LVNAC - Algues vertes en Bretagne
Bretagne, tiens des algues vertes !
Les médias ont fait un large écho à la récente et brève rencontre (10 minutes ... peur de l'asphyxie !?)) du 20 août de notre Premier Ministre, François Fillon, à l'Ulva Armoricana dites «algues vertes» suite à la mort par asphyxie d'un cheval, sur une plage des Côtes d'Armor le 28 juillet (2 chiens avaient subi le même sort en juillet 2008). C'est lui qui va prendre en charge ce dossier. Ce même jour était rendu public, un rapport demandé par Chantal Jouanno à l'INERIS (Institut national de l'environnement industriel et des risques) qui confirmait ce que l'on savait déjà «que la décomposition des algues vertes est susceptible d'émettre des gaz qui à certaines concentrations peuvent être dangereux pour la santé». Dans la baie de St Michel-en-Grève, où est mort le cheval, les concentrations en hydrogène sulfuré avoisinaient les 1000 ppm (parties par million) alors qu'une concentration supérieure à 500 ppm est potentiellement mortelle.
Cette prolifération d'algues vertes … est directement liée au fort taux de nitrates et dans les sols et dans les eaux dus aux activités agricoles intensives. L'épandage en surplus des effluents (lisier des élevages industriels, poulets, porcheries ...) sur les cultures se retrouve par lessivage dans les cours d'eau qui se déversent dans les baies.(l'excédent de fertilisation est estimé en moyenne en Bretagne à plus de 30 kg/ha/an).
Cours d'eau pollué aux nitrates
Dès les années 1970 le professeur Lefeuvre (ancien président des FNE) soulevait la question des algues vertes. Les associations environnement : Eaux et Rivières de Bretagne, Halte aux marées vertes, Sauvegarde du Trégor, De la source à la mer. ne cessent de dénoncer ce scandale, d'interpeller l'Etat et de saisir les tribunaux.
Le tribunal administratif de Rennes, saisi par ces associations, a condamné les préfets des Côtes d'Armor et du Finistère dans un jugement du 27 septembre 2007, les estimant responsables des marées vertes. Les faits qui leur sont reprochés (et connus de tout le monde) sont accablants : régularisations massives d'élevages illégaux, validation d'études d'impact insuffisantes, absence de contrôles des élevages, dysfonctionnement des CDH (conseils départementaux d'hygiène) qui se contentaient d'entériner les autorisations, retard dans la transposition de la réglementation européenne en matière de protection des eaux contre les nitrates agricoles ...
Et le comble c'est que le ministre de l'Ecologie a pris la défense de ces préfets et a fait appel de ce jugement !
Enfin, ce problème a fait l'objet de maintes études : rapport du comité scientifique de l'environnement de la région Bretagne (1998), colloque IFREMER (1999), rapport de la cour des comptes (2002), l'excellente étude et combien édifiante de François Piquot: «24 mois de fonctionnement du CDH d'Ille et Vilaine» (2000).
Peut-on être optimiste quant aux mesures qui vont être mises en place pour faire cesser une situation qui présente des risques sanitaires importants et des atteintes scandaleuses à l'environnement. Le gouvernement a annoncé la mise en place d'une mission interministérielle, une de plus, (environnement, santé, pêche) qui doit dans les trois mois, déterminer un plan d'action pour lutter contre la prolifération des algues vertes, ainsi que des moyens de ramassages et de protection efficaces. Par ailleurs l'Etat prendra en charge la dépollution des plages les plus touchées.
On ne voit pas dans ces mesures navrantes, un début de lutte sérieuse contre les causes de cette pollution mais simplement une tentative d'en traiter des conséquences. Ce n'est pas en améliorant le ramassage des algues (voire en les lavant : si si vous ne rêvez pas, à titre expérimental a été installée à une époque sur la plage de St Michel-en-Grève une machine à laver les algues ... payée par des fonds publics évidemment) que l'on va régler le problème de la Bretagne mais en s'attaquant aux nitrates et à une diminution drastique de leur teneur dans les eaux des rivières. Il faudrait ne pas dépasser des concentrations de 15 mg/l, voire 10mg/l alors qu'on en est à 50mg/l ou plus.
Le Grenelle de la mer a proposé de réduire de 40% d'ici 2012-2014 la pollution aux nitrates et phosphates dans les zones les plus sensibles. Est-ce crédible alors que depuis 20 ans sont mis en place en Bretagne des programmes coûteux et inefficaces tout en continuant à autoriser des porcheries industrielles !. Quand par ailleurs, on voit à quel rythme avance le Grenelle de l'Environnement (ou ce qu'il en reste ... Faut-il rappeler que ce dernier ne comportait aucun groupe de travail sur l'eau sous prétexte que le problème eau est transversal. Il s'est retrouvé dilué (!) dans le groupe biodiversité et ressources naturelles et agriculture. Pas par hasard évidemment, il n'est pas question d'empêcher l'agriculture intensive, fortement défendue par la FNSEA qui nie être à la source de la pollution nitrates ..., de continuer ses méfaits et à l'agro-business de continuer à prospérer.
Chargement d'algues sur une plage de Bretagne
La preuve, c'est que, comme tous les préfets de l'hexagone, les préfets de Bretagne viennent en application de la directive Nitrates de 1991, de prendre un nouvel arrêté portant sur le 4ème programme de protection des eaux contre les nitrates de source agricoles. C'était l'occasion de prendre enfin des mesures efficaces. Manifestement l'occasion n'a pas été saisie.
Les associations de défense de l'environnement ne cessent de dénoncer l'irresponsabilité de l'Etat et son absence de volonté de mettre en oeuvre une véritable politique de prévention et de vraies solutions de réduction des pollutions à la source sur tout le territoire national au lieu de faire diversion avec des mesurettes.
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