Les Etats généraux de l'alimentation
LES ETATS GENERAUX DE L’ALIMENTATION
Les Etats généraux de l’alimentation (EGA) une promesse de campagne du Président de la République (absent ce jour là) ont été lancés au ministère de l’économie le 20 juillet ( en plein été donc), ils s’achèveront en novembre. A l’exemple du Grenelle de l’environnement ils se dérouleront sous la forme d’ateliers spécifiques (14) répartis en deux chantiers. Le premier (fin août fin septembre) est intitulé « la création et la répartition de la valeur» et porte sur la réorganisation des filières, la fixation des prix, le revenu des agriculteurs. Il s’agira aussi de répartir une enveloppe de 5 milliards d’euros pour financer le plan de modernisation de l’agriculture, promesse du candidat E. Macron.
Le deuxième chantier (début octobre fin novembre) est intitulé « l’alimentation saine, durable accessible à tous ».
Sans préjuger de ce qui sortira de ces assises … on peut déjà remarquer que l’organisation des débats n’est pas cohérent avec l’intitulé de ces Etats généraux. La priorité est en effet donnée à l’économie puisque seulement 4 ateliers (sur 14) seront consacrés à l’alimentation et que c’est le sujet de la crise agricole et des prix qui ouvrira les débats à la rentrée. L’alimentation, c'est-à-dire la qualité des denrées alimentaire n’apparaît donc pas comme le sujet central. Dès lors ne s’agirait pas plutôt des Etats généraux de l’agriculture ?
Alors que ces Etats généraux ont été inspirés à E. Macron par Nicolas Hulot leur pilotage est confié au seul Ministère de l’agriculture et de l’alimentation, le ministère de la transition écologique et solidaire se trouve de fait relégué à la seconde place ; on peut s’interroger aussi sur le poids du ministère de la santé (la ministre était également absente) dans ces débats au regard des enjeux de santé publique liés à l’alimentation (obésité, maladies cardio-vasculaires, diabète et maladies graves liées aux pesticides à commencer chez les agriculteurs eux-mêmes.
Ces débats devraient rassembler 500 participants : représentants du monde agricole, de l’agroalimentaire, des distributeurs, associations de consommateurs, ONG environnementales…
Le public est invité à s’exprimer sur le site www.egalimentation.gouv.fr jusqu’au 20 octobre sans que l’on sache comment seront prises en compte ses remarques…..a noter également les dates très propices pour une large consultation du public.
Cet article s’arrêtera provisoirement là…en attendant le démarrage des ateliers et faute, il faut bien le dire d’y voir très clair dans la finalité de ces Etats généraux….
Le ministre de l’agriculture a annoncé qu’ils déboucheront sur « un agenda des solutions » sur lequel s’engageraient les parties prenantes …..la situation exige déjà un peu plus que la seule bonne volonté et des promesses des acteurs d’adopter une attitude responsable…d’autant que certains ont déjà identifier la source de leurs problèmes :pour les agriculteurs c’est la grande distribution, pour les consommateurs ce sont les modèles agricoles, pour les distributeurs c’est l’excès de réglementation et pour les transformateurs et un peu tout le monde ce sont les consommateurs qui veulent consommer toujours moins cher… ! Définir à partir de ces positions où chacun privilégie ses intérêts au dépens de ceux du collectif, une politique de revalorisation des revenus des agriculteurs semble déjà relever de la quadrature du cercle…
Et que dire du second chantier l’alimentation saine, durable, accessible à tous !
problème qui ne peut être abordé sérieusement sans la transformation d’un système agricole productionniste livré au marché, où les petits restent à la merci des gros, shooté à la chimie lourde, qui pollue tous azimuts, sols, eaux, air et aliments. Les associations qui siègeront dans les ateliers (consommateurs, environnement) vont donc avoir du travail pour rappeler les défis que doivent relever ces Etats généraux s’il s’agit effectivement de repenser notre alimentation, de garantir à tous une alimentation de qualité, alors qu’elle apparaît aujourd’hui dans notre pays comme le miroir des inégalités ( les problèmes d’obésité se rencontrent chez les personnes en situation précaire ) et de réconcilier agriculture et environnement ce qui implique qu’on ne fasse pas l’impasse sur nombre de sujets, OGM, pesticides, adaptation aux changements climatiques, fiscalité agricole, agriculture bio, demandes des consommateurs….
Et encore faudra t-il que ces discussions débouchent sur une véritable politique ce qui implique des choix et des mesures concrètes. Et c’est bien là le problème, l’absence de volonté politique car les solutions techniques pour réorienter notre modèle alimentaire (titre de ces Etats généraux…) sont connues.
La logique nous semble t-il aurait été avant de parler de prix, de choisir d’abord le (les)modèle(s) qu’on veut défendre et ensuite de mobiliser les acteurs sur cet objectif en terme de rémunération, de qualité, de contraintes, d’obligations sanitaires et sécuritaires…
En attendant, histoire de nous mettre en confiance quant à l’issue de ces Etats généraux, le ministre de l’agriculture vient d’annoncer dans le cadre de la répartition des aides de la PAC l’arrêt du soutien au développement de l’agriculture bio ; la faiblesse du budget qui lui alloué pour les trois années qui viennent conduit à supprimer les aides à la conversion ;! elle met aussi en danger le maintien des agriculteurs en bio.
La seule agriculture vraiment engagée dans la transition agricole et alimentaire reste la moins aidée c’est dire si le changement est en marche et les lobbies agro-alimentaires en perte de vitesse!
J. Thévenot
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