Nature et Environnement en Nièvre

Nature et Environnement en Nièvre

LVNAC- le bassin versant : unité naturelle pour la gestion de l'eau (3)

Le bassin versant : unité naturelle pour la gestion de l'eau (3)


Comprendre les enjeux


Le premier constat et conséquence directe du cycle de l'eau, toutes les parcelles du bassin versant sont reliées entre elles , et tous les milieux aquatiques sont interdépendants. L'eau est par ailleurs liée aux autres ressources naturelles , biodiversité, gestion des sols, forêts..., par conséquent sur ce territoire chaque geste, chaque intervention, chaque projet, chaque autorisation, chaque programme ou politique a des effets directs sur l'eau et les écosystèmes aquatiques qui président à son stockage et au maintien de sa qualité. De plus nos grands cours d'eau, leur état en témoigne... sont là pour nous rappeler que les impacts que subit le bassin versant sont cumulatifs et résultent des interactions de plusieurs activités et utilisations qui s'ajoutent les unes aux autres. Considérées séparément, chacune peut avoir peut-être un effet négligeable mais cumulées dans un même bassin elles peuvent engendrer des effets négatifs majeurs sur la ressource eau..

Ajoutons que les problèmes environnementaux se répercutent d'un bout à l'autre du bassin versant. L'aval dépend de l'amont,( pollutions, pompage, aménagements-barrages, seuils-)

Mais l'amont dépend aussi de l'aval, pensons aux barrages qui interdisent la remontée des poissons migrateurs....


Le deuxième constat c'est que nous vivons tous sur un bassin versant. A des titres divers

nous sommes tous des utilisateurs de l'eau et demandons qu'elle nous soit assurée en qualité et en quantité pour répondre à tous nos besoins: alimentaires et de santé, industriels, agricoles , énergétiques, de transport, de loisirs...Ces différents usages se traduisent par des prélèvements (directement dans les rivières, ou dans les nappes alluviales ou les nappes profondes) et par des rejets (domestiques, agricoles, industriels...) dont il vaut mieux prévoir les effets indésirables dans le cadre d'une vision d'ensemble.

De ce qui précède il ressort que:

-le bon état de l'eau dépend du bon fonctionnement des systèmes naturels, terrestres et aquatiques du bassin versant

-la protection et la restauration de la ressource eau et des écosytèmes qui lui sont associés ainsi que le maintien de tous leurs usages est un enjeu pour l'ensemble de la communauté qui réside dans un bassin versant. La résolution des problèmes de l'eau implique une gestion , coordonnée, collective et solidaire qui nécessite la participation et l'implication de tous les acteurs de l'eau, utilisateurs, élus, services de l'Etat, associations consommateurs, environnement....

Le bassin versant est la bonne échelle pour cette gestion puisque c'est l'assurance de prendre en compte l'ensemble des activités (impacts cumulatifs) qui peuvent avoir un impact sur l'eau et les écosystèmes aquatiques à l'intérieur de ses limites.

Il permet d'assurer cette concertation nécessaire, puisque sur son territoire, existe une solidarité de fait très étroite entre tous les habitants tributaires du même cours d'eau ou de la même nappe pour satisfaire leurs besoins.


La gestion de l'eau à l'échelle du bassin versant:


En France depuis la loi sur l'eau de1964 la gestion de l'eau a pour cadre les 6 bassins hydrographiques c'est à dire le territoire traversé par un fleuve, de l'estuaire à la source et l'ensemble de ses affluents: bassins Seine Normandie, Loire Bretagne, Rhin- Meuse, Rhône Méditerranée et Corse, Adour Garonne, Artois-Picardie (pour les rivières du Nord), sans oublier les bassins d'Outre-mer. Un même département peut appartenir à plusieurs bassins c'est le cas de la Nièvre dont un partie de ses eaux est drainée vers la Seine (bassin seine-Normandie) via l'Yonne dont les sources se situent sur la ligne de partage des eaux, au pied du mont Preneley (le plus haut sommet de la Nièvre 850 mètres), près de Glux et une autre vers la Loire ( bassin Loire-Bretagne) dont le bassin versant occupe le sud, le centre, l'ouest et le nord -ouest (sous-bassins Acolin, Allier, Aron, Canne, Cressonne, Mazou, Nièvre, Nohain, Vrille).





Trente ans plus tard, la loi du 3 janvier 1992 marquait une nouvelle étape en consacrant l'eau patrimoine commun de la nation et en inscrivant sa protection et sa mise en valeur au rang des missions d'intérêt général.

Elle met en place deux outils de planification de la gestion des eaux:

- un global dans chaque bassin hydrographique, le SDAGE (Schéma Directeur d'Aménagement et de Gestion des Eaux ) élaboré par l'ensemble des acteurs de l'eau ( utilisateurs, gestionnaires) réunis au sein du comité de bassin qui fixe les grandes orientations et priorités de la politique à mener à l'échelle du bassin. Le SDAGE s'impose aux décideurs publics.

- et les SAGE (Schémas d'Aménagement et de Gestion des Eaux) outil d'action locale qui déclinent les priorités des SDAGES dans les sous-bassins des affluents.

Les SDAGE qui dataient des années 1996 ont fait l'objet d'une révision en 2009 pour intégrer les nouvelles obligations de la directive européenne du 23 octobre 2000 à savoir le bon état des eaux ( écologique, chimique, disponibilité suffisante pour les différents usages) pour 2015. Par exemple l'objectif du SDAGE Loire -Bretagne, auquel appartient en grande partie la Nièvre est 61% des eaux en bon état d'ici 2015 contre 30% aujourd'hui. Les deux principaux axes de progrès pour atteindre ce résultat portant sur la lutte contre les pollutions diffuses agricoles et la restauration du caractère naturel des rivières c'est à dire corriger les altérations de la morphologie des cours d'eau dues aux aménagements type endiguements, seuils, consolidation des berges, qui ont des impacts déterminants sur les habitats, les espèces (animales, végétales) et sur l'eutrophisation.


Où en est -on dans la Nièvre:


Alors que sur tout le territoire national et dans le bassin Loire -Bretagne notamment, se mettent en place des opérations bassins versant ( SAGE, contrat de rivière, contrat de milieux, contrat d'entretien ou de restauration des cours d'eau...) notre département apparaît en la matière particulièrement en retard. A ce jour dans la Nièvre cette approche de la protection de la ressource en eau dans les bassins versants est à peine amorcée avec le projet de contrat de rivière de la Nièvre dont la mise en route laborieuse à bien montré les difficultés pour faire émerger ce type de projet et le mener à bien avec l'adhésion de toutes les communes concernées, en l'absence d'une volonté politique locale forte.

Les maires des bassins du Nohain, de la Vrille et du Mazou entament une réflexion sur une démarche globale. Les problèmes rencontrés sur ce secteur alimentation en eau potable, prélèvements (bassin Nohain et Mazou) sont liés à l'agriculture intensive. Le bassin de la Vrille lui, souffre d'une présence importante d'étangs.

Rappelons que les collectivités sont aidées financièrement dans leur projet bassin versant , par les agences de l'eau, le conseil régional et éventuellement des fonds européens.


La gestion par bassin versant conduit à la mise en oeuvre de solutions moins onéreuses et plus efficaces pour préserver et améliorer la santé de nos cours d'eau et de leurs milieux associés que la gestion du coup par coup, par chaque commune sur son pré carré, sans tenir compte ni de l'ensemble du territoire naturel d'écoulement des eaux ni des besoins et des impacts des autres usagers opérant en amont ou en aval.

Ce mode de gestion permet par la concertation de faire participer les usagers de l'eau ( élus, administrations,agriculteurs, industriels, pêcheurs, opérateurs touristiques, associations protection de l'environnement) à la prise de décision quant aux objectifs à atteindre et aux actions à privilégier pour concilier les usages parfois conflictuels entre la préservation des écosystèmes et les activités économiques. Il permet d'avoir une vision commune à long terme, d'informer les habitants du territoire sur les pressions exercées sur l'environnement et sur la qualité de l'eau, de mettre en place des actions de sensibilisation et de mobilisation.

On attend donc que notre département rattrape son retard en matière de gestion solidaire de l'eau, en donnant la priorité aux actions de prévention sur les actions de dépollution. Cela implique l'adhésion et la responsabilisation de tous face à l'utilisation des ressources à commencer nous semble t-il par celles des élus en tant que premiers responsables de la qualité de l'eau qu'ils distribuent, de la qualité de vie de leur communauté, et de l'aménagement du territoire en raison des pouvoirs qui leur sont accordés en matière d'urbanisme.


J. Thévenot







































02/02/2011
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