LVNAC - Bretagne et algues vertes...
Bretagne: Algues vertes 2*: l'Etat n'y peut rien...
C'est ce qui transparaîtrait d'un rapport confidentiel du Préfet des Côtes d'Armor adressé au premier ministre, dont les médias ont fait largement écho....
Le Préfet, mettrait en cause clairement la responsabilité des agriculteurs et en particulier des élevages industriels (porcs, volailles, bovins) et de l'inefficacité des mesures prises par les autorités publiques qu'il s'agisse de la réglementation ( notamment arrêté Nitrates en place depuis plus de dix ans...), mis en place de programmes de reconquête de la qualité des eaux, contrôles etc...
Selon le Préfet « la diminution visible et notable de ce phénomène (les algues vertes) ne pourra passer que par un changement profond des pratiques agricoles sur les secteurs concernés, .. ce que la profession agricole n'est pas prête à accepter en ce moment. Il s'agit de révolutionner .. . les pratiques agricoles et de changer complètement le modèle existant ». Il précise que « cette évolution n'est pas envisageable pour le moment, le phénomène des algues vertes ne peut donc que perdurer ».
Ainsi après que les préfets successifs de Bretagne (représentants l'Etat) aient des années durant donner à tour de bras des autorisations de créations d'élevages industriels** principaux responsables de la teneur des eaux en nitrates, voici qu'on nous annonce que l'Etat est impuissant face à l'asphyxie progressive des côtes bretonnes par les algues vertes en raison de l'incapacité de la profession agricole à accepter un changement de modèle. En clair l'Etat se défile alors que jusqu'alors il n'a rien fait pour créer les conditions et les outils nécessaires à cette évolution.
C'est ce que réclament depuis des années les associations environnementales bretonnes et nationales comme FNE, alors que l'Etat se contente de gérer la crise (rappelons la proposition de Chantal Jouanno de ramassage des algues (où les mettons??) sans s'attaquer à la source du problème qui impliquerait la mise en place d'un « plan global de développement d'un modèle agricole breton nouveau avec les acteurs locaux : politiques, économiques, sociaux et environnementaux ».
Pour enrayer la marée verte il faut diminuer par trois la pollution actuelle par les nitrates. Cela ne peut passer que par un nouveau modèle agricole ancré sur le territoire, au faible impact environnemental, créateur de richesse locale et de revenus pour les agriculteurs dès lors qu'ils seraient engagés dans des démarches de qualité au premier rang desquels l'agriculture biologique trop peu développée, la France importe 70% des produits bio consommés!
On ne voit pas pourquoi l'expérimentation faite à Vittel ne pourrait pas être transposée en Bretagne, sur les bassins touchés par les algues vertes. Il y a 15 ans des agriculteurs Vosgiens (production de lait et maïs) se sont convertis au quasi-bio pour éviter de polluer le sources de Vittel. De même la ville de Munich a préféré payer les agriculteurs exploitant sur les champs captants pour qu'ils se convertissent à l'agriculture biologique plutôt que d'investir dans un système coûteux de traitement de l'eau destinée à l'alimentation.
Le Grenelle de l'environnement ouvre une nouvelle voie: la création d'une certification de « haute valeur environnementale » qui vient d'être validée par le Sénat dans la loi Grenelle 2..
Reste à attendre les conclusions de la Commission interministérielle « sur la prolifération des algues vertes » créée par le premier ministre qui doit rendre son rapport fin décembre On saura si le temps de l'action pour la restauration de l'eau en Bretagne, qui est un problème de santé publique, est enfin arrivé. L'Etat est déjà poursuivi en justice par 300 citoyens, après que le tribunal administratif de Rennes l'ait jugé responsable de la prolifération des algues vertes
Rappelons que le Grenelle de la mer a pointé la pollution comme premier problème à régler et que l'une des mesures proposées est la réduction de nitrates et des phosphates d'origine agricole, urbaine ou industrielle, l'agriculture n'étant pas seule en cause. Une baisse de 40% est prévue d'ici 2012/2014 dans les zones les plus fragiles. C'est dire qu'il n'y a plus de temps à perdre pour lancer cette bataille de la marée verte et faire en sorte qu'elle soit une réussite exemplaire.
* voir notre article précédent
**La Bretagne c'est 56,5% des porcs produits en France (8,3millions), 36,2% de nos volailles, 10,4% de nos bovins (2 millions dont 900.000vaches), 42,7% de nos oeufs (4.900.000millions). -source INSEE 2007
J. Thévenot
* voir notre article précédent
A découvrir aussi
- LVNAC - De l'utilité du PPRi quand il n'est pas respecté....
- LVNAC - Nièvre: premier arrêté sécheresse 2009
- LVNAC - Eau du robinet et cancer : polémique
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 108 autres membres