Nature et Environnement en Nièvre

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VARSOVIE 2013 : Conférence sur le changement climatique et ... le charbon!

 

Varsovie 2013

 

Conférence sur le changement climatique

et sommet international du charbon !

 

 

Un marathon de négociations de l’ONU sur le climat et un sommet international réunissant les grands producteurs et consommateurs de charbon au même moment au même lieu, est-ce judicieux ou provocateur ?

 

De fait, la Pologne, dont le sous-sol regorge de houille et de lignite, génère 95% de son électricité en brûlant du charbon.

 

La tenue de ces  deux conférences ne peut pas relever du hasard tant les enjeux sont liés : le charbon, combustible à l’origine de la révolution industrielle  du XIXème siècle, continue et continuera de surpasser le bouquet énergétique de la planète dans les années à venir. Il dépassera, même, la consommation du pétrole. Les réserves de houille mondiales sont très abondantes et elle a un prix compétitif. Le marché est écrasé par la Chine qui augmentera sa demande de 14% d’ici 2035. L’Inde et des pays émergents, ont une croissance liée à la demande en charbon : + 17% d’ici 2035, soit plus forte encore que la Chine.

 

Mais l’essor du charbon n’est pas lié seulement à ces pays : l’envol du gaz de schiste aux Etats-Unis a eu comme effet direct les exportations du charbon américain vers … l’Europe. Ces dernières ont doublé alors que l’Union Européenne s’est fixé d’ambitieux objectifs en matière d’énergie propre, la Pologne, pays hôte de ces sommets, est le colosse européen du charbon et ainsi le principal pays émetteur de carbone. La Pologne s’emploie à bloquer les règlementations qui se voudraient de plus en plus contraignantes, visant à lutter contre le changement climatique : en juin 2011, ce pays s’est opposé aux objectifs climatiques qui devaient commencer en 2020 et se poursuivre jusqu’en 2050. En mars 2012, les polonais ont mis leur veto à un plan similaire de réduction à long terme des émissions. Le charbon est la base de leur économie nationale et leur assure une indépendance énergétique. Autrefois le pays était l’un des plus grands exportateurs de charbon, à présent, son industrie s’est développée au point de ne plus parvenir à répondre à ses propres besoins, il est devenu importateur de charbon. Quant au gaz de schiste, la Pologne refuse de rejeter la fracturation hydraulique et prévoit d’ouvrir une production de ce gaz dès l’année prochaine.

 

Le protocole de Kyoto (1997)

 

Les pays signataires du protocole de Kyoto se sont engagés à réduire d’ici 2010 leurs émissions de CO2 de 8% par rapport à leur niveau de 1990. Mais les 8% ne sont qu’une moyenne, en fait les pays industrialisés s’étaient engagés à réduire globalement leurs émissions de 5,2% (UE, EU, japon, Canada, Australie, Russie, Ukraine, Pologne …), les pays en voie de développement n’ont contracté aucune obligation jusqu’en 2012 mais seulement pour l’après 2012. Au sein des pays industrialisés, un marché de permis négociables s’est mis en place ainsi que des «bulles» au sens où un groupe de pays s’engage solidairement à respecter un objectif quantitatif global. Ces possibilités sont utilisées par l’Union Européenne pour se répartir l’objectif global des - 8%.

Ainsi la France au sein de cette bulle voit son objectif se limiter aux émissions de 1990 soit 0%, alors que l’Allemagne a un objectif se traduisant par une baisse de 21% par rapport aux émissions de 1990. Un pays en voie de développement peut financer un projet permettant une réduction des émissions de gaz à effet de serre sur un territoire d’un pays industrialisé et obtient un crédit de ces réductions. Le protocole permet ainsi d’intégrer des réductions réalisées dans un pays non industrialisé. Deux pays avaient refusé de ratifier ce protocole : les EU et l’Australie. S’agissant de la Russie : compte-tenu de l’effondrement de son activité économique après la disparition de l’empire soviétique, elle se voit doter d’un crédit d’émission substantiel, évalué à plus de 165 millions de tonnes de carbone, effet pervers ce crédit affecte l’équilibre du marché des permis négociables.

 

Quelques chiffres des émissions de CO2 en millions de tonnes de 1990 à 2012 (Global Carbon Atlas) :

 

Canada                       de 450 à 405

Etats-Unis                   de 4768 à 5122

Allemagne                  de 1014 à 732

Russie                        de 2356 à 1803

Arabie Saoudite          de 218 à 506

Iran                             de 211 à 603

Inde                            de 691 à 2241

Japon                         de 1095 à 1255

Corée du Sud             de 247 à 611

Chine                          de 2461 à 9628

France                        de 399 à 244

 

On a émis 35,4 milliards de tonnes de CO2 dans l’atmosphère en 2012, la quantité la plus élevée dans l’histoire humaine soit 58% de plus qu’en 1990.

 

Comment fonctionne le cycle du carbone

 

Les émissions de CO2 sont à 92% liées aux énergies fossiles et 8% à la déforestation. Elles deviennent : 27% absorbées par les forêts, 27% par les océans et 45% restent dans l’atmosphère.

L’an dernier, les plus gros émetteurs ont été la Chine, les EU, l’Inde, la Russie et les 12 pays membres récents de l’Europe (+2,1%) soit la Bulgarie et la Pologne. Les 15 autres membres de l’UE affichent une baisse de 14%, ces performances ne sont pas dues seulement aux efforts réels de réduction des émissions, mais aussi à l’utilisation des mécanismes internationaux de compensation (lire article «le droit à polluer» du 9 juin 2009).

 

Résultats de Varsovie

 

La conférence de Varsovie était sans enjeu majeur, les sommets sur le climat se succèdent et ce sommet a encore démontré les difficultés qu’il faudra surmonter lors des prochaines étapes, à Lima en 2014 et Paris en 2015. «Tout le monde repart frustré mais de façon équitable» selon la formule entendue après chaque étape. Tous les pays devaient prendre des «engagements», ce terme trop contraignant étant remplacé par «contribution». Ainsi le texte accouché aux forceps «invite» les pays à remettre «leurs contributions bien avant la conférence de Paris et d’ici le premier trimestre 2015 pour les pays qui le peuvent».

Le fonds vert qui devait récolter 100 milliards/an d’ici 2020 fait l’objet de promesses non tenues, l’effort de certains pays industrialisés n’atteint pas les 20% de réduction des émissions d’ici 2020 alors que le rapport du GIEC préconise une réduction de 25% à 40%.

 

Le compromis de Varsovie ne parle que «d’ambitions» sans parvenir à aboutir sur quelque chose de concret, les mots précis eux-mêmes sont changés en termes flous non contraignants.

Du concret cela aurait pu être par exemple l‘élimination des gaz HFC utilisés dans l’industrie du froid : l’Inde, qui en produit beaucoup et l’Arabie saoudite qui en utilise  énormément pour ses systèmes de climatisation s’y sont opposés, donc les HFC sont passés à la trappe.

 

Les grandes ONG sont parties en claquant la porte avant la fin de la conférence, les pourparlers censés poser  les fondations du grand accord 2015 n’ont débouché sur rien.

 

 

Danièle AUCLIN



02/12/2013
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