Nature et Environnement en Nièvre

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Carrière de chevenon, le projet fait plouf

Carrière de Chevenon,  le projet fait plouf

 

 

Il aura fallu un an et demi pour que la demande présentée par Lafarge  en vue d’obtenir l’autorisation d’exploiter  durant 30 ans une carrière  alluvionnaire (matériaux destinés à l’Ile de France et à Roanne) sur la commune de Chevenon, entre La Loire et le canal sur une surface de 160 ha, soit refusée.  La préfète a pris successivement 5 sursis à statuer renvoyant de 4 mois en 4 mois la prise de décision sous des motifs divers et de plus en plus crédibles… ainsi le dernier sursis à statuer  du 11 juin 2014  est justifié par le fait que Lafarge  qui en février 2014 a précisé la solution retenue pour l’évacuation des matériaux ( le canal ????) sollicite un nouveau délai pour déterminer la faisabilité économique de ce projet. Deuxième motif de l’arrêté  l’impossibilité de réunir la commission départementale des carrières avant l’expiration du sursis précédent. Le 11 juin 2014 donc la préfète donnait encore 4 mois à Lafarge pour compléter son dossier qui était passé   en enquête publique en octobre 2012….

La préfète a du  finir  par se rendre compte  que Lafarge menait depuis des mois l’administration en bateau lorsque  ce grand carrier l’a l’informée qu’il n’avait toujours aucune solution pour sortir ses matériaux du site…..Cette fois-ci  aucun obstacle n’a empêché la réunion de la commission carrières qui s’est tenue le 8 juillet. Elle a donné à la majorité des membres  (2 abstentions) un avis favorable  au projet d’arrêté prononçant le refus d’autorisation.

Dès l’enquête publique Loire Vivante   avait démontré que ce projet devait être rejeté  puisque ‘il  était incompatible avec :

- le Schéma départemental des carrières  qui disposait « qu’il ne sera pas accordé d’autorisations d’exploitation du gisement alluvionnaire sur de nouvelles surfaces »

- avec le SDAGE du bassin Loire Bretagne

- avec le PPRI plan de prévention du risque inondation du secteur

- avec la loi eau

- avec NATURA 2000

carrière alluviale.jpg

 

 

Autant dire que la préfète avait là dès le départ déjà  tous les éléments juridiques pour prendre immédiatement une décision de refus.  Ils étaient développés dans un projet d’arrêté rédigé dans ce sens  par la DREAL présenté  en commission  dès le 15 mars 2013 ; c’est sur ce même texte que nous nous sommes prononcés le 8 juillet 2014 !.

Ce dossier par ailleurs était très insuffisant sur de nombreux points notamment un point de détail…, la sortie des matériaux de la carrière d’abord prévu par une bande porteuse  sur 4 km traversant la RD 200 puis la Loire pour arriver à un quai de chargement  de trains, en contrebas d’un lotissement de Sauvigny-les-Bois… sur un terrain appartenant à l’usine APERAM d’Imphy qui n’était au courant de rien ….

Ce procédé s’étant révélé impossible il a été question ensuite d’utiliser le canal latéral à la Loire …mais  ça nécessitait quelques travaux d’élargissement… Pour finir Lafarge s’est avoué vaincu !

Autre point qui ne posait pas de problème à Lafarge,  la ferme des Colons qui se retrouvait  en plein chœur de la zone d’exploitation !

 

Lafarge dans ce dossier ne va pas redorer l’image des carriers aux yeux des associations environnement qui ne sont pas très sensibles à leurs dépliants  en couleur sur papier glacé qui vantent quelques  actions en faveur de la nature après en avoir exploité pendant des trentaines d’ années les ressources naturelles…

Lafarge a démontré en osant présenter ce dossier à l’enquête publique son manque de sérieux  et cette forme d’arrogance de ceux qui se croient au-dessus des lois.

 

Quant à la préfète elle a par ces atermoiements démontré une fois de plus la frilosité de  l’administration devant  ces carriers de carrure internationale dotés d’un important pouvoir de lobby… et la crainte de se voir traîner par eux devant le tribunal administratif, alors que dans ce dossier Lafarge n’avait aucun argument de défense valable.

 

Enfin pour la petite histoire,  cette instruction du  dossier a pris un an et demi en raison des demandes incessantes de  sursis à statuer de Lafarge. Dans une lettre du 2 décembre 2013 adressée au maire de Chevenon qui le prie de la diffuser largement dans sa commune Lafarge a une autre explication ; sont responsables de ces contretemps,  une municipalité, un industriel et  «  l’hostilité manifestée par certaines  associations de protection de la nature ». On peut peut-être parier que ces mêmes associations seront accusées par certains d’avoir fait capoter ce projet…

 

Quant au maire de Chevenon, il a été très accueillant lors de l’enquête publique. Il a agressé si brutalement  un administrateur de Loire Vivante  qui venait coller des pétitions sur le registre et son épouse s'exprimer pour son compte personnel  qu’ils sont allés dénoncer ces faits  à la gendarmerie  en sortant de la mairie!. Il faut dire que le maire communiquait depuis des années sur ce magnifique projet qui à la sortie allait doter la commune de 4 plans d’eau…on comprend qu’il ait mal supporté  ceux qui connaissaient suffisamment ce très mauvais dossier  pour être en mesure de s’y opposer avec des arguments imparables.

 

                                                                    J. Thevenot

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19/07/2014
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