PASTORALISME EN BORD DE LOIRE
PASTORALISME EN BORD DE LOIRE
Quel bonheur de voir (et d’entendre…) à nouveau dans notre département, un berger ( Bernard Girard) son troupeau et ses chiens sillonner les bords de Loire sans parler du spectacle réjouissant de 350 brebis rassemblées sur l’esplanade du palais ducal de Nevers en attendant de rejoindre les rives de Challuy !
Le pâturage sur les bords de Loire était courant avant les années 1950. .Suite à l’abandon de cet éco- pastoralisme mais aussi en raison de l’enfoncement du lit du fleuve, le paysage de Loire s’est profondément modifié ; au développement des broussailles s’est ajouté un boisement des rives parfois si intense qu’il constitue un véritable rideau d’arbres qui masque le fleuve et en interdit l’accès.. Cette fermeture des milieux ligériens entraîne évidemment la disparition des espèces animales et végétales associées à ces milieux. Ce constat a conduit en 1996 au lancement d’une expérience de pastoralisme sur deux sites du Loiret, à Guilly et à Dompierre-en-Burly, remarquables en tant qu’espaces naturels (ZNIEFF, ZICO, futurs sites NATURA 2000 ) et par la présence de biotopes caractéristiques du lit majeur de la Loire (milieu humide, forêt alluviale, pelouses sèches…).
Cette expérience menée par l’association « Pour le pastoralisme dans le Loiret », le syndicat ovin, le conservatoire d’espaces naturels du centre et des éleveurs qui a montré l’intérêt du pastoralisme comme méthode de gestion et comme outil efficace pour la préservation de la biodiversité a été depuis poursuivie.
En 2010 le Conservatoire des espaces naturels du Centre et la chambre d’agriculture du Loiret lancent l’opération « Pasto’Loire » en vue d’étendre la pratique du pâturage extensif qui répond aux objectifs du Plan Loire Grandeur Nature en matière d’entretien et de restauration des milieux ouverts et aux objectifs de préservation de la biodiversité remarquable de l’Union européenne du réseau NATURA 2000 qui recouvre toute la vallée de Loire (cf. www.cen-centre.org/pasto-loire).
L’opération Pasto’Loire s’est étendue à d’autres départements dont le Cher et la Nièvre soutenue par le Conservatoire des espaces naturels de Bourgogne, les conseils généraux, le pays sud Nivernais, des communes (Cuffy, Challuy, la Celle/Loire….) et des associations comme PAST’HORIZON.
A propos de PAST’HORIZON et de son appel à soutien
PAST’HORIZON est un collectif de trois bergers ambulants, d’une chevrière et de sympathisants réunis en association depuis 2013. Il développe son activité de pastoralisme en bord de Loire sur les départements du Cher, du Loiret et de la Nièvre où on a pu suivre le périple de 350 brebis des prairies d’Herry au Bec d’Allier, et à Challuy, chaque berger menant de site en site son troupeau pour lui permettre de paître la végétation délaissée des bords de Loire.
Le but de PAS’Horizon est d’aider de jeunes bergers à acquérir la formation pour mener à bien cette démarche d’éco-pastoralisme ligérien dans laquelle ils désirent s’engager mais également de les accompagner ensuite dans la création de leur exploitation sur d’autres sites. Le collectif ambitionne de parvenir à réunir sur le val de Loire 8 à 10 bergers.
PAST’Horizon lance un appel afin de pouvoir acquérir un troupeau de 100 agnelles ou brebis pour permettre à un nouveau berger de développer son activité sur le territoire qu’il lui confiera aux abords de Nevers.. Elles seront le point de départ d’un troupeau de 250 à 300 brebis d’ici deux à trois ans qui permettra au berger d’atteindre son autonomie. Le budget à prévoir est de 12000 euros, le collectif peut assurer 50% de ce financement , l’appel solidaire porte sur 6000 euros.
Voici les sites où vous trouverez toute l’information sur ce projet et les modes de soutien financier.
www.mymajorcompany.com/pasthorizons-soutenez-les-bergers-des-bords-de-loire
www.pasthorizonloire.blogspot.com
L’expérience lancée il y a près de vingt ans dans le Loiret a démontré que le pastoralisme reposant sur un élevage extensif d’espèces rustiques est particulièrement bien adapté à l’entretien régulier et écologique des bords de Loire. Faute de quoi la végétation reprend très vite le dessus avec pour conséquence une fermeture du paysage et une perte de biodiversité. La richesse patrimoniale naturelle ligérienne est en effet directement liée à la présence de strates de végétation diversifiées où cohabitent milieux ouverts (prairies, pelouses sèches..) et bosquets ligneux et à chacun de ces milieux sont associées des espèces (mammifères, oiseaux, insectes…)
Mais l’intérêt de cet éco- pastoralisme va bien au-delà d’une réponse à un problème d’entretien du lit majeur de la Loire vis-à-vis de la préservation de la biodiversité et du risque inondation qui nécessite pour freiner le courant le maintien de zones d’expansion des crues en amont des zones urbanisées.
Il concrétise une autre vision de la société ou économie sociale et solidaire a toute sa place, où protection de l’environnement et de la nature est conciliable avec viabilité économique qui repose ici sur une production de qualité vendue en circuit court. Il est aussi porteur d’une dimension culturelle en ce qu’il participe à l’identité d’un terroir et en tant que tel peut être un support de développement rural notamment en matière de tourisme. Des élus l’on bien compris qui participent à la valorisation de cette activité traditionnelle (cf la journée « fête du pastoralisme » à Cuffy, projet de Challuy d’héberger troupeau et berger en dehors des périodes de transhumance…).
Sans oublier, que l’éco-pastoralisme trouve naturellement sa place dans plusieurs grands projets nationaux issus du Grenelle de l’environnement que les collectivités locales doivent mettre en œuvre comme « la trame verte et bleue » et la « Stratégie nationale pour la biodiversité » (2010-2020).
Plus prosaïquement en adéquation avec les préoccupations actuelles puisque son impact environnemental est quasiment nul, l’éco-pastoralisme connaît un fort engouement en tant que mode de gestion alternatif des espaces verts moins coûteux que le gyrobroyage et le désherbage chimique y compris auprès d’ entreprises publiques ou privées qui disposent de vastes terrains comme RTE pour ses postes électriques à haute tension notamment dans l’Ouest et en Franche Comté , une expérience qui pourrait concerner les 2500 postes du réseau…
J. Thévenot
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