Nature et Environnement en Nièvre

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LVNAC-Climat:Cancun, nouvelle étape....

Climat: Cancun, nouvelle étape....


Du 29 novembre au 10 décembre s'est tenue à Cancun (Mexique) la 16ème conférence des parties à la Convention Cadre des Nations-Unies sur les changements climatiques (UNFCCC).

Cancun fait suite à la conférence sans précédent que fut Copenhague où la déception des résultats a été à la hauteur des espoirs investis!. En 2010 les discussions se sont poursuivies sur des bases moins ambitieuses et plus pragmatiques. A partir des avancées de Copenhague et malgré son fiasco, Cancun est un petit pas dans la construction d'une réponse commune au défi climatique qui se continuera l'an prochain à Durban où on espère un accord plus important. Le « succès » de Cancun réside plus dans la réaffirmation de la communauté internationale (200 pays étaient présents) de continuer à agir ensemble pour s'attaquer au changement climatique que dans les mesures décidées qui restent modestes et se contentent pour l'essentiel de confirmer celles de Copenhague. Elles portent notamment:


sur la protection des forêts tropicales:

La forêt est un puissant réservoir de carbone. Selon le GIEC 20 à 25% des émissions globales de gaz à effet de serre sont dues à la déforestation. Quatre milliards d'hectares ont disparu entre 2000 et 2005, le record touche les forêts boréales du Canada et de la Russie. Sont concernées aussi les forêts tropicales (13 millions d'hectares disparaissent chaque année): Amazonie (élevage bovins, culture du soja), Congo (exploitation commerciale), Indonésie (production de l'huile de palme- voir notre article du CNAD du 13 juillet 2010).

Cancun a permis d'améliorer le mécanisme REDD (Réduction des Emissions liées au Déboisement et à la Déforestation) sur lequel repose cette protection. Ce sont les pays développés, responsables historiques du dérèglement climatique qui doivent financer la conservation des forêts tropicales (en application du protocole de Kyoto et du plan d'action de Bali). Il s'agit de donner aux pays tropicaux les moyens financiers de réduire la déforestation et la dégradation des forêts. Mais REDD doit financer également la gestion forestière, la conservation et le reboisement (d'où la dénomination finale de REDD+). L'aide financière est destinée à compenser les manques à gagner liés à la non exploitation de la forêt et à soutenir la mise en place de programmes de gestion durable.

Il a été décidé à Cancun que ces mesures seront financées par des fonds « prévisibles et stables » ( ce qui devrait éliminer le risque de spéculation sur des fonds forestiers alimentés par les marchés carbone). REDD+ par ailleurs « prend en compte la préservation de la biodiversité et les droits des populations forestières ».Il s'agit d'impliquer les populations vulnérables dans les mécanismes de REDD+ afin qu'ils ne soient pas un facteur d'exclusion supplémentaire pour les autochtones (la survie de près de 900 millions de personnes dépend de la forêt).


sur l'adoption d'un fonds financier vert pour le climat:

Cancun confirme et rend juridiquement contraignant l'accord de Copenhague (qui lui n'avait pas été reconnu officiellement par le secrétariat de la Convention Cadre sur les Changements Climatiques) sur la mobilisation de financements via un fonds vert de 30 milliards de dollars pour 2010-2012 (dits financements précoces que les pays du sud attendent toujours un an après Copenhague..) porté à 100 milliards de dollars /an (75 milliards d'euros) d'ici 2020.

Ce fonds sera transitoirement géré par la banque mondiale et piloté par un bureau de 24 membres à parité entre pays développés et pays en voie de développement. Il doit permettre de financer des mesures de réduction des émissions dans les pays du Sud (développement des énergies propres) et des mesures d'adaptation aux impacts du réchauffement qui touchent et les populations les plus pauvres et l'environnement (gestion des risques, réduction de la vulnérabilité liée à la montée des eaux, à la sécheresse, aux inondations. Mais aussi accès à de nouvelles ressources d'eau douce, sécurité alimentaire, renforcement des systèmes de santé..).



Cancun « invitent » les pays contributeurs à rendre compte chaque année des engagements financiers et des projets financés. Il s'agit de vérifier que les Etats ne recyclent pas  en financement climatique l'aide publique au développement...

Reste enfin à trouver comment alimenter ce fonds .. la solution a a été renvoyée au sommet de Durban l'an prochain (taxes sur les transports maritimes et aériens, sur les transactions financières (type taxe Tobin), taxe carbone???).


Sur la reconduction du protocole de Kyoto: L'enjeu premier de Cancun était la reconduction du protocole de Kyoto qui arrive à échéance fin 2012. Rappelons que ce protocole adopté en 1997 entré en vigueur en 2005 prévoit de réduire les émissions de gaz à effet de serre des pays industrialisés ( au nombre de 40) d'au moins 5,2% au cours de la période 2008-2012 par rapport à leurs niveaux de 1990. Ces objectifs se sont révélés bien insuffisants et de plus ne seront pas atteints. Mais ce protocole est le seul texte juridiquement contraignant à ce jour Il représente donc une avancée en matière de gouvernance internationale qu'il est capital de faire perdurer.

Aucun engagement pour le prolonger n'a pu être pris à Cancun en raison des divergences au sein du groupe des pays développés. Japon, Russie, Canada réclament un nouveau traité incluant les Etats-Unis ( qui n'ont pas ratifié le traité), la Chine (pas soumise à la réduction de ses émissions en tant que pays en développement) et l'Inde. Les pays émergents et en développement de leur côté soutiennent que les pays riches, responsables du réchauffement climatique doivent faire l'effort avant qu'eux mêmes ne s'engagent à réduire leurs émissions ce qui mettrait à mal leur développement.

On s'en est donc tenu au statu quo sur le protocole de Kyoto avec renvoi des négociations sur son avenir à 2011 ( prolongation, abandon, modification??), ce qui constitue un véritable échec sur le point le plus essentiel celui de l' obligations pour les pays développés responsables historiques du changement climatique, de réduire fortement leurs émissions de GES pour limiter à 2°C maximum l'augmentation de la température moyenne globale. (au moins 40% selon les analyses scientifiques. Rappel, l'Union européenne s'est engagée en 2008 à réduire ses émissions de 20% d'ici 2020 par rapport à 1990, elle aurait la velléité de passer à 30%). Les engagements actuels des pays ne sont pas à la hauteur des enjeux, ils laissent entrevoir une augmentation de la température de 3°C avec des conséquences dramatiques pour des millions de personnes (accès à l'eau, à l'alimentation..) et de nombreuses villes côtières.


Pour la première fois dans notre histoire, nous sommes face à un problème, la lutte contre le changement climatique, qui ne pourra être résolu que par une prise en charge de la communauté internationale puisque l'évolution du climat résulte des émissions de l'activité de l'humanité toute entière. Qui dit action commune, dit des objectifs acceptés par chacun des pays, un système de suivi des actions menées, un système de pénalisation pour les engagements non tenus... autant dire la nécessité d'une transformation totale des relations internationales ( la convention onusienne sur le climat exige le consensus pour la prise de décision) qui demande une volonté politique forte qui fait encore défaut.

Le défi climatique auquel nous devons faire face va bien au-delà de la fixation d'objectifs pour limiter la hausse des températures. Il implique une solidarité envers les pays en voie de développement les plus vulnérables aux impacts du changement climatique ainsi qu'un soutien dans leur développement et leur transition énergétique. Et également le choix d'un nouveau modèle de développement sobre en carbone (mode de production et de consommation) au Sud comme au Nord.

La construction d'une réponse commune au défi climatique ne sera pas une route tranquille, l'essentiel semble être de maintenir le cap et de consolider les voies qui y mèneront, c'est ce qu'a permis le sommet de Cancun en dépit de ses résultats modestes.


                                                           J. Thévenot






Artique














20/12/2010
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