DECAVIPEC - ADEME et Agrocarburants
Etude de l’ADEME sur les agrocarburants de première génération : pragmatisme contestable ?
L’ADEME a publié le 8 octobre la synthèse d’un rapport sur l’analyse du cycle de vie des agrocarburants première génération. Le Réseau Action Climat-France (RAC-F) conteste les chiffres publiés et les conclusions qui en résultent.
Cette étude, conduite en 2007/2008 par Bio Intelligence Service, porte sur l’ensemble des agrocarburants disponibles sur le marché : filières bioéthanol (betterave, maïs, blé, canne à sucre), filières biodiesel (colza, tournesol, soja, palme, graisses animales, huiles alimentaires usagées) et huiles végétales pures.
Le cycle de vie des produits a été étudié «du champ à la roue» selon différents indicateurs d’impacts : émissions de gaz à effet de serre, consommation d’énergie non renouvelable, oxydation photochimique, toxicité humaine et eutrophisation.
Selon la synthèse de l’étude, non rendue publique dans son intégralité, «il se dessine ainsi des gains en matière d’énergie non renouvelable consommée et de gaz à effet de serre émis pour l’ensemble des biocarburants étudiés, gains qui devraient progresser dans les prochaines années avec le développement de la cogénération biomasse sur ces sites».
Le RAC-F est en désaccord avec les chiffres produits, les résultats de ce travail ne seraient pas objectifs.
Consommation d’énergie
Les chiffres sont contestés au regard de la non prise en compte des transports … oubli de taille ! De plus les éthanols, sauf la canne à sucre, sont produits grâce à une importante consommation d’énergie non renouvelable. Les biodiesels seraient plus sobres, mais l’étape de transformation est très énergivore.
Emissions de GES
L’étude conclut à un bilan favorable en matière d’émissions de gaz à effet de serre, moins de rejets de CO2. On peut être d’accord sur cette évidence lors de la combustion mais il faut prendre en compte l’étape agricole qui utilise une ressource fossile et la fabrication d’engrais.
L’ADEME présente des résultats très favorables pour les filières d’agrocarburants utilisés sans mélange, mais aujourd’hui en France ces produits sont mélangés aux carburants traditionnels (environ 5% et 7% prévus en 2010). Alors chiffres tronqués ?
Et la déforestation ?
Avec le développement de l’utilisation des huiles alimentaires en remplacement des produits pétroliers, nous serons obligés d’importer cette matière première. L’exemple dramatique de l’huile de palme cultivée en rasant les forêts démontre la catastrophe climatique à venir.
En intégrant les émissions dues à la déforestation en Indonésie, le bilan GES est le double de celui du diesel remplacé.
L’étude admet cependant que «les changements d’affectation des sols peuvent venir modifier grandement les résultats, voire pourrait potentiellement les inverser pour les bilans des filières d’importation mais aussi nationales par effets indirects».
Et l’ADEME estime que : «des travaux spécifiques doivent être conduits pour approfondir cette zone d’ombre …».
Le RAC-F demande des correctifs à cette étude, résultant de travaux plus impartiaux, qui devront obligatoirement lever les incertitudes qui planent quant à l’intérêt environnemental des agrocarburants européens par rapport aux événements à l’échelle de la planète.
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