LES OUBLIÉS DE PONT-CARREAU (GIMOUILLE ET CHALLUY)
LES OUBLIÉS DE PONT-CARREAU (GIMOUILLE ET CHALLUY)
SITE SEVESO SEUIL HAUT : FINAGAZ-ANTARGAZ
Après la catastrophe de Toulouse le 21 septembre 2001 où l’explosion d’un dépôt de nitrate d’ammonium de l’usine AZF avait provoqué la mort de 31 personnes et plus de 2500 blessés sans parler des dégâts matériels considérables, les pouvoirs publics ont pris conscience des risques encourus par les riverains d’installations industrielles.
Diverses lois ont découlées de cette catastrophe avec, entre autres, l’institution de Plans de Prévention des Risques Technologiques (PPRT).
Dans la Nièvre, il y a quatre sites concernés dont trois classés SEVESO seuil haut (RHODIA à Clamecy, ARDI SA à Garchy, FINAGAZ-ANTARGAZ à Gimouille) et un classé SEVESO seuil bas (APERAM ALLOYS à Imphy).
A Gimouille, différentes démarches ont été entreprises depuis une quinzaine d’années pour aboutir à un arrêté préfectoral le 29 juin 2017 définissant le degré de danger en fonction de la distance (voir carte) et les différentes mesures prises.
La zone la plus proche du site comportait 7 constructions dont un dépôt commercial. Situées dans cette zone dite de «délaissement», ces constructions ont donné lieu à des expropriations intégralement indemnisées (à hauteur de près de 2 millions d’euros) par l’industriel, l’Etat et diverses collectivités territoriales (Région, Département, Agglomération de Nevers).
Dans un deuxième cercle figurent 28 habitations pratiquement toutes au Pont-Carreau dont deux sur la commune de Challuy et les autres à Gimouille. Là, pas d’expropriation mais des «recommandations» ou des «préconisations» incitant les propriétaires à effectuer des travaux de protection du bâti sur les ouvertures (fenêtres, portes) ou les toitures et les vérandas.
Mais pour ces habitants, les modalités de financement sont différentes. 90 % des dépenses (plafonnées à 20.000 € ou à 10% de la valeur vénale des maisons) sont à la charge des mêmes protagonistes que ceux cités ci-dessus, les 10 % restant étant à la charge des propriétaires. Ce que les habitants ont contesté dès l’enquête publique. De plus, on a découvert, à travers des textes ambigus (qu’il faut lire «en creux», selon un représentant de la DREAL – Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement) que ces habitants pour beaucoup propriétaires de ch’tites mayons dirait-on dans le Morvan, devaient avancer l’intégralité du montant des travaux. Sans que soit précisées les modalités de versement des différentes contributions, bien entendu.
Dès 2013, l’association DECAVIPEC et sa présidente Danièle AUCLIN, se sont impliquées dans la défense des intérêts des habitants du Pont-Careau. En 2017, les habitants se sont regroupés en association (Les Gémoliens de Pont-Carreau présidée par Gilles Chardonneret) pour mieux faire valoir leurs préoccupations. Ces deux associations font partie de la Commission de Suivi de Site.
Les deux élus du Conseil Départemental (2015 – 2021), Carole BOIRIN et Pierre BISCHOPP se sont largement impliqués dans ce dossier et obtenu en 2020 l’engagement du Conseil Départemental dans un PIG spécifique (Projet d’Intérêt Général). Martine GAUDIN, élue en 2021, a pris le relais.
Mais curieusement et on ne sait pas pourquoi, ce dossier provoque de la zizanie.
La Préfecture de la Nièvre et certains services de l’Etat ont affiché des positions contradictoires et ambigües selon l’interprétation qu’ils font des textes dont on a dit qu’ils n’étaient pas toujours très clairs. Plusieurs réunions ont d’ailleurs été annulées et reportées sans explication.
La Municipalité de Gimouille ne s’est guère impliquée au Pont-Carreau, considérant en 2021 que l’essentiel du dossier était «classé». Tant pis pour les «oubliés» du Pont-Carreau …
L’Agglomération de Nevers, ou du moins certains de ses membres, serait à l’origine de l’annulation (encore !) de la réunion prévue le 21 février 2023 à Gimouille.
Seul le Conseil Départemental reste cohérent dans son attitude et propose de servir d’intermédiaire dans les différentes démarches nécessaires à la recherche d’une solution équilibrée.
Le plus préoccupant, c’est que le temps passe et les délais réglementaires indiqués dans l’arrêté préfectoral de 2017 arrivent à échéance entre 2023 et 2025. Certains sont déjà dépassés.
Les riverains veulent bien les travaux de renforcement de leurs maisons et sont moins demandeurs de travaux d’isolation comme on leur propose. D’ailleurs, une bonne partie d’entre eux ne seraient pas éligibles à ces travaux d’isolation … qui n’ont rien à voir avec la protection des habitations contre les risques technologiques.
On lit dans le projet de compte-rendu de la dernière réunion de la CSS du 12 octobre 2022, que ces tergiversations pourraient être provoquées par le sentiment de certains (Fonctionnaires et Élus) qu’il ne faudrait pas que ces travaux de protection contre un risque d’explosion puissent «profiter» aux habitants en donnant une plus-value à leur maison, eux qui ne sont, pourtant, que les victimes de la situation en vivant à quelques centaines de mètres d’une bombe potentielle dont «les responsables institutionnels» ont encouragé l’installation en son temps ! Une véritable honte …
Mis à part le Conseil Départemental qui semble le plus clair, tout le monde se défile. Pourtant, quand on lit les rapports d’inspection de l’installation FINAGAZ- ANTARGAZ, il est fait état d’un certain nombre d’incidents plus ou moins inquiétants dans le fonctionnement du site.
En résumé, veut-on mettre en place un minimum de protection de ces «oubliés du Pont-Carreau» ou s’en remettre à la Providence dont, c’est bien connu, personne ne connait les desseins … ?
François LABALLERY
DECAVIPEC
Février 2023
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