Nature et Environnement en Nièvre

Nature et Environnement en Nièvre

De l'oeuf à la poule

 

De l’œuf à la poule

 

 

S’il est un produit alimentaire sur lequel les consommateurs sont  bien informés en comparaison  avec  d’autres denrées, c’est l’oeuf. Depuis 1999 sa production est encadrée par une directive européenne à laquelle s’ajoutent des normes de commercialisation. La transparence du mode de production est assurée par l’apposition sur la coquille de chaque œuf  d’un code  qui informe sur le mode d’élevage de la poule qui l’a pondu (ler chiffre de 0 à 3), le pays producteur (lettres FR pour France), l’identifiant du producteur et du bâtiment de ponte (lettres et chiffre) et la DCR (date de consommation recommandée –jour et mois-).

Ce marquage est obligatoire :

-  pour les œufs  vendus directement  du producteur au consommateur sur les marchés publics locaux  (vente autorisée pour les élevages ne dépassant pas 250 poules)  ainsi qu’à la ferme depuis le ler janvier 2015.

- pour les œufs provenant d’un centre d’emballage agrée vendus par un intermédiaire  non producteur (commerce de détail)

- pour les œufs en vrac

 

Le premier chiffre 0,1,2 ou 3 est la première information à laquelle il faut se référer si on est attentif au traitement des poules pondeuses il indique le mode d’élevage. Les 2 lettres qui suivent indiquent le pays producteur, suivies de lettres et chiffres identifiant le producteur et le bâtiment.

0      = œufs de poules élevées en plein air (agriculture biologique)

1       = œufs de poules élevées en plein air

2       = œufs de poules élevées au sol

3       = œufs de poules élevées en cage

 

 

 

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0 : poules élevées en élevage biologique  (label bio):

Qui peuvent gratter, gambader et picorer , elles  ont accès à un parcours enherbé de 4m2 de terrain par poule  minimum. A l’intérieur elles se déplacent librement dans une volière ( 6 poules au m2) ;  nourries à base d’aliments bio à 90% donc sans pesticides ni OGM dont 40% doivent être produits sur place ( le label «  Nature et Progrès » est plus exigeant 100%  d’alimentation bio); elle n’est pas exposée à la lumière artificielle et ne subit pas  de traitements médicamenteux préventifs.

La réalité est moins idyllique.  L’élevage bio n’exclut pas des concentrations de centaines voire de milliers de poules  qui entrainent des comportements agressifs (jusqu’à 3000 par bâtiment). L’accès au parcours extérieur n’est obligatoire que pendant un tiers de leur vie  donc pas obligatoire  avant que les poules n’ atteignent 25 à 28 semaines !

L’élevage bio n’exclut pas l’épointage des becs ni la destruction à leur naissance comme dans les élevages industriels des poussins mâles par broyage, gazage, électrocution, étouffement. Comme dans tous les élevages les poulettes sont placées dans les élevages de ponte à partir de 18 semaines. Elles  sont abattues après un an de ponte intensive, et  subissent comme toutes les autres les violences du transport souvent sur de longues distances et l’horreur des abattoirs ! où l’étourdissement obligatoire n’est pas forcément respecté ( voir les vidéos de l’association L214 sur les 3 scandales qu’elle a dénoncés  dont les deux derniers dans des abattoirs certifiés bio!). 

 

 

1 : poules élevées en plein air : elles ont un accès en journée à un parcours à l’extérieur 4 m2 de terrain par poule  (plein air label rouge 5m2). Le parcours en question « doit être  en majeure partie recouvert de végétation » ça n’exclut donc pas qu’une partie soit en béton. De plus l’accès au parcours extérieur se fait par des ouvertures amovibles de 40 cm de côté comment des milliers de poules parquées dans un hangar surpeuplé, stressées à mort sont elles en mesure de sortir dans ces conditions?

Les bâtiments reçoivent  9 poules au m2 (moins de 2 feuilles A4 par poule), ils bénéficient d’un éclairage naturel, de litières, de perchoirs et de nids. La taille du cheptel n’a pas de limite elle peut aller jusqu’à 15000 animaux (6000 en label rouge). L’alimentation n’est pas règlementée sauf en label rouge  (propre à la France) elle doit être 100% végétale, minérale, vitaminée Donc ne nous fions pas aux images bucoliques des boîtes d’emballages qui montrent une poule au milieu d’une immense verte prairie…..qui déguste son vers de terre….

 

 

2 : poules élevées au sol ou en volière…confinés dans un bâtiment où elles « vivent en liberté »…. dans un hangar surchauffé leur vie durant sans jamais voir la lumière du jour, à raison de 9 poules par m2. La litière n'est obligatoire que sur un tiers de la surface La taille du cheptel peut aller jusqu’à 20000 poules, elle n’est pas règlementée pas plus que l’alimentation. Ce type d’élevage représente 7% des élevages.

 

3 : poules élevées en cage dans un bâtiment  le sommet de l’horreur de l’élevage industriel.  70% des poules pondeuses (35 millions) sont élevées ainsi en France dans des rangées de cages collectives grillagées sur un sol incliné (pour récupérer les œufs devant les cages) obligeant les poules à bloquer constamment leurs pattes ce qui entraîne des lésions aux pattes et aux griffes,  sur plusieurs étages (jusqu’à 8) dans des hangars sans fenêtres. La taille moyenne en France est 100000 poules par hangar Les poules pondent en moyenne 300 œufs par an, jusqu’à l’épuisement total et dans des conditions très douloureuses car elles se retiennent de pondre, phénomène motivé par l’incapacité de protéger sa progéniture. «  La pire des tortures disait le professeur Konrad LORENZ, infligée à une poule de batterie est l’impossibilité de se retirer quelque part pour pondre.  Pour la personne qui connaît un peu les animaux il est réellement déchirant de voir comment une poule essaie et essaie encore de ramper sous ses voisines de cage pour y chercher en vain un endroit abrité ».

Les conditions de vie conduisent à des comportements agressifs. La réponse de l’élevage industriel à ces troubles dus à l’inactivité, au manque d’espace, au stress est notamment  le débecquage.

 Dans leur courte vie elles ne verront jamais le soleil,  ne pourront jamais marcher, s’ébattre ni  étendre leurs ailes avec pour résultat une atrophie des muscles et une décalcification totales et ce n’est pas la nouvelle réglementation européenne qui vient d’entrer en vigueur qui apporte de notables progrès..

Depuis  en effet le ler janvier 2012 les cages conventionnelles doivent être remplacées par des cages « aménagées » en application de la  directive sur la protection des poules pondeuses, adoptée en 1999 dont l’entrée en vigueur a été fixée en 2012, soit 13 ans plus tard, on ne peut pas dire que l’Europe n’a pas laisser aux Etats le temps de se préparer aux nouvelles normes ! Eh bien début 2012 il y avait  encore officiellement 93 élevages français (sur 534 élevages en batterie) qui n’étaient pas aux nouvelles normes soit 3 à 4 millions de poules pondeuses élevées dans des cages illégales.

Bruxelles a adressé un avis à la France (et à 9 autres pays de l’UE) de se mettre en règle, dernière étape avant la saisine de la cour de justice.

Les nouveaux aménagements obligatoires n’ont rien de grandiose, une cage même améliorée reste une cage qui ne peut en aucun cas répondre aux besoins des poules : l’espace minimum pour chaque poule  est augmentée de la valeur d’une carte postale ….(750 cm2 contre 550 cm2 (une feuille format A4)) . Ajoutons une mangeoire d’au moins 12 cm de long par poule, l’accès à un abreuvoir, un  perchoir offrant au moins 15 cm par poule, un nid artificiel ( selon l’association L214 quelques lamelles plastiques qui pendent censées  délimiter un espace séparé sur un sol grillagé, interdit par la directive…) , une litière sensée permettre le picotage, le grattage, un dispositif  à base de tapis rugueux ou de grattoir pour se faire les griffes  (un bout de papier de verre collé dans un coin…enquête L214).

 

De façon générale il n’y a aucune raison de penser que ces élevages sont mieux contrôlés que les abattoirs…!.

 

Les deux catégories d’élevage en plein air représentent environ 25% de la production  française ((8% en bio, 12% plein air, 5% label rouge).  Production qui s’est élevée en 2012 à 12,5 milliards d’œufs ; prévisions 2015 14,8 milliards ! la  France est le ler producteur de l’ UE suivie de l’Allemagne et de l’Italie. La France compte  47 millions de poules pondeuses. La consommation moyenne est de 230 oeufs par habitant et par an. Recevez mes excuses pour vous avoir gavés de chiffres qui donnent le tournis !

 

Mais vous l’aurez compris, derrière le choix de chacun des œufs que nous achetons  dans les grandes enseignes, il y a une poule qui a un sort misérable le moins pire étant celle  en élevage bio ( code 0) puis ensuite le plein air ( code 1).

 

Le code mode de production et sa signification  doivent figurer obligatoirement sur les emballages  mais attention pour la classe 3 (mais aussi la classe 2) la mention est très souvent sur le côté de la boîte en caractères minuscules, perdue au milieu d’autres informations sans intérêt. En revanche sur le dessus de la boîte figurent des mentions en gros caractères plus flatteuses, de nature à distraire…. le consommateur et à le tromper s’il ne vérifie pas la mention sur la coquille.  Exemple les œufs LUSTUCRU « très gros coque » "date du jour de ponte".  Les œufs MATINES « extra frais », "date du jour de ponte".  Les œufs « DE NOS VILLAGES » paroles d’éleveurs, "production familiale" plus photo du producteur….).  Les œufs CASINO, "date du jour de ponte, extra frais,  100% origine française, gros, catégorie A  on croule sous les informations" manque l’essentielle cachée dans un coin latéral, tous ces œufs proviennent d’élevages en cages.

 

Pour mémoire les œufs « frais » le sont tous  quel que soit l’élevage puisqu’ils sont retirés de la vente  après le 21ème jour après la ponte alors qu’ils sont considérés frais jusqu’au 28 ème….  La mention « extra-frais » ne peut être utilisée que jusqu’à 9 jours après la ponte.

Sachons aussi que dans les produits élaborés (pâtes, plats préparés, gâteaux, quiche, mayonnaise etc…) les œufs proviennent de poules élevées en cage sauf mention expresse contraire sur l’emballage sur l’origine de l’œuf «  œufs de poules élevées en plein air »… en sachant que le bio lui, bannit les élevages en batterie.

 

Nous l’avons vu qu’en France l’élevage en cage reste  prépondérant (70% des 47 millions de poules pondeuses contre 80% en 2012 il y a donc une évolution..).  Mais des pays ont fait le pas,  l’Allemagne, l’Autriche, la Suisse  l’ont totalement interdit. Dans d’autres cas ce sont les grandes surfaces elles-mêmes qui bannissent de leurs rayons les œufs de poules élevées en cage.

 

La France reste en retard en ce domaine. Dans mon secteur Imphy-Decize je n’ai repéré pour le moment qu’une enseigne, Attac à Imphy qui ait informé ses consommateurs de la suppression de cette catégorie d’œufs.

 

Le CNAD veut interpeller sur ce sujet les grandes surfaces de la Nièvre.  Nous avons besoin de vous pour mener cette enquête. Merci de jeter un coup d’œil au rayon œufs  des commerces que vous fréquentez et de nous indiquer s’ils continuent à commercialiser les œufs de batterie (3). Nous vous invitons à le faire dans la rubrique commentaire de cet article ainsi l’information sera connue de tous.

 

La cause des poules en cage ferait un grand pas en avant si la restauration collective publique notamment les mairies renonçaient aux œufs issus de ces élevages en batterie.

 

Quant aux consommateurs il importe déjà qu’ils ne contribuent plus sans le savoir à l’élevage en batterie faute de connaître le code inscrit sur la coquille puisque les sondages montrent que 90% d’entre eux sont favorables à son interdiction.

L’obstacle du prix est à relativiser ; l’association L214 a « calculé un surcoût de moins de un euro par mois et par personne » en cas de passage de l’œuf de batterie à  celui de plein air. Sur nos marchés on peut trouver de petits producteurs qui nous informent sur leur élevage et même nous invitent à aller le visiter lorsqu’ils n’ont rien à cacher.

Enfin on peut se passer d’œufs si on a fait le choix du végétalisme ou du véganisme (refus de l’exploitation  animale sous toutes ses formes (nourriture, habillement, produits cosmétiques etc..)  les protéines végétales pouvant aisément remplacer les protéines animales. Il existe de nombreux sites sur la recherche  « comment remplacer les œufs ».

 

                                                             J. Thévenot

 

 

 

Des associations qui oeuvrent pour la protection des animaux d’élevage

 

www.welfarm.fr Protection mondiale des animaux de ferme

www.L214.com

www.ciwf.fr

 www.oeufs.org un petit guide sur les oeufs très bien fait



03/04/2016
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