EN MARGE DE LA COP26
EN MARGE DE LA COP26 …
Tout d’abord, merci à Jacqueline Thévenot pour sa présentation de la COP26, son analyse intéressante et, presque, exhaustive des problématiques environnementales que nous devons affronter.
J’aimerai, en toute modestie, compléter son remarquable travail de synthèse même si je ne partage pas l’emballement discutable sur la notion de réchauffement climatique et les effets de cette polarisation sans nuance. Je précise que je n’ai (pratiquement) pas l’intention de proposer de solutions au contraire d’un certain nombre.
- Tout d’abord, le « sujet oublié » … Très peu de gens mettent l’accent sur la démographie. Nourrir et permettre à 7 ou 8 milliards de vivre (contre 1 à 2 milliards au début du XXème siècle) explique en bonne part l’acuité des problèmes que nous devons affronter. Les démographes estiment que l’humanité devrait s’accroître de 3 ou 4 milliards d’habitants au cours de la première partie du XXIème siècle. C’est un fait … peu abordé.
- La nourriture. L’humanité a su faire face à l’augmentation de sa population en la nourrissant approximativement bien : en excès dans certaines parties du monde, en défaut dans de trop grandes proportions. Nos systèmes agricoles pourront-ils tenir le coup avec l’accroissement inéluctable de la population tout en réduisant les distorsions actuelles ?
- Le « confort ». En Occident et dans certaines autres parties du monde, « on » ne vit pas trop mal. Logements plus ou moins grands, à peu près bien chauffés, correctement confortables. Là encore, il y a des différences dont nous n’avons pas toujours bien conscience. Il semble illusoire que tout le monde puisse vivre selon les normes de confort des pays occidentaux ou asiatiques développés. Même en devenant très « sobres », il semble illusoire de croire que cela profitera aux très pauvres du bout du monde ou proches quand une inflation de 2% nous bouscule.
- L’énergie. C’est l’une des clés essentielles pour lesquelles, on le sait ou devrait le savoir, il n’y a pas de solutions idéales. Tout d’abord, il faut distinguer l’usage direct d’une source d’énergie de sa transformation en énergie « secondaire » comme l’électricité. Se passer des énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon) d’ici à 2040 ou 2050 est impossible au niveau mondial pour l’utilisation directe quoique l’on puisse imaginer. Chauffage, industries, déplacements (transports individuels et collectifs : véhicules, avions, bateaux). On peut déplorer qu’en deux cents ans d’utilisation du charbon, l’ingéniosité humaine n’ait pas su trouver des solutions pour réduire les pollutions liées à sa combustion. Dommage ( !), nous disposons de 3.000 ans de réserves de charbon sur la Terre ! Mais il paraît qu’on y travaille.
- La question du nucléaire est délicate. Si on ne parle que d’énergie civile, on est bien obligé de reconnaître son efficacité incomparable pour produire de l’électricité en quantité importante. Reste à résoudre le problème des déchets sur lequel « on » bute depuis 70 ans. Des évolutions techniques semblent émerger plus ou moins rapidement. Mais, sur le fond, l’utilisation « militaire » de ces technologies demeure un risque vital pour toute l’humanité. Bref un pari risqué sur la « sagesse » humaine !
- L’électricité est une énergie « secondaire » qui peut être produite à partir des énergies fossiles, du nucléaire, comme à partir de sources dites (improprement) renouvelables. L’énergie solaire, avec les techniques connues, tout comme l’éolien sont des énergies intermittentes non pilotables ni stockables (pour l’instant) qui sont loin d’apporter une réponse aux besoins de l’humanité en électricité. La durée de vie de ces équipements (20, 25 ans ?) posent des problèmes de recyclage qui ne sont guère abordés sans oublier les besoins en matières premières excessivement polluantes qu’elles nécessitent pour être mise en œuvre, sujet dont on parle peu. A ce jour, le stockage de l’électricité produite par ces énergies intermittentes n’a pas de solution sérieuse.
- Sur le chapitre des modes de vie plus « sobres » dont parle Jacqueline Thévenot, je partage son point de vue avec quelques remarques. La « sobriété » est à géométrie variable selon les parties du monde dans lesquelles on vit. Ce concept s’applique évidemment aux « pays riches » de façon plus ou moins justifiée.
- Par ailleurs, personne n’évoque le poids de la publicité et des méthodes de bourrage de crâne à la mode « orwellienne ». Par exemple, il n’y a pas si longtemps, la publicité pour les voitures était interdite à la télévision. Que dire du décervelage intensif de la publicité, de la « communication » ou des « idéologies » par les moyens de communication (télévision, écrans de toutes natures). Que dire de l’utilisation des techniques très pointues et insidieuses du numérique pour sonder nos cœurs, nos pensées, nos pauvres moyens de subsistance et « nous guider » vers les bons choix !
- On n’aborde peu, également, l’augmentation inéluctable de la consommation d’électricité. Mais l’utilisation de l’électricité dans le domaine numérique (entre autres) commence à se poser : de près de 4% de la production mondiale d’électricité aujourd’hui, elle pourrait passer à 10% en très peu de temps (2025 – 2030). Les déplacements en véhicules électriques, si l’on poursuit intégralement les folles décisions prises, ne seront plus possibles à l’échelle de la planète. D’abord pour des raisons de disponibilité de cette énergie. Ensuite, par la consommation de matières premières dont l’extraction et le traitement ne sont pas tenables à très court terme comme pour le numérique (téléphones, tablettes, ordinateurs de toutes sortent, etc …). Sur ce point, il est curieux de cibler la Chine ou l’Inde qui « font le sale boulot » à notre place.
- Enfin, dernière remarque avant bien d’autres, « on » préconise les déplacements à pied ou en vélo. Cette vision « urbaine et occidentale » néglige les 20 à 30 % de gens qui n’habitent pas « en ville ».
François Laballery
28 novembre 2021
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