NEVERS - PLACE MOSSÉ : ON RECOMMENCE !
PLACE MOSSÉ A NEVERS
ON RECOMMENCE !
Fin 2017, le maire de Nevers accordait un permis d’aménagement de la Place Mossé à la société d’économie mixte NEVERS AMÉNAGEMENT. Permis retiré sans explication le 29 janvier 2018. Entre-temps, les associations LOIRE VIVANTE, DECAVIPEC et NAE avaient déposé un recours en annulation auprès du Tribunal Administratif de Dijon qu’elles ont donc retiré.
2020 IDENTIQUE A 2017 : INCOMPREHENSIBLE
Le 16 septembre 2020, est accordé un nouveau permis d’aménagement de la Place Mossé. Les mêmes associations ont décidé de retourner devant le Tribunal Administratif de Dijon pour les mêmes raisons.
Ce projet envisage «d’améliorer l’environnement» de la place Mossé et la circulation autour de la place de Régemortes en tête du pont de Loire.
Que l’on procède à un « toilettage » de la place Mossé, personne n’y voit d’inconvénient si cela se fait avec discernement et concertation.
Par contre, la solution voulue pour «améliorer» la circulation est loin d’être compréhensible. Il s’agit de démolir une partie du Belvédère et son mur de belles pierres, d’établir une rampe de 15 mètres de large au ras de la Loire avec un remblai en pleine zone inondable de niveau fort (A3) et de rétablir un système de feux tricolores sur toutes les voies, y compris, bien sûr, au sommet de cette rampe qui aura une déclivité de 10 %.
La place Mossé - novembre 2020
FEUX OU ROND-POINT ? ON TOURNE EN ROND !
Des feux, il y en avait jusqu’au début des années 2000. On les a abandonnés pour un rond-point. On aurait pu tenter de les rétablir avec la voirie actuelle, mais cela n’a pas été évoqué. Pourquoi cela marcherait mieux avec la voie supplémentaire envisagée ? Evidemment, rien ne le démontre.
Certains ont évoqué la réouverture de l’arche du Pont de Loire, comme l’architecte des Bâtiments de France, avec une rampe de sortie boulevard Pierre de Coubertin. Rejetée sans étude sérieuse au prétexte d’un coût considérable, argument qui ne repose sur rien.
Il est vrai que la circulation est délicate sur le pont de Loire aux «heures de pointe». Il faut, en moyenne et selon l’étude de circulation effectuée en 2016, huit minutes pour franchir le pont de Loire le matin. Mais le reste du temps, il n’y a aucun problème. Des feux n’arrangeraient rien et encore moins la rampe au pied de la place Mossé côté Loire. On se demande même si cela n'aggraverait pas la situation.
NEVERS EN ZONE INONDABLE
Il se trouve qu’il existe, depuis 2001, un Plan de Prévention des Risques d’Inondation (PPRI) qui interdit clairement de remblayer les zones d’aléas moyens et forts. Ce PPRI est raisonnable. Il prévoit des exceptions et des dérogations si les travaux de remblaiement sont justifiés par des impératifs de service public. Nulle part dans le dossier il n’est fait allusion à cet impératif et donc nulle part le remblai dans cette zone inondable (qui fait partie des champs d’expansion des crues) n’est justifié.
Depuis de longues années, l’Agglomération de Nevers travaille sur la problématique des inondations. Cela a conduit au renforcement des digues, à l’établissement de scénarios «de crise», à convaincre habitants et élus des risques encourus. Ces contraintes ne sont manifestement pas toujours bien comprises.
Inondations en 2008 à l'emplacement prévu de la nouvelle voie
UN ENVIRONNEMENT EXCEPTIONNEL QUI SERA PERTURBÉ
Avec la Place Mossé, Nevers bénéficie d’un site exceptionnel. On ne se lasse pas de la vue sur la Loire. La présence des îles où viennent nicher les sternes et diverses espèces migratoires est unique et justifie un arrêté de protection d’un biotope remarquable. L’étude environnementale, enfin réalisée (bien qu’incomplète), relève la présence d’une faune de 67 espèces (4 espèces patrimoniales et protégées de mammifères – chauve-souris – 8 espèces patrimoniales et protégées d’oiseaux, 3 pour les reptiles, etc...), d’une flore de 132 espèces dont 18 espèces patrimoniales.
Bords de Loire et Îles aux sternes - novembre 2020
Avec une voie de circulation au «ras des moustaches» de la future place Mossé et son futur belvédère dont les matériaux seront loin de valoir ceux qui font le charme de celui d’aujourd’hui, on est à peu près certains que Nevers perdra une partie de son identité.
Une rénovation hypothétique de l’îlot du Grand Monarque gagnerait bien plus avec une place Mossé proche de ce qu’elle est aujourd’hui que celle aseptisée d’un aménagement banalisé tel qu’il est envisagé dans le dossier.
UNE CIRCULATION IMPORTANTE
Certains font remarquer que la circulation automobile est toujours aussi importante à cet endroit malgré une diminution considérable de la population (environ 8.000 habitants de moins depuis 1999). Il faudrait s’interroger sur certains aménagements à l’Ouest de Nevers comme l’implantation du nouvel hôpital dans un «cul-de-sac» par exemple qui génère une circulation accrue. Mentionner cela ne résout en rien le problème d'aujourd’hui mais cela montre que certaines décisions sont lourdes de conséquences à long terme.
La décision du Tribunal Administratif sera intéressante. Dans un contexte général où les accidents climatiques et les inondations provoquent des dégâts considérables, souvent dus à des aménagements inconsidérés dans des zones à risques, doit-on rester rigoureux sur les principes et les textes ou peut-on «composer» avec des «accommodements» qui ouvrent la porte à d’autres excès ?
François LABALLERY
DECAVIPEC
Novembre 2020
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