses conséquences. Donc prendre immédiatement et en même temps des mesures drastiques pour limiter le réchauffement et des mesures pour s’adapter aux conséquences de ce réchauffement. Cette question d’adaptation ( réduire l’exposition et la vulnérabilité) est désormais vitale, le réchauffement est déjà là il faut essayer d’en limiter les impacts et se protéger de ce qui est irréversible. Plus le niveau de réchauffement sera important moins les solutions d’adaptation seront efficaces ( sans parler de leur coût) et chaque fraction de degré compte.
Des événements météorologiques extrêmes sont de plus en plus fréquents, qui touchent toutes les régions du monde et entraînent des dommages déjà mesurables, considérables pour les sociétés humaines comme pour la nature ….
- la moitié de la population mondiale (entre 3,3 et 3,6 milliard d’humains - les petits Etats insulaires en développement, l’Asie du Sud, l’Amérique centrale et du sud, une grande partie de l’Afrique subsaharienne, l’Arctique. .) est déjà dans une situation de grande vulnérabilité face aux conséquences de ces événements extrêmes sur les besoins essentiels de l’homme : santé (stress thermique, maladies…), accès à l’eau, sécurité alimentaire (pertes de productions agricoles), sur le fonctionnement des économies et la biodiversité. Des conséquences qui sont encore plus rapides et plus importantes que celles estimées dans les évaluations précédentes et qui vont s’accroître à partir de 2040. Elles peuvent être si graves qu’elles ne permettront plus de s’adapter. Des limites sont déjà atteintes par certains écosystèmes (récifs coralliens, certaines mers chaudes, zones humides, régions polaires..)
- Le GIEC met en garde : le monde n’est pas prêt pour limiter ou se préparer aux impacts du réchauffement. Face aux risques les progrès faits en matière d’adaptation sont très insuffisants. Les mesures prises restent à petite échelle (il faut agir à toutes les échelles, gouvernements, secteur privé, société civile) ; elles sont fragmentées elles doivent pour être efficaces et faisables concerner tous les secteurs pour s’attaquer aux inégalités sociales, elles sont inégalement réparties géographiquement. Enfin l’adaptation manque de financement par rapport à celui consacré aux moyens d’atténuer le réchauffement. Il faut donc accélérer la mise en place de solutions. Les scientifiques ont confirmé que les pays développés (acteurs majeurs du changement climatique) doivent de toute urgence allouer des fonds beaucoup plus importants aux pays en développement pour compenser les dommages irréparables et les aider à mettre en œuvre des mesures d’adaptation. Le GIEC cible les obstacles à l’adaptation : sentiment d’urgence faiblement ressenti, absence de volonté politique, faible engagement des citoyens et des entreprises, ressources limitées. Son message, la décennie à venir va être décisive ;.tout retard supplémentaire dans l’action mondiale manquera une brève occasion de garantir un avenir vivable et durable pour tous.
→ Le troisième volet (4 avril) : "les solutions au changement climatique "
Rappelons que le GIEC ne formule pas de recommandations. A partir de la synthétisation de milliers de travaux scientifiques il tire des conclusions globales et des projections.
Dans ce rapport il explore les options de réduction des GES dans tous les secteurs socio-économiques, énergie, transport, industrie agriculture, foresterie… Elle repose sur une combinaison d’actions : diminuer la consommation des combustibles fossiles, économie d’énergie, efficacité énergétique (consommer moins d’énergie à service identique) nouvelles technologies, travailler sur nos infrastructures et nos modes de vie.
Pour que le réchauffement global ne dépasse pas 1°,5C il faudrait que les émissions de GES mondiales atteignent un pic d’ici 2025 pour diminuer ensuite de 45% d’ici 2030 par rapport à 2019 pour arriver en 2050 à la neutralité carbone. Ce qui ne signifie pas comme on l’entend souvent que dans trois ans tout sera fini et qu’il n’y aura plus rien à faire ! Mais bien qu’au regard de la situation plus on agira vite plus on évitera des conséquences dramatiques. Chaque action et chaque dixième de degré compte et entraîne des risques supplémentaires Agir est important dans tous les cas. Réduire de moitié les émissions de GES d’ici 2030 est possible, on a devant nous une série d’options qu’on peut mettre en œuvre dès maintenant.
→ Réduire rapidement et drastiquement l’utilisation des combustibles fossiles principal facteur de la crise climatique. A l’horizon 2050 de 100% pour le charbon, 60% pour le pétrole, 70% pour le gaz. Il faut non seulement ne pas construire de nouvelles centrales de production d’électricité mais fermer de façon anticipée celles qui sont en fonctionnement sur la planète en commençant par le charbon car elles émettront plus de GES que le budget carbone dont on dispose pour atteindre .l’un ou ‘autre des objectifs (1,5°c ou 2°C).. Plus vite nous éliminerons les combustibles fossiles moins il sera nécessaire de déployer à grande échelle des mécanismes d’élimination du carbone de l’atmosphère. Le GIEC rappelle les obstacles de la mise en œuvre de la capture et de la séquestration du carbone, technologiques, économiques (coût), environnementaux (pollution des écosystèmes environnants). La seule option testée aujourd’hui à grande échelle c’est la reforestation et elle a des limites. Toutes les autres techniques fondées sur des procédés physiques ou chimiques restent embryonnaires.
- Il démontre que la fin du subventionnement des combustibles fossiles pourrait entraîner d’importantes réductions des émissions carbone d’ici 2030 (-10%).
- Dans dans un avenir proche la substitution aux énergies fossiles des énergies renouvelables (éolien, solaire) est tout à fait possible, en raison de l’augmentation de leurs performances, de leur coût de plus en plus faible désormais égal voire inférieur à celui du charbon et du gaz.
- Le GIEC note que les flux financiers Climat sont 3 à 6 fois inférieurs à ce qu’ils devraient être pour limiter le réchauffement d’ici à 2030. Notamment dans les pays en voie de développement alors que le capital mondial est suffisant. Il faut accélérer la coopération internationale en commençant à respecter l’engagement de la COP 15 (-2009) de 100 milliards annuels pour aider les pays les plus pauvres et les plus touchés et les moins responsables de la crise climatique….
- La transition bas carbone aura des conséquences sociales. On ne la réussira pas sans le faire de façon équitable et juste et sans prendre en compte les perdants dans chaque pays et entre les pays.
- Il faut que les flux financiers soient cohérents et alignés sur les objectifs climatique. Leur réorientation vers le climat (épargne privée, investissements entreprise) implique une intervention publique.
→ Maîtriser la demande
C’est la première fois que le GIEC aborde sans l’indiquer explicitement « la sobriété ». Les actions sur la demande peuvent permettre une réduction des émissions de 30 à 70% d’ici 2050 tout en contribuant au bien-être. Cela inclut notamment les choix individuels en matière de chauffage logement, transport, régime alimentaire ( baisse de la consommation de viande),réduction du gaspillage.
Mais ils nécessitent des politiques publiques qui rendent possibles ces choix (pistes cyclables, télétravail, isolement des logements, transports collectifs…).
Le message du GIEC c’est qu’il est urgent d’agir, à grande échelle et dans tous les secteurs. Les solutions existent, elles auront un coût mais il sera largement compensé par l’évitement de dommages grâce aux politiques climatiques.
Cela fait 32 ans que les scientifiques du GIEC nous alertent …(son 1er rapport date de 1990 !).
La lutte contre la changement climatique aurait dû être au cœur des débats de la campagne présidentielle. Elle n’a quasiment pas abordé le sujet, en pleine sortie des rapports du GIEC , de l’augmentation des prix de l’essence et du gaz, de la guerre en Ukraine et des milliards d’euros versés à la Russie…
Quant au débat du second tour (18 minutes sur 3 heures !) il s’est résumé à la question énergétique (éolienne et nucléaire). Pas un mot sur la sortie des énergies fossiles, la sobriété, l’adaptation sujet majeurs pour les années à venir !
J. Thévenot
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