Nature et Environnement en Nièvre

Nature et Environnement en Nièvre

DECAVIPEC - 2010 Année internationale de la biodiversité

2010 année internationale de la biodiversité : vrai changement ?

 

 

Le 20 décembre 2006, l'Assemblée Générale des Nations Unies a proclamé 2010 Année Internationale de la biodiversité, une cérémonie a marqué son lancement le 11 janvier à Berlin en Allemagne.

 

Selon la convention pour la biodiversité biologique (CDB) adoptée à Rio en 1992, la biodiversité désigne «la variabilité des organismes vivants de toute origine, y compris entre autres, les écosystèmes terrestres, marins et autres systèmes aquatiques et les complexes écologiques dont ils font partie; cela comprend la diversité au sein des espèces ainsi que celle des écosystèmes».

 

Pour faire simple, ce texte entré en vigueur en 1993, établit un cadre d'action mondial visant à assurer la préservation, l'utilisation durable et le partage équitable des bénéfices de la biodiversité, il a été ratifié par 191 états.

 

Etat des lieux : l'urgence

 

La moitié des espèces de mammifères sont en déclin et 20% sont aujourd'hui menacés d'extinction. Plus de 50% des reptiles d'Europe sont en déclin et pour 23% des amphibiens et 21% des reptiles, la situation est si grave qu'ils sont sur la liste rouge européenne.

Concernant les oiseaux, la liste des espèces menacées (1226) de disparation ne cesse de s'allonger, 4 sont éteintes et 190 en situation critique.

Pour certaines catégories de plantes la situation est très préoccupante.

 

Dans tous les cas, la principale menace est la destruction des habitats, en raison de l'agriculture, des aménagements ou encore de l'exploitation forestière.

 

Dans les océans, la situation est tout aussi alarmante, une grande variété d'espèces marines est menacée par la surpêche, le changement climatique, les espèces envahissantes, l'urbanisation du littoral et la pollution. Cela concerne les poissons, les tortues, les coraux, les oiseaux marins.

 

De 1993 à 2010 les objectifs «ralentir l'érosion de la biodiversité» non seulement n'ont pas été tenus, mais le bilan s'est aggravé.

 

Milieux naturels nivernais : dégradations et actions*

 

La dégradation et la destruction des milieux naturels par extraction de granulats alluvionnaires (Les extractions de granulats, autrefois effectués en lit mineur se sont déplacés vers le lit majeur actuellement sur 3 sites), assèchement et curage des zones humides, drainage agricole des prairies humides, pollution par les nitrates et les pesticides, barrages, retenues d'eau, la liste des causes de disparition des poissons d'eau douce est longue.

 

15 espèces sur 95 recensées sont menacées de disparition, en particulier les poissons migrateurs amphihalins.

Plusieurs programmes sont engagés en matière de poissons migrateurs :

-         Contrat de retour aux sources

-         Plan Loire Grandeur Nature

On peut noter entre autres actions l'aménagement d'une passe à poisson à Decize (barrage sur la Loire), mais de nombreux obstacles en aval sont très pénalisants en matière de libre circulation.

Seules 3 stations sont en très bon état dans le bassin Loire-Bretagne. L'observation de l'état piscicole dans les cours d'eau de ce bassin depuis 1995 permet de constater une baisse de la qualité physicochimique due aux pollutions diffuses, d'assainissements, industrielles et agricoles.

 

Un exemple et baromètre écologique : Les plus vieilles moules, la Grande Mulette et la Mulette perlière, remarquables par leur longévité exceptionnelle (150 à 200 ans), vont bénéficier d'un plan national d'actions de sauvegarde. Elles ont pâti  toutes les deux, une dans la Loire et l'autre dans les rivières, de la forte dégradation écologique de nos cours d'eau. Si une eau est déclarée « potable » avec un taux de nitrates inférieur à 50mg/litre, la Mulette perlière est incapable de se reproduire si ce taux excède 1,6mg/litre. Constat éloquent, les deux espèces ne se reproduisent quasiment plus depuis des décennies.

 

Les seules populations de Grande Mulette recensées sont situées dans l'Ebre (Espagne), la Vienne, la Creuse, la Dordogne et la Charente pour la France. Elle a disparu complètement de la Loire et est classée par l'IUCN** comme «en danger critique d'extinction».

 

Economie et biodiversité

 

La disparition ou la dégradation d'un milieu peut nuire à certaines espèces et profiter à d'autres, d'où la complexité d'appréhender cette problématique. L'évaluation pose des questions de subjectivité et de méconnaissance de la biodiversité.

A l'heure où le produit intérieur brut est devenu l'indicateur de référence de nos sociétés, la biodiversité est une chose trop sérieuse et vitale pour la laisser aux seuls économistes***.

 

Donner une valeur économique à la biodiversité revient à poser la question sur son utilité. Que valent les services rendus par les insectes pollinisateurs et combien coûterait un éventuel remplacement de ce rôle par la technologie ? Question surréaliste ? Mais elle est une des nombreuses questions posées dans les différents travaux d'économie de la biodiversité.

 

Je conclus par la réflexion de l'astrophysicien Hubert Reeves qui invite à « passer au plan B(iodiversité), et à s'engager dans la voie d'une nouvelle relation entre l'humanité et le vivant».

 

Alors 2010 : année dont l'objectif est d'enrayer la destruction des ressources végétales et animales. Le défi est proclamé par l'ONU, ce n'est pas l'occasion d'une grande fête mais cette année doit poser les jalons d'un vrai changement…

 

Le projet «Agenda 21» du Conseil Général de la Nièvre est loin d'être en accord avec une réelle volonté de progrès et de changement.

 

 

                                                                                                      Danièle Auclin

 

*     Données du SDAGE « Eau-Loire-Bretagne »

**   UICN : Union Nationale pour la Conservation de la Nature

*** Jean-Michel Salles chercheur au CNRS

 

 

 

 



03/02/2010
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