Nature et Environnement en Nièvre

Nature et Environnement en Nièvre

DECAVIPEC - L'extraction des sables bitumeux....

 

L'extraction des sables bitumineux : pollutions à tout prix ?*

 

 

Le Canada détient les deuxièmes plus grandes réserves pétrolières de la planète avec les sables bitumineux de l'Athabasca et du Saskatchewan, juste derrière l'Arabie Saoudite. **

 

Il s'agit d'un hydrocarbure quasi solide et difficile à extraire, cette huile lourde et visqueuse était au départ du pétrole enfoui dans les profondeurs de la Terre, mais elle a été remontée à la surface lors du soulèvement des montagnes Rocheuses, ce pétrole a subi l'érosion et s'est peu à peu dégradé, perdant  une partie des gaz volatils encore présents dans le brut.

 

 

Economie

 

Exploités depuis les années 1970 après les premiers chocs pétroliers, les sables bitumineux sont l'objet d'une course qui ne ferait que commencer. Toutes les grandes compagnies pétrolières s'intéressent à ces réserves malgré les problèmes posés par leur extraction, Exxon Mobil, Shell, BP, le français Total, les américaines Chevron et Marathon, sans oublier les chinois, Cnoc et Sinopec.

 

Les ressources pétrolières s'épuisent inexorablement, d'autant plus vite que la consommation ne cesse de croître.  D'après les experts « la crise majeure de l'énergie» interviendrait dans les années 2040. Plus les cours du brut augmentent et plus cette extraction devient rentable, avec  un prix du baril au-dessus de 80 dollars, la compétition aux investissements est lancée et ne s'arrêtera plus.




 

 

Environnement

 

L'exploitation en surface entraîne la destruction d'immenses superficies de forêt boréale, les ravages se comptent en milliers de kilomètres carrés, il faut retirer la couche terrestre sur plusieurs mètres pour atteindre la couche de sable. Après avoir chauffé le pétrole, on le pompe des profondeurs vers la surface, le mélange est ramassé à la pelleteuse, le sable est séparé à l'eau chaude. Le bitume représente 15 à 20% par rapport au sable. L'opération nécessite d'énormes quantités d'eau et d'énergie. L'eau polluée est mise à décanter dans d'immenses bassins. Le bitume est liquéfié pour être transporté par les routes créées.

 

Une étude publiée récemment dans la revue de l'Académie des sciences des Etats-Unis, a tiré la sonnette d'alarme. Les pollutions occasionnées par cette extraction sont extrêmement importantes. Aucun expert indépendant ne contrôle les travaux du Ramp (Service de Surveillance des Milieux Aquatiques de l'Alberta) et les conséquences sur l'environnement.

 

Les chercheurs de l'Université de l'Alberta ont mesuré des taux très élevés d'hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) dans l'eau et l'environnement situés autour des mines de sable ainsi que dans les poissons des rivières situées en aval. Plusieurs de ces substances cancérigènes sont classées comme polluants prioritaires par l'OMS. 

 

Suite à ces résultats, une équipe de toxicologues de l'Université du Saskatchewan, a demandé la mise en place de procédés d'extraction moins polluants.

 

Le bilan  en termes d'émission de CO2 et de pollution est très mauvais, mais les Etats-Unis, et bien d'autres pays, veulent s'affranchir du brut du Moyen-Orient, région à haut risque  géopolitique, et ils ont prévu d'augmenter leurs achats de « pétrole canadien ».

 

L'extraction en est à sa phase préliminaire, elle provoque déjà des dégâts irréversibles, pollutions, déforestations, chaque compagnie a prévu un développement croissant en plusieurs étapes, pour exemple ExxonMobil (n°1 mondial) veut frapper très fort, son projet doit permettre l'extraction de 4 milliards de barils (350 000 barils/jour en 2018). Le français Total a prévu d'investir jusqu'à 10 milliards d'euros en 10 ans avec une production en propre de 250 000 barils/jour soit 10% de sa production totale.

 

Ces compagnies sont-elles prêtes à revoir leurs procédés ? On ne croit guère à une extraction propre.

 

Peut-on concevoir un arrêt de la pollution générée, par la remise en question des permis d'exploitation ? Pas plus.  L'homme ira chercher jusqu' au dernier litre de pétrole et  dernier kg de charbon. On est loin, très loin, des enjeux de Copenhague….

 

 

 

 

 

                                                                              Danièle Auclin

 

 

* A lire « La face sombre des sables bitumineux » Le Figaro du 8 janvier 2010 d'Yves Miserey

** Les autres grands  gisements de sables bitumineux se situent au Venezuela



21/01/2010
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