Nature et Environnement en Nièvre

Nature et Environnement en Nièvre

La programation pluriannuelle de l'énergie

 

 

 

La programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE)

 

 

 

La PPE a été instituée en 2016 pour la période 2018-2023, par la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte (17 août 2015). Son objet est de fixer les priorités d'action dans le domaine de l'énergie pour décarboner l'économie et diversifier notre mix énergétique. Elle s'inscrit donc dans le cadre de la stratégie bas carbone adoptée en 2015 par le ministère de la transition écologique et solidaire. Elle est aussi évidemment un outil pour la mise en œuvre de l'Accord de Paris. (plan climat 2017) www.écologique-solidaire.gouv.fr/programmations

 

La PPE devait être révisée en 2018 en même temps que l'actualisation de la stratégie bas carbone. C'est le 27 novembre que le Président de la République a révélé la feuille de route générale de notre pays en matière d'énergie pour les 10 années à venir. Il est prévu une révision de la PPE tous les cinq ans ,

 

La transition énergétique est un des volets majeurs de la transition écologique, puisque dans nos pays industrialisés toutes nos activités et nos existences en dépendent, production, consommation, déplacements, chauffage etc...entraînant un modèle de développement très consommateur d'énergie notamment fossiles (charbon, gaz, pétrole) à l'origine d'émissions de gaz à effet de serre, responsables du réchauffement climatique, sources de graves pollutions (air, sols, eaux), de dégradation de l'environnement , de gaspillages et à l'origine de la montée des inégalités sociales en raison de la vulnérabilité des français au prix des carburants (déplacements, chauffage...). 

Depuis les années 70 l'empreinte écologique de l'humanité dépasse la capacité de la Terre à régénérer des ressources nouvelles. Dans ces conditions nous savons que nous léguons aux générations qui nous suivent une situation qui ne leur assurera pas au moins le niveau de bien-être dont nous bénéficions aujourd'hui.



Ce modèle n'est pas viable , la transition énergétique joue un rôle essentiel pour un changement de société puisqu'elle offre de nombreuses opportunités d'agir en raison même de la multitude de secteurs qu'elle recouvre (bâtiments, énergie, consommation responsable, transport, finance verte....).

Et s'il est question de transition c'est que le changement et l' adaptation de notre modèle ne peuvent évidemment pas se faire d’un seul coup..... ,La programmation pluriannuelle de l'énergie doit être le cadre de la mise en œuvre sur le long terme de solutions pour des changements énergétiques qui sont incontournables ( épuisement des ressources énergétiques, climat, pollutions et leurs conséquences sur la santé humaine et l'environnement).



Rappel des principaux objectifs dans le domaine de l'énergie (loi de 2015 sur la transition énergétique) que la PPE doit contribuer à atteindre :

d'ici 2020 :Baisse de 20 % d’émissions de gaz à effet de serre (par rapport aux émissions de 1990)

23 % de la consommation d’énergie d’origine renouvelable

 

d'ici 2025 : réduction de 50% de la part de l'électricité d'origine nucléaire. Repoussée à 2035

                  lutte contre la déperdition énergétique dans le bâti :objectif par an 500000 logements rénovés à partir de 2017. les 7 millions de « passoires thermiques que comptent la France devront être rénovés à l'horizon 2025. D'ici 2050 l'ensemble du parc immobilier devra être rénové en fonction des normes « bâtiment faible consommation »

 

d'ici 2030 : Baisse de 40 % d’émissions de gaz à effet de serre (par rapport à 1990)-baisse de 75 % en 2050 par rapport à 1990

 

                    Baisse de 30 % de consommation d’énergie fossile primaire (par rapport à 2012)

 

énergies renouvelables (solaire, éolien, hydroélectrique, agrocarburants, biomasse qui produisent de l'électricité et de la chaleur):leur part devra représenter 32% de la consommation énergétique ( 40 % de la production d'électricité, 38 % de la consommation finale de chaleur, 15 % de la consommation finale de carburant et 10 % de la consommation de gaz)

 

efficacité énergétique +27%

 

 

La programmation énergétique (PPE) :

 

 

Energies fossiles :

  • le gouvernement table sur une baisse de la consommation des énergies fossiles de 20% en 2023 par rapport à 2012 et de 35% d'ici 2028 . Cela touche notamment les secteurs transports et bâtiments.

    En matière de transport : il s'agira d'atteindre en 2020 pour les véhicules neufs 80g CO2/km et 60g en 2025.

  • Le gouvernement mise sur 1,2 millions de véhicules électriques d'ici 2023 et près de 5 millions en 2028 et sur la mise sur le marché d'ici 2030 de véhicules thermiques à faible consommation (4l au cent)

 

  • l'objectif de la sortie des énergies fossiles d'ici 2050 est confirmé. C'est l'horizon fixé par le plan climat pour atteindre la neutralité carbone (ne pas émettre plus de carbone que ce que les forêts et les sols sont en mesure d'absorber) qui prévoit la fin de la commercialisation des voitures thermiques en 2040. A noter que ce cap de sortie ne figure pas clairement dans le projet de loi « mobilités » qui porte sur la mobilité propre, développement du vélo pour les petits déplacements quotidiens, covoiturage, auto-partage, renforcement des transports collectifs....

  • d'ici 2022 fermeture des 5 dernières centrales thermiques à charbon

 

Bâtiments : un secteur qui représente 23% des émissions de CO2 et 44% de l'énergie consommée ; le potentiel en matière de réduction des GES et d’économie d’énergie est  donc considérable.

         Dans les dix ans les bâtiments très énergivores et mal isolés devront disparaître...on compterait en France entre 7 et 8 millions de » passoires thermiques »

Il              Il est prévu que 2,5 millions de logements seront rénovés de manière performante d'ici 2023, (81000 rénovés en 2017...), ainsi que le remplacement de 10000 chauffages charbon, de chaudières fioul (1 million), des chaudières bois inefficaces et un taux minimum de chaleur renouvelable dans tous les bâtiments neufs dès 2020 (le fonds chaleur sera porté à 339 millions d'euros en 2022-315 en 2019).



 

Energies renouvelables :

 

La PPE maintient l'objectif de 40% de la production électrique renouvelable pour 2030 ( en 2017 on en était à 17%). Les aides publiques devraient atteindre 8 milliards d'ici 10 ans (5,5 milliards en 2019). sont annoncés le triplement de la production éolienne terrestre, la mise en service du ler parc éolien en mer, le quintuplement de la production photovoltaïque,. Et le renforcement du parc hydroélectrique (voir notre article micro-centrales macro-dégâts ).

        S'agissant du gaz le taux de 10% à atteindre en 2030 est repris sous condition d'une baisse des coûts

 

Energie nucléaire : il est urgent d'attendre

 

- PPE confirme la réduction de la part du nucléaire à 50% du mix électrique d'ici 2035 (donc le décalage de 10 ans par rapport à la loi de 2015)

- annonce de la fermeture d'ici 2035 de 14 réacteurs/58 compris les deux de la centrale la plus ancienne, Fessenheim, qui est déjà actée et devrait intervenir en 2020

         - de la fermeture de 4 à 6 réacteurs d'ici 2028

         - et ensuite des huit autres d'ici 2035 à raison d'une par an

 

Outre le fait que la mise en œuvre de ces fermetures reste floue.E. Macron a invoqué la difficulté de programmer ces fermetures de réacteurs au regard de plusieurs facteurs- évolution de la consommation électrique, celle des pays voisins, fermeture des centrales charbon, développement des énergies renouvelables, solutions de stockage de l'énergie...

elle également très tardive La fermeture de 14 réacteurs en 2035 signifie qu'un grand nombre des réacteurs vont fonctionner au-delà des 40 voire des 50 ans ; ce qui paraît proprement irresponsable au regard de la sécurité de ce parc vieillissant et du coût de l'entretien.

O     On notera également que le mandat de M. Macron se terminant en 2022 il met ces fermetures à la charge de son successeur !

 

Enfin la porte à de nouveaux EPR reste ouverte : La PPE ne se prononce pas sur la question de la construction de nouveaux réacteurs mais malgré les déboires de la construction de l'EPR de Flamanville cette possibilité n'est pas exclue. Le gouvernement a demandé à EDF d'élaborer un programme de nouveau nucléaire en prenant des engagements fermes sur le prix et la fiabilité technologique...à remettre en 2021 -à la veille de la prochaine élection présidentielle....

On constate une fois de plus, sous couvert de protéger le climat, l'absence de volonté de ce gouvernement comme tous les précédents de s'opposer à EDF !

 

La transition énergétique est un vaste chantier : remplacement progressif des énergies fossiles et nucléaire par un mix énergétique privilégiant les renouvelables, réduction de la consommation, économies d'énergies et réduction des gaspillages, évolution des comportements en termes de consommation, production, déplacements pour réduire les dépenses d'énergie et les émissions de gaz à effet de serre.

Dans ce changement de modèles, ceux proposés par l'économie verte, l'économie sociale et solidaire, l'économie circulaire y ont toute leur place.

 

 

La révolte sociale suscitée par la hausse du prix du diesel et de l'essence vient de conduire l'exécutif à y renoncer après avoir affirmer avec la plus haute fermeté son refus de revenir en arrière sur la taxe carbone malgré la pression des « gilets jaunes ». Il avait déjà auparavant renoncer à deux projets, les péages urbains et la vignette sur les poids lourds. Cette politique est incohérente au regard des engagements de la France de lutter contre le changement climatique et la pollution de l'air.

En prenant cette décision l'exécutif commet une seconde erreur. La première a été de décider une taxe carbone

- inefficace puisqu'elle épargne les secteurs les plus polluants et émetteurs de gaz à effet de serre ( secteur aérien , transport routier et maritime des marchandises) et qu'elle n'est pas affectée dans sa totalité aux aides et investissements indispensables pour développer les solutions qui permettront d'atteindre la neutralité carbone

- et injuste socialement puisqu'il n'a pas mis en place des soutiens financiers immédiats pour les français déjà en difficulté qui n'ont d''autre choix en raison de leur implantation géographique, que d'utiliser leur voiture pour rejoindre leur lieu de travail.

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La deuxième erreur c'est que ce renoncement (pour 2019 et après?) instrumentalise la fiscalité écologique alors qu'elle est l'outil indispensable pour répondre à la crise climatique en raison de son effet incitatif sur le choix de nouveaux comportements. C'est irresponsable à l'heure où le GIEC a déroulé le scénario de notre futur en l'absence de réussite de la transition énergétique qui doit nous faire sortir de la dépendance aux énergies fossiles. Et où on apprend que nos émissions de gaz à effet de serre continuent d' augmenter pour la troisième année consécutive +4% en 2017 ( deux secteurs concernés le transport et l'habitat). Et tout cela au moment de la COP 24 !



Reste à vérifier si le gouvernement est en mesure de prendre les bonnes décisions qui ne produiront leurs effets qu'à moyen terme, à savoir développer rapidement les solutions retenues dans la PPE et renforcer celles de la future loi mobilité. Ou s'il va s'en tenir au seul retour de la paix sociale à travers la prise des mesures d'urgence, qu'il doit évidemment prendre pour les français qui en ont un besoin immédiat ; mais qui sont des réponses pour le court terme , alors que la transition énergétique s'inscrit dans le long terme, tant en ce qui concerne les enjeux environnementaux, climatiques et de justice sociale

 

                                                                                                               J.Thévenot

 







 





 



08/12/2018
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