Nature et Environnement en Nièvre

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COp 27-Accord sur le financement des "pertes et dommages"

 

 

Climat -Cop 27 – Accord sur le   financement  « des pertes et dommages»

 

 

Le financement  « des pertes et dommages » a été enfin inscrit à l’ordre du jour de la COP 27 sur le climat qui s’est tenue du 6 au 19 novembre à Charm-el-Cheikh  en Egypte ; il a été au centre des négociations et il a fallu  jouer les prolongations pour parvenir à un « accord ». Les pays du Sud en voie de développement, les petits Etats insulaires, extrêmement vulnérables aux catastrophes climatiques de plus en plus fréquentes et intenses, (sècheresse, vague de chaleur, inondations,* feux, cyclones, mais aussi  à des événements plus lents telles la montée des eaux ou la désertification), réclamaient depuis trente ans un fonds dédié pour financer les dépenses liées aux pertes et dommages inévitables  et  irréversibles causés par le réchauffement climatique. Cest-à-dire des dommages pour lesquels il n’est pas possible  pour des raisons techniques ou financières  de mettre en place des stratégies d’atténuation  ou d’adaptation  aux risques. Ils se sont toujours heurtés à un refus des pays riches, Etats-Unis et Europe en tête. Rappelons que ces pays du Sud  constituent un groupe très actif  ( groupe des 77 + la Chine) qui  représente plus de 80% de la population mondiale (6,5 milliards d’habitants).

- Le premier argument avancé par les pays du Sud pour demander au Nord de revoir le système financier international pour les aider en cas de catastrophes naturelles c’est la responsabilité historique des pays occidentaux dans le changement climatique en raison de l’augmentation massive de leurs  émissions de GES à partir de la moitié du  19ème siècle, liées à une industrialisation fondée sur une consommation intensive des énergies fossiles (charbon, pétrole,gaz).

- Leur  second argument c’est qu’ils paient le prix fort des émissions de GES  responsables de la crise climatique qui n’intéresse pas que le futur mais a déjà des effets très concrets dans certaines régions du monde Leurs revendications  de plus en plus pressantes se sont alors exprimées en  terme de justice climatique et de solidarité, leur niveau de développement ne leur permettant pas de faire face aux aléas climatiques qu’ils subissent  alors  qu’ils sont le moins responsables de la crise climatique.

 

Les pays occidentaux de leur côté de COP en COP se sont toujours opposés à la mise en place d’un  mécanisme dédié sur le financement pour les pertes et préjudices (distinct du financement de l’adaptation et de l’atténuation – réduction des émissions de GES), renvoyant sans cesse la question à des groupes de travail (Mécanisme international de Varsovie –COP 19, Réseau de Santiago-COP 25 à Madrid, COP 26 Glasgow mise en œuvre d’un dialogue de deux ans…,  et à l’ouverture de la  COP 27 notre Président n’a pas hésité à  annoncer une fois encore la création d’un groupe des sages de haut niveau sur les financements innovants…..

 

Les pays du Sud ont enfin été entendus !

 

Si jusque -là les pays industrialisés ont toujours refusé d’accéder à leur demande c’est par crainte d’être tenus légalement responsables de leurs contributions historiques au changement climatique et d’être obligés de verser des indemnisations aux pays vulnérables pour les pertes et dommages subis.

 

Car en  filigrane de la question  « pertes et préjudices » ce sont celles de la responsabilité et de la compensation qui apparaissent… Et selon les projections, les coûts des pertes et dommages    pourraient s’élever à  entre 290 et 580 milliards de dollars/an  en 2030 et jusqu’à 1700 milliards en 2050.

 

De fait ce concept de responsabilité historique du Nord est inscrit  dans les premières négociations sur le climat

 

 La Convention cadre des nations Unies pour le changement climatique de Rio de Janeiro (1992) pose le principe de la responsabilité commune mais différenciée. Tous les pays ne sont pas tenus de faire les mêmes efforts, il faut prendre en compte la responsabilité historique des pays dans l’accumulation dans le temps des GES dans l’atmosphère et tenir compte par ailleurs des capacités inégales d’adaptation  au réchauffement climatique dont disposent les différents pays. Ce faisant la Convention cadre a inscrit  une ligne de partage entre d’un côté les  pays développés (Nord) de l’autre les pays en développement (Sud) et le concept de responsabilité historique des seuls pays industrialisés.

 

Ainsi le protocole de Kyoto, entré en vigueur en 2005, fixe des objectifs contraignants de réduction des émissions pour les seuls pays industrialisés regroupés dans l’Annexe 1( en gros les pays de l’OCDE  - réduction d’au moins  5% de leurs émissions  par rapport à 1990 pour la période 2008-2012.  Les pays en développement, les pays dont l'économie est en transition (dits émergents comme le Brésil, la Chine, l’Inde et l’Indonésie…., sont également parties prenantes au protocole mais ne sont pas concernés par l’engagement de réduction d’émissions de GES malgré leur taux de croissance et leur prévision de pollution aussi important sinon plus grand que celui des Etats Unis  ( qui n’ont pas ratifié le Protocole – le Canada  en 2011 s’en est retiré pour échapper aux sanctions).

Le protocole a été reconduit jusqu’en 2020 à la COP 18 de Doha avec de nouveaux engagements pour les Parties de l'annexe 1 : réduction de leurs émissions d'au moins 18% par rapport à 1990.  Les pays qui se sont mis d’accord sur le second protocole ne représentent que 15% des émissions mondiales de gaz à effet de serre (absence du Japon, Canada, Etats-Unis, Russie, Chine….

 

L’accord de Paris (2015) pour la première fois en plus de 25 ans de politique internationale du climat, demande des efforts à toutes les Parties, c’est la fin de la dichotomie entre les pays développés (qui jusqu'ici étaient les seuls à avoir l'obligation de réduire leurs émissions) et les pays en développement et émergents. Il maintient le concept posé par la Convention cadre  de responsabilités « communes mais différenciées et capacités respectives ».

 

S’agissant des pertes et préjudices

 

Son article 8 se contentait  de reconnaître« la nécessité d’éviter les pertes et préjudices liés aux effets néfastes des changements climatiques,…de les réduire au minimum et d’y remédier… » sans prévoir aucune assistance financière pour les victimes climatiques.

 

La création d’un fonds de réponse aux « pertes et dommages » est maintenant acté sur  le papier… La décision  a été qualifiée d’historique.  Il va falloir la concrétiser, on ignore quels pays financeront ces pertes, quels montants seront alloués et à quels pays et sur quels critères. Ses modalités de mise en place  doivent être élaborées par un comité spécial pour être adoptées à la COP 28 qui se tiendra à Dubaï en 2023.

 

Les discussions vont à n’en pas douter être une fois de plus houleuses…

C’est l’Union européenne qui a fait bouger les choses en proposant de créer un nouveau fonds alors qu’elle s’y opposait jusqu’alors.

Mais elle a posé ses conditions : qu’il soit réservé aux pays les plus vulnérables et non pas à tous les pays en développement, qu’il soit abondé par d’autres pays que les pays développés  et qu’ils s’accompagnent d’engagements climatiques renforcés.

C’est la remise en cause de la Convention cadre de 1992 qui distingue d’un côté les pays riches qui abondent les fonds  du reste  des pays du monde. Parmi eux des pays pauvres mais également  des pays qui n’appartiennent plus aux pays en développement en raison des moyens financiers colossaux dont ils disposent (Arabie Saoudite, Qatar..), de leur croissance  rapide (Chine, Inde, Brésil, Afrique du sud, Russie, Indonésie…) et qui sont donc devenus d’importants émetteurs de CO2. En 1990 34% des émissions de GES provenaient des pays en développement, elles s’élevaient en 2003 à 58%.  L’Inde et la Chine seront en 2030 les plus grands émetteurs….

 

Gageons que la question du financement  des » pertes et dommages »  et la mise en place d’un mécanisme rapidement accessible restera la mère des batailles en 2023.

Rappelons que  les pays riches n’ont toujours pas tenu leur engagement de 2009 de porter à partir de 2020 à 100 milliards de dollars par an le financement aux pays pauvres pour leur adaptation au dérèglement climatique et   la réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre (fonds vert).  Cet objectif devrait être atteint en 2023…et il est  déjà bien inférieur  aux besoins estimés- 160 à 340 milliards d’ici 2030 et entre 315 et 565 milliards d’ici 2050 !…

 

Pour le nouveau fonds « pertes et dommages » l’Union Européenne  propose qu’il soit financé par «une large base de donateurs»… en clair  la participation des pays dits « émergents » au premier rang desquels la Chine.

 

Les pays du Sud demandent l’application du principe pollueur payeur par   le biais d’une taxe mondiale sur les bénéfices des grandes compagnies   pétrolières et gazières une douzaine dans le monde (Exxon, Total , BP, Shell, Aramco…qui  font des milliards de dollars de profit.

Il faut donc s’attendre à  une grande activité des lobbystes des énergies fossiles et à leur présence en masse à la COP28  comme elle l’a été à celle qui vient de se clore en Egypte. Un véritable scandale ils étaient plus nombreux (636) que les pays les plus vulnérables !  

Un lobby extrêmement puissant qui peut être satisfait  de la COP 27 puisque  la question de la sortie des  énergies  fossiles  principale cause du réchauffement climatique est passée à la trappe. Alors qu’il faudrait les réduire de moitié en huit ans si l’objectif de 1°,5 maximum de réchauffement  était pris au sérieux. Il a été maintenu ( contre la Chine, l’Arabie saoudite, l’Inde qui voulaient rayer ce chiffre plafond..) mais les plans pour y parvenir sont inexistants.  Et que dire du paradoxe d'accepter de réparer les impacts du changement climatique sans s’attaquer à ses causes ?

 

Donc pas un pas de plus n’a été fait par rapport à la COP 26 (Glasgow)  qui n’avait acté  sous l’action de l’Inde et de la Chine qu’une réduction progressive du seul charbon.  

Le même bras de fer s’est répété à la COP 27.  L’Inde (pour se racheter ?) a cette fois milité pour une sortie de toutes les énergies fossiles, pétrole et gaz inclus. L’opposition est venue des  pays producteurs, Arabie saoudite, Iran, Russie… et de l’Egypte pays organisateur !

Le texte final  mentionne  pour la première fois  le développement des énergies renouvelables et rajoute des énergies « à basse émissions ». Une expression qui ouvre la porte à toutes les dérives. Elle désigne généralement le nucléaire mais pourrait  être étendue au gaz,  moins émetteur de CO2. Rappel : l’Union européenne a accordé le label « vert » au gaz et au nucléaire c’est-à-dire reconnues comme nécessaires pour lutter contre le changement climatique !.

 

C’est Dubaï, qui recevra l’an prochain la COP 28, donc les rois du pétrole, qui ne demandent qu’une chose, continuer à exploiter l’or noir ;

ils ne manqueront pas d’inviter  en nombre les lobbyistes des combustibles fossiles qui eux tirent leurs profits de sa vente !.

 

                                                          j. thévenot

 

 pakistan.jpg

* le Pakistan    vient d’être durement touché par des pluies sans précédent :2 millions d’habitations détruites, 8 millions de personnes déplacées, 1700 morts, un taux de pauvreté qui pourrait doubler,.. 30 milliards de dégâts et pertes économiques....

 

 

 

 

https://ecologie58.blog4ever.com/cop-25-encore-un-sommet-pour-rien-1

un petit panorama de COP en COP…….

 https://ecologie58.blog4ever.com/cop26-sauver-l-accord-de-paris-1

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



29/11/2022
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