Nature et Environnement en Nièvre

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DECAVIPEC - Captage et stockage du CO2 : Solution pour les pays dépendants du charbon ?

Captage et stockage du CO2 :

 

Solution pour les pays dépendants du charbon ?

 

 

Source d'énergie symbole du XIXème siècle, le charbon a  encore de belles années devant lui. D'ici 2030, la Chine  installera 1300 gigawatts de puissance électrique générés à 70% par du charbon. Les Etats-Unis produisent environ la moitié de leurs kilowattheures à partir de  houille ou de lignite et possèdent les premières réserves mondiales de charbon.

 

L'Angleterre créera 4 ou 5 centrales à charbon d'ici 2015 et le Danemark (je pensais naïvement que Copenhague était un symbole pour les énergies renouvelables) reste un des premiers pays en Europe pour la part des combustibles fossiles utilisés dans la production d'électricité (46% de charbon, 12% de fioul et 24% de gaz)*, utilisation supérieure à l'Allemagne. La consommation nette d'électricité du Danemark augmente de 1,8% par an.

 

En 2050, les deux tiers des rejets de CO2 proviendront des centrales à charbon. Sauf si l'on parvient à capter le gaz à effet de serre pour l'enfouir.



Comment capter et stocker le carbone ?

 

A l'heure actuelle 140 projets ont été répertoriés dans le monde.

Au cœur des techniques promises à un bel avenir dans le cadre de lutte contre le réchauffement, le captage et le stockage du CO2 n'en finit pas d'alimenter la polémique.

La Société française Alstom a inauguré fin octobre une installation pilote de captage et de stockage de carbone (CCS) dans la centrale de Mountaineer en Virginie aux Etats-Unis.

Le principe de la capture du CO2 et de son injection dans le sous-sol est utilisé depuis plusieurs décennies sur les forages pétroliers. Mais installer une unité de CCS dans une centrale à charbon déjà en service est techniquement plus complexe :

 

-          Détournement d'une partie des gaz d'échappement, filtration et séparation du soufre et des particules.

-          Séparation du CO2 de l'azote et de la vapeur d'eau par un solvant (par ex : ammoniac réfrigéré).

-          Séparation du solvant par chauffage.

-          Compression du CO2 pour obtenir une forme liquide.

-          Injection dans le sous-sol.

 

Et en France ?

 

La France, comme de nombreux pays, soutient les travaux de recherche sur cette technologie. L'ADEME a expertisé et instruit 5 projets qui devraient bénéficier de 100 millions d'euros au total. Ils concernent soit le captage soit le stockage. «Le captage et le stockage du CO2 doit être une filière prioritaire parmi la grande panoplie actuelle des filières vertes» a déclaré Matthieu Orphelin, de la direction de l'ADEME. L'objectif est d'avoir des technologies déployables d'ici 2025. Outre la méthode expérimentée en Virginie par Alstom, le captage pourrait s'effectuer par antisublimation : givrage puis dégivrage des gaz sur les fumées de centrales à charbon. Véolia a un projet de CCS pour un incinérateur de Seine-et Marne et Arcelor-Mittal souhaite expérimenter à Florange, en Moselle le captage et stockage du haut-fourneau. Total propose d'expérimenter le stockage dans des aquifères salins du bassin parisien.

 

Atouts- Défauts

 

Le CCS présente plusieurs atouts : le premier est un impact écologique fort, suivi par un grand potentiel de croissance du marché au niveau mondial.

 

Ces techniques pourraient contribuer à hauteur de 20 à 30% à la réduction des émissions de gaz à effet de serre dans l'industrie d'ici à 2050.

 

Mais pour les associations environnementales, le CCS a plusieurs défauts :

-          La gestion des puits de stockage poseraient des problèmes de sécurité sur le long terme (risques en cas de faille, quel type de roches à privilégier, comportement du carbone injecté).

-          Cette technologie détournerait les financements des autres alternatives entre autres les énergies renouvelables.

 

Quel est le coût de cette technologie ?

 

Sur les 1300 mégawatts produits par la centrale de Mountaineer, seulement 20 MW sont concernés, cela permettra d'enterrer 100 000 tonnes de CO2 par an. Le tout pour 120 millions de dollars, financés par Alstom, American Electric Power et l'allemand RWE.

 

A l'évidence, enfouir le CO2 revient encore très cher, bien au-dessus de 50 euros la tonne, même si le coût peut baisser dans l'avenir proche. La taxe norvégienne sur le CO2, nettement plus élevée que le coût du stockage, a permis une expérience à grande échelle de stockage dans un aquifère salin situé sous le fond de la  Mer du Nord depuis 1996 par le pétrolier norvégien Statoil.

 

Le rapport coût/bénéfice pour les industriels dépendra des futures législations, issues ou non de la conférence de Copenhague : Si rejeter le CO2 dans l'atmosphère continue d'être gratuit cette technique ne pourra pas devenir rentable.

La seule solution est de réduire les coûts du CCS, coûts qui doivent être alignés sur ceux de l'émission de ce gaz à effet de serre.

 

Les représentants décideurs de Copenhague sont-ils prêts à augmenter  les prix de l'énergie ? Ils penseront d'abord en fonction du poids du charbon et des autres énergies pour leur Etat.

 

Et la capacité de séquestration de CO2 par les écosystèmes ?

 

Les émissions de CO2 ne sont pas seulement liées à l'industrie et aux transports. L'agriculture intensive, déjà décriée pour son impact sur l'environnement et la santé, se voit aussi remise en cause pour son rôle dans le réchauffement ainsi que l'exploitation massive de bois, qui limite la capacité de séquestration des forêts.

Auparavant un équilibre se créait, les rejets de l'agriculture étaient stockés par les sols, la végétation et l'atmosphère, ces échanges de carbone passaient pour l'essentiel dans le milieu terrestre par la photosynthèse et la respiration. Les forêts, les prairies et les tourbières sont capables, tout comme les océans, de stocker une part du CO2 qui s'accumule dans l'atmosphère, et il y aurait corrélation (en attendant de prouver la cause) du changement climatique.

 

En Europe, les émissions d'oxyde nitreux (produit de dégradation des engrais) et de méthane (digestion et excréments du bétail), produites par les cultures et élevages intensifs, dépassent les captures de CO2 opérées par les forêts et les prairies.

 

Ainsi les écosystèmes terrestres de l'UE émettent au final plus de gaz à effet de         serre qu'ils n'en absorbent, alors que sur l'ensemble du globe la moitié des GES rejetés dans l'atmosphère par les activités humaines, est absorbée par les océans et les écosystèmes terrestres (les EU font beaucoup mieux que nous).

 

Les décisions prises à Copenhague sauveront-elles la planète ?

 

C'est la question que l'on entend sur toutes les ondes actuellement, réagissons  par cette autre question : «les décisions prises sauveront-elles l'homme ?»

 

La planète survivra à l'homme. Il s'est toujours adapté aux changements climatiques, il a survécu et s'est développé, mais la démographie inexorable, le développement normal des pays pauvres avec des pollutions non réfrénées conduiront au manque d'eau et à l'explosion des maladies, c'est cela qui tuera l'homme et non pas la planète.

 

Alors qu'attendre du sommet de décembre ? Qu'on prenne des mesures efficaces et positives pour éviter le dégagement de CO2, qui acidifie les océans, or l'océan détermine le climat, c'est là que réside la réserve de chaleur et de CO2.

Les plus grandes avancées ne seront pas forcément prises en décembre. Je donne pour exemple un accord très important : Les Américains et les Chinois vont créer ensemble un centre de recherche ciblé sur la séquestration du CO2, cet accord est signé, c'est une démarche positive et logique, aucun pays ne se privera de ses réserves de charbon qui s'élèvent à au moins 200 ans de production. 5 pays dans le monde utilisent et exportent leur charbon : Etats-Unis, Russie, Chine, Inde et Australie.

Les autres ressources fossiles sont en voie d'épuisement, 40% des dépenses d'énergie sont dévolues au chauffage domestique, alors la solution est forcément au développement des énergies renouvelables : photovoltaïque, géothermie, et surtout isolation des habitations, l'économie crée du progrès et il y aura un retour sur investissement et création d'emplois.

 

Les mesures prises à Copenhague ne toucheront pas au développement économique, sinon ce sera l'affrontement, les Etats-Unis imposeront leur point de vue, la philosophie verte du sauvetage de «la planète (ou de l'homme)» par le biais du déclin ne sera acceptée par personne.

 

 

* Données du Ministère de l'énergie danois

 

                                                                                               

Danièle Auclin



10/12/2009
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