Le hérisson- participons à sa protection
Le hérisson : participons à sa protection
Le hérisson d’Europe Erinaceus europaeus serait selon plusieurs études britanniques d’environnementalistes et de scientifiques en danger de disparition. Depuis vingt ans en Grande Bretagne ces petits mammifères ont perdu 30% de leur effectif. S’agissant de la France il n’existe aucune donnée statistique nationale, mais à priori on ne voit aucune raison pour que cette espèce connaisse dans notre pays une situation meilleure les menaces qui pèsent sur lui étant identiques :
►- la circulation routière : on évalue pour la France à 1 à 3 millions de hérissons écrasés par an ( avec une moyenne de 1,8 millions ce chiffre est une extrapolation des pertes annuelles sur le seul département d’Alsace de 26000 à 48500) ce qui représente 24% des hérissons. Il faut y ajouter les pertes par les engins agricoles.
►- l’empoisonnement (26% de la mortalité) par les pesticides, herbicides, antilimaces répandus dans les jardins et sur les cultures. Au premier rang les néonicotinoïdes neurotoxiques qui les affectent directement par ingestion des granulés et indirectement lorsqu’ils mangent des proies imprégnées de ces produits . L’utilisation massive des pesticides conduit à l’effondrement des populations d’insectes, celles des hérissons dont c’est la nourriture, subit le même sort.
►- Enfin les hérissons souffrent de la destruction de leurs habitats avec l’extension des villes, des réseaux routiers, la disparition des milieux naturels (haies, bocage, …) et des couloirs de circulation qu’on appelle les corridors écologiques constituant un réseau de trames végétales indispensables pour le déplacement sans danger des espèces d’un milieu vital à un autre. Les hérissons doivent aujourd’hui souvent parcourir de grandes distances pour trouver de la nourriture ( 13% meurent d’épuisement et de faim), des partenaires et des abris pour l’hibernation, ce qui augmente leurs risques de périr. On constate qu’ils désertent les campagnes devenues hostiles pour se rapprocher des parcs des villes et des jardins.
Comme les hérissons sont en général fidèles à leur domaine l’occasion de leur venir en aide nous est offerte dès lors que l’on possède un jardin à condition qu’il soit grand ou en communication avec un milieu qui leur est favorable (prairie, bosquet, lisière …), ou les deux ce qui est l’idéal.
Un jardin coin de paradis pour les hérissons :
-► on y jardine en bannissant tous les poisons
-► le jardin doit être accessible ….de petits passages de 7 cm de hauteur et 10 de large sont suffisants sous les clôtures, les murs, mais jamais côté route. Il en faut plusieurs, notre petit animal doit pouvoir passer dans le terrain d’à côté , il a besoin de 5 à 10 ha pour vadrouiller normalement, jusqu’à 2 km…
-► il doit présenter toutes les conditions nécessaires à la vie du hérisson, nourriture, abri, reproduction. Plus le jardin sera grand plus il sera aisé d’y répondre dejà sur le plan de la topographie ( création de dépressions, de buttes, murets, tas de pierres, de bois de branchages..)
- ►des plantes d’un jardin naturel : l’ élément le plus important ce sont les buissons touffus et les haies, on parle ici de haies naturelles diversifiées d’essences locales : prunelier, sureau, sorbier… Le hérisson adore les longer c’est là qu’il peut s’abriter contre ses ennemis et les intempéries. Il y trouve l’essentiel de sa nourriture, vers de terre, larves d’insectes, mille pattes, cloportes, chenilles, araignées…petits escargots prospèrent dans les feuilles mortes qui s’accumulent.
On veillera à tailler la haie de manière à ce qu’elle ne se dénude pas à la base. Les débris de la taille plus ou moins broyés laissés sur place en paillage constitueront de bonnes cachettes pour le hérisson ( attention le paillage d’écorces du commerce ne convient pas).
Autre élément important de hautes herbes sauvages ou cultivées –eupatoire, orties, filipendule, salicaire….
On comprendra la nécessité de laisser des zones s’ensauvager c'est-à-dire sur lesquelles on n’intervient pas, c’est d’autant plus facile évidemment dans un grand jardin.
-► leur fournir des refuges bien au sec: est un moyen d’attirer les hérissons. A l’automne ils recherchent des endroits bien abrités pour hiberner (octobre/novembre- mars/avril). Ce peut être des arbres creux, des tas de branchages, de pierres. Dans nos jardins ils peuvent trouver refuge sous un abri de jardin, un appentis, un escalier, un vieux tas de gazon, de feuilles mortes , de bois ( il faut alors penser à aménager un espace au moment de l’entassement du bois).
A défaut il est facile de lui bricoler une cabane dans un endroit calme au pied d’une haie, d’un mur avec un cajot, une caissette en bois ou plastique (hauteur 15 cm, largeur 40/50) posée à cheval d’un trou (7 cm de profondeur /20 cm de diamètre).L’enfouir sous de la paille , du foin ou des feuilles mortes (bien sèches), protéger par une bâche maintenue par des branchages. A proximité de la caisse mettre un tas de feuilles mortes bien sèches. Le hérisson les rentrera tout seul. Leur disparition vous avertira que le nid est occupé…défense alors de déranger son occupant !. De même on ne déplacera pas un tas de feuilles ou de gazon sans s’assurer qu’il n’est pas habité.
En toute hypothèse un jardin ne sera accueillant pour les hérissons que s’il met à leur disposition des réserves de feuilles d’arbres pour la fabrication de leurs nids d’hiver
-► prévoir les dangers : 10% périssent par noyade, blessures, brûlures
Le hérisson fonce droit devant lui sans éviter les obstacles…. Les chutes dans des cavités à ciel ouvert et bétonnées sans rampe de secours (grillage à maille fine, planche avec marches en linteaux) serait la sixième cause de décès des hérissons dans l’incapacité d’escalader les parois lisses des bassins, puisards, regards, petits bassins d’agrément, piscines… ( prévoir un radeau sur lequel notre petit ami pourra se réfugier jusqu’à ce qu’on vienne le délivrer….le lendemain matin)
Attention aux filets de protection des cultures qui traînent au sol dans lesquels il peut s’étrangler, idem pour les morceaux de tuyaux où il peut se coincer. Les entrées des canalisations doivent être obturées par du grillage fin.
- Faut-il lui donner à manger ?
Le hérisson se débrouille très bien tout seul. Notre aide va cependant lui être indispensable en cas de longues périodes de sècheresse et à l’automne car les petits de l’année doivent atteindre le poids de 450 grammes pour avoir suffisamment de graisse pour supporter la période hivernale. Les pâtés et granulés pour chat leur conviennent très bien … Protéger le récipient par un couvercle pour éviter le chapardage par d’autres animaux (le hérisson a un très bon odorat !).
Ne jamais donner de lait et du pain qui lui provoquent de dangereuses diarrhées. En revanche toujours prévoir une gamelle d’eau peu profonde et toujours fraîche ( une grande soucoupe de pot de fleurs fait très bien l’affaire) à moins de la présence d’un point d’eau (sans danger…).
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Comment savoir si votre jardin abrite un hérisson ?
Le hérisson est un animal nocturne. Une promenade la nuit vous permettra peut-être de le repérer : bruits de ses trottinements ( très vivaces….), soufflements bruyants, grognements, petits jappements……
Un hérisson qui vagabonde en plein jour ou se repose à découvert est donc un comportement anormal il a peut-être besoin d’aide mais pas forcément… il n’est pas rare de voir en été des petits en vadrouille….ne pas les déplacer les observer dans le meilleur des cas ils ne tarderont pas à retrouver leur mère…Dans le cas contraire il est en danger, il faut le rentrer et le réchauffer
On tombe parfois sur un hérisson roulé en boule qui semble se reposer. S’il a été effrayé lors d’un déplacement il se remettra en route dans les 10 à 15 minutes. Au-delà il peut être blessé ou malade…, 16% meurent de parasitisme
Outre le fait qu’on n’est pas forcément compétent pour le soigner…il est illégal de détenir un hérisson puisque c’est une espèce sauvage protégée. Mais pour la même raison on doit s’ils sont blessés ou malades les prendre en charge en attendant les conseils d’une association ou de les apporter chez un vétérinaire ou dans un centre de la faune sauvage seuls habilités pour prescrire des soins.
Attention à notre amour des animaux qui peut nous conduire à rapporter à nos maisons des individus qu’on considère en danger. S’agissant des hérissons les déplacer par exemple pour leur éviter les périls de la route peut conduire à condamner à mort ses petits non sevrés…
Mais la loi interdit tout autant à n’importe quel particulier de prendre l’initiative de détenir pour le soigner un hérisson de son jardin !.
La réglementation française sur les animaux protégés de la faune sauvage est très stricte.
- Pour avoir le droit de s’occuper des hérissons il faut détenir un certificat de capacité. Une demande est à déposer auprès de la DDPP de votre département. Le certificat est délivré suite à un oral : vérification de vos connaissances (textes de loi qui régissent les hérissons, expériences, lectures), petit mémoire sur l’animal, diplômes scientifiques…. , Mais attention ce certificat permet seulement de s’occuper des hérissons dans le cadre d’un centre de soins
- Et pour ouvrir un centre de soins il faut une autorisation supplémentaire : avec contrôle de la capacité d’accueil du futur centre et justifier de stages effectués en centre de faune sauvage pendant deux ans et d’expériences réelles. Un tel temps de formation pour des bénévoles est pour beaucoup hors de portée ; 50 départements sont dépourvus de centre de soins !
Il en résulte une pénurie de lieux de soins et la mort de milliers de hérissons qui pourraient être sauvés. Il faut faire des dizaines de km voire des centaines pour trouver un centre pour faire soigner un hérisson en détresse avec le risque qu’il meurt pendant le voyage quant aux vétérinaires dans la plupart des cas ils ne peuvent pas les prendre en charge.
Alors que le Royaume Uni compte 800 centres de soins pour hérissons avec 43000 volontaires dévoués à cette cause et en sauvent 30000 par an , La France en est à 500 bénévoles dans 30 centres (22 pour la faune sauvage, et 8 spécialisés) et seulement 2000 hérissons sauvés par an !
En Nièvre il n’y a aucun centre de soins pour hérissons. Le refuge de Thiernay à La Fermeté nous a mentionné l’association ATOUPIC dans le Cher
24 Provenchères
18120 MASSAY (sud de Vierzon)
mail: atoupic@orange.fr
Anne Dupuy, présidente tél : 0248519098
Son site http://www.degrave.fr/Atoupic/lassociation.html apporte beaucoup d’informations sur l’espèce et l’aide que l’on peut lui donner
Avant d’apporter un animal au centre toujours prendre contact
Modifier une réglementation qui apparaît inadaptée pour sauver un maximum de hérissons
Une pétition signée par 92000 personnes a été adressée au Président de la République et à son ministre N. HULOT (www.change.org/p/sauvons-les-herissons-en-danger) pour demander la densification du réseau des personnes habilitées à sauver les hérissons. A savoir :
- un statut juridique pour les bénévoles aidant les centres de faune sauvage ou des vétérinaires qui pourraient signer un externat avec un bénévole pour un maximum de 10 hérissons, avec un suivi (soins, poids, relâchage…) sous la responsabilité du centre ou du vétérinaire référent. Actuellement garder sans être titulaire d’un certificat de capacité, un hérisson chez soi pour le soigner s’apparente à la détention illégale d’espèce protégée (article L411-1 du code de l’environnement jusqu’à 1500 euros d’amende)
De même des personnes pourraient dans ce cadre ( avec les conseils d’un centre de soins ou d’un vétérinaire) garder les hérissons trop petits pour hiberner à l’extérieur avant de les relâcher au printemps, cela ne demande aucune installation spéciale, un carton suffit.
- l’établissement d’un réseau national de référents vétérinaires qui pallierait l’absence de centres de faune sauvage et établissement de tarifs concertés pour les centres et les bénévoles
- Il est demandé une réduction de la durée de stage dans un centre de faune sauvage nécessaire pour ouvrir un centre de soins mais elle est discutée car en ce domaine la bonne volonté ne suffit pas il faut des compétences…l’objectif est de réserver la détention d’animaux sauvages à des professionnels.
- il est évidemment impératif de recréer un environnement favorable aux hérissons, arrêt des pesticides, replantations de haies, bocage, sur les routes installation de passages à faune, limitation de la vitesse dans les campagnes…
- classement du hérisson comme « espèces prioritaire » (cas en Angleterre depuis 2007) en faire l’animal de référence pour sensibiliser dès le plus jeune âge au respect de la nature sauvage, mettre en place une campagne de sensibilisation du grand public, réalisation d’un comptage des populations et suivi statistique.
Nombre d’associations de protection de la nature ont énoncé ces propositions lors de la consultation publique sur un projet d’arrêté relatif aux conditions générales encadrant l’activité de détention d’animaux d’espèces non domestiques. Notre ministre N. Hulot se rendrait « utile »… en les prenant en compte. A suivre donc !
• 9% des hérissons seulement sont victimes de leurs prédateurs naturels, renards, blaireaux, grands-ducs….son plus grand ennemi aujourd’hui c’ est l’homme avec ses modes de consommation et de production.. En dépit du lourd tribut qu’il paie à la route, aux poisons, à la destruction de son habitat, le hérisson apparu il y a 60 millions d’années montre la vitalité et l’adaptabilité de son espèce… Mais il est urgent d’agir car la diminution de sa population s’accélère et il pourrait disparaître. Ce petit mammifère commun est un bon indicateur de la dégradation considérable en une vingtaine d’années de la biodiversité de nos campagnes (dite ordinaire) qui constitue la majeure partie de notre patrimoine naturel. Il appartient donc à chacun d'entre nous d’agir à son niveau.
J. Thévenot
www.lesanctuairedesherissons.eu une foule d’informations notamment sur les premiers gestes à faire en attendant de contacter un centre de soins
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