Agriculture: recensement 2020
Agriculture : recensement 2020
Les premiers résultats du recensement agricole pour l’année 2020 viennent de sortir. En application de la réglementation européenne il est dressé tous les dix ans.
https://agriculture.gouv.fr/les-chiffres-definitifs-et-detailles-du-recensement-agricole-2020
→ en dataviz : visualisation des données https://vizagreste.agriculture.gouv.fr/
Autre site intéressant https://www.reussir.fr/dossier/recensement-agricole-portrait-de-lagriculture-francaise-en-2020
En 1970 La France comptait 1,6 millions de fermes agricoles. Le nombre aujourd’hui est 390 000. Et en 10 ans (2010-2020) c’est 100 000 de moins soit une exploitation sur 5 de disparue. Seules les grandes exploitations (production brute supérieure à 250 000 euros) ont vu leur nombre augmenter. Les fermes pratiquant la production végétale diminuent moins vite que celles pratiquant l’élevage (-9% contre -31% baisse liée à la baisse des prix) . La France laitière a perdu 13000 exploitations en dix ans.
La part dans l’emploi de l’agriculture ne représente que 1,5% contre 7% dans les années 80. En 2020, au total, 759.000 personnes occupent un emploi permanent dans les exploitations agricoles. C'est l'équivalent de 583.000 emplois à temps plein, soit une baisse de 12% en 10 ans.
Mais la surface agricole utile, elle, reste stable en raison de
l’agrandissement des exploitations, en moyenne 69 ha soit 14 ha de plus qu’en 2010 . À titre de comparaison, la taille moyenne des exploitations atteint 81 hectares au Royaume-Uni et 79 hectares au Danemark. Elle couvre 27 millions d’ha environ la moitié du territoire national.
Dans les outremer la surface moyenne est aujourd'hui de seulement 5 hectares, les exploitations individuelles prédominent , plus de la moitié sont spécialisées dans les productions végétales. : canne à sucre , vergers, banneraie
Répartition des exploitations :
Grandes cultures 112000 (majoritaires), viticulture 59000, élevage bovins viande 48000, lait 35000, volailles porcs19000, ovin, caprin 35000, polyculture/polyélevage 41000 , maraîchage 15000, fruits15000.
On compte 14000 exploitations nouvelles chaque année il en faudrait 20000 pour combler les départs à la retraite. C’est l‘une des causes de la disparition du nombre d’exploitations. Le faible nombre d’installations étant aussi lié bien évidemment à la faiblesse des revenus qui ne permettent pas de vivre décemment de ce métier.. Ce n’est pas avec des agriculteurs pauvres qu’on motivera d’autres jeunes à s’installer…. Un agriculteur sur quatre a plus de 60 ans le problème risque donc encore de s’aggraver. En 10 ans ce nombre a augmenté de 5 points, d’une proportion de 13% en 2010 il est aujourd’hui de 18%. D’ici 2030, un quart des agriculteurs vont partir à la retraite.
12% des exploitations sont en bio (+3% en 10 ans -47000 exploitations), 23% en circuit court (+5,5%)., 27% sous label -AOC,AOP, label rouge…- (+3,3 %).
A noter au passage la stagnation depuis 10 ans du nombre des agricultrices cheffes d’exploitation ( 30%. ) Voir l’enquête très intéressante de « Terre de liens » sur les freins et leviers des installations des femmes :
L’objet de cet article est moins de développer des données que vous trouverez aisément sur le net si le sujet vous intéresse, que de revenir sur les circuits-courts. Après avoir connu un boom pendant la pandémie ils seraient aujourd’hui boudés par les français dont on nous dit par ailleurs, sondages à l’appui, qu’ils veulent des produits de qualité et de saison, préserver les petits producteurs et la planète..
Voici le temps des vacances. Nombre d’entre nous vont peut-être changer leurs habitudes ; laisser tomber le super marché…. pour les ventes directes des producteurs, au marché, à la ferme, dans les épiceries paysannes, en AMAP. Autant de solutions pour soutenir les paysans de petites fermes, aux méthodes de production plus artisanales, plus respectueuse de l’environnement, qui nous évitent aussi le gaspillage, la surconsommation et les suremballages plastiques .
Alors de retour pourquoi ne pas continuer d’emprunter la voie des circuits courts (un intermédiaire au plus) ou la vente directe et se sevrer dans la mesure du possible du modèle agroalimentaire industriel que sert la grande distribution via les supermarchés. Elle s’appuie sur des centrales d’achat qui profitent dans les négociations sur les prix , d’un rapport de force disproportionné avec les producteurs ,en demandant des remises sur les quantités et ensuite une fois le prix négocié encore des marges (système des marges arrière). Les bénéfices de ces intermédiaires qui ne font qu’acheter pour revendre, sont colossaux. Il est illusoire de penser à une règlementation quelconque. Rien de plus simple pour un distributeur d’aller monter quelque part une centrale d’achat européenne dans un pays moins contraignant et de réimporter les marchandises à leurs conditions, tout cela sur papier, puisque les marchandises ne circulent pas…
Sur les méthodes des centrales d’achat : https://reporterre.net/Voici-comment-la-grande-distribution-ecrase-l-agriculture-en-France
80% des aliments sont aujourd’hui vendus en supermarché sur un modèle de filière longue basée sur de grandes quantités, des centrales d’achat qui fonctionnent à flux tendus incompatibles avec celui des petits producteurs. Ce système participe à l’appauvrissement du monde paysan et à sa disparition. Le plus haut taux de pauvreté se trouve chez les agriculteurs, de même la mortalité par suicide. Faute de prix rémunérateurs les paysans font faillite, les fermes disparaissent. Chaque année, plus de 1300 agriculteurs se retrouvent face à des juges pour des redressements ou des liquidations judiciaires. Le système d’agro-alimentation pratiqué par les supermarchés conduit à l’agrandissement des exploitations censée améliorer la rentabilité, ruineux pour les petits producteurs..
Les alternatives au modèle agro-industriel, circuits courts , vente directe permettent au producteur de déterminer ses prix , gage d’une rémunération décente.
La question des prix qui seraient plus élevés qu’en grande surface doit être revisitée. La qualité des produits est-elle comparable ? Si, non la qualité a un coût. Qui paie le suremballage et le gaspillage induits par les supermarchés ? Le consommateur qui achète sa viande (porc, poulet) « pas chère » oublie ce qu’il paie sur sa facture d’eau lorsqu’il faut la dépolluer des pollutions agricoles ;un coût de 750 millions à 1,5 milliard d’euros par an ( source « UFC Que choisir »). Plus d’un million de consommateurs en France boivent une eau polluée, essentiellement par des pesticides…prennent-ils en compte les achats d’eau en bouteille, les carafes filtrantes, la collecte et le traitement des bouteilles plastiques ? et le coût sur la santé en raison des maladies liées à une mauvaise nutrition ?
Le consommateur perd en fait toute notion du coût réel de production des produits alimentaires qu’il achète. C’est l’ensemble des coûts (cachés) qu’il faut regarder, sociaux, environnementaux. Ce coût réel montre que ce ne sont pas les produits de qualité qui sont chers mais que ce sont les produits de l’agriculture chimique qui ne le sont pas assez ! Il n’est que de voir la guerre fratricide que se font les enseignes pour apparaître comme les supermarchés où les prix sont les plus bas. Et pour finir c’est le contribuable qui paie la note sans même s’en rendre compte !
Sans oublier tous les artifices que déploient ces supermarchés pour pousser le consommateur à la surconsommation, produits qu’il n’aurait pas forcément achetés, ou en plus petite quantité : les remises immédiates, les modalités type 2 produits achetés, le troisième offert, achat de 2 produits identiques le deuxième à – 50%....
Surconsommation qui est source de gaspillage chez les ménages, restes stockés dans le frigo qu’on finit par jeter, produits qui s’abiment ou se périment. Chaque année, un français jetterait l'équivalent de 20kg de déchets alimentaires dont 7kg de produits alimentaires encore emballés. Or, le gaspillage alimentaire représenterait en France 3% des émissions annuelles de C02….38% du gaspillage alimentaire en France provient des ménages, 25% de l’agriculture.
Les fruits et légumes trop petits, biscornus, tâchés bien que sains et mangeables, n’entrent pas dans les clous du cahier des charges « achat » ni des supermarchés ni des centrales d’achat. Ils sont donc laissés au champ ou jetés. Les produits peuvent même être refusés après livraison pour des défauts mineurs….
Selon l’Ademe, chaque année en France du champ à l’assiette c’est 10 millions de tonnes de denrées alimentaires (150 kg par personne- 16 milliards d’euros) qui sont gaspillées.
Il ne suffit pas de déplorer la pollution, l’état désastreux de notre planète, la paupérisation, l’économie mondialisée…il faut prendre conscience que cela dépend de notre consommation. Le geste quotidien d’acheter est loin d’être anodin, derrière il y a un choix. Ici, pour une agriculture industrielle ou pour une agriculture plus vertueuse qui permet au paysan de vivre normalement et de payer ses salariés.
Il est beaucoup question de « consommation responsable ». Y compris chez les grandes enseignes (cf Leclerc notamment toujours plus vertueux que tout le monde…) qui prétendent encourager leurs clients à emprunter cette voie. Sauf évidemment qu’ils sont encouragés à la rigueur à consommer autrement mais en aucun cas à consommer moins. C’est l’inverse qui est visé : persuader le consommateur que sa consommation est acceptable , dès lors il peut consommer toujours plus en toute bonne conscience….
Les grandes surfaces, elles se donnent bonne conscience en parsemant leurs rayons de quelques produits labellisés ou ,bio. C’est le consommateur qui choisit…comme si c’était en toute liberté !
Consommer responsable en matière alimentaire demande comme dans tout domaine des efforts pour apprendre à faire différemment : ses courses , ses repas, ce qui prend plus de temps.
Il est vrai que la période anxiogène que nous traversons n’est pas vraiment propice au changement d’habitudes (les routines rassurent…) et à la mise en phase de nos discours, nos actes, nos pensées et nos pratiques…
Mais veut-on que ceux qui nous suivent soient privés des possibilités de choix dont nous bénéficions encore pour notre alimentation grâce à des paysans qui en dépit de toutes les difficultés, s’accrochent à leur métier . A nous, en retour, selon nos possibilités, de les soutenir massivement.. Ou veut-on vouer les générations futures aux seuls super, hypermarchés voire au "quick commerce"…(livraisons en 10 minutes). A quand les livraisons avant que les commandes ne soient passées ?
J. Thévenot
des caddies de plus en plus grands, consommons, consommons....
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