Nature et Environnement en Nièvre

Nature et Environnement en Nièvre

CNAD-A propos de l'huile de palme

 

A propos de l'huile de palme

 

Depuis quelques mois, industriels et grands distributeurs, commencent à prendre leurs distances à l'égard de l'huile de palme, et à annoncer , à grand bruit, soit qu'ils l'ont déjà remplacée dans certaines de leurs fabrications tels Findus soit qu'ils s'engagent à le faire avant la fin de l'année tel Casino, pour deux cents de ses produits de marque. La pression des associations (campagne de Greenpeace contre Nestlé, Unilever...), l'impact médiatique des campagnes anti-huile ne sont pas pour rien dans ces démarches présentées comme « vertueuses ». Pour la future étiquette des produits signalant l'absence de cette huile Casino a créé son logo « sans huile de palme ». Il y sera rappelé que si Casino s'engage sur cette voie c'est « qu'il est soucieux de la santé de l'homme et de son environnement »...

 

Ce type de démarche relève de la désinformation nutritionnelle et du coup marketing car l'huile de palme est présente dans un très grand nombre de produits alimentaires industriels et il est très difficile d'y échapper puisqu'elle se cache le plus souvent sur les étiquettes sous la seule mention « graisse ou huile végétale » sans qu'il soit précisé qu'il s'agit d'huile de palme. On la trouve dans un produit sur dix en Europe, soupes lyophilisées, confiseries en passant par les céréales, le chocolat ,les barres et pâtes à tartinées chocolatées, les glaces, les biscuits apéritifs, les chips, les frites surgelées, les pâtes à tartes, les pâtes fraiches, les sauces , les plats cuisinés...l'huile de palme est partout

 

Le succès de cette huile auprès des industriels agro-alimentaire tient à plusieurs facteurs:

son faible coût (pousse rapide de l'arbre, bon rendement (4 tonnes d'huile par ha et par an), extraction facile, main d'oeuvre économique..), elle ne rancit pas comme le beurre et reste solide à température ambiante ce qui permet de l'incorporer facilement dans de nombreuses produits.

 

L'huile de palme représente un tiers de l'huile végétale produite dans le monde et la demande ne cesse d'augmenter pour alimenter le marché de l'agro-alimentaire mais également celui des produits cosmétiques et depuis les années 2005 celui des «  carburants dits verts »... (biodiesel). La surface cultivée en palmier a augmenté de plus de 40% depuis 1990. La demande devrait doubler d'ici 2030 et tripler pour 2050. L'Indonésie et la Malaisie fournissent 85% de la consommation mondiale.

 

Cette huile est de plus en plus montrée du doigt en raison des dangers qu'elle représente pour la santé, la biodiversité et l'écosystème et la vie des populations.

Si en elle même l'huile de palme n'est pas nocive, il faut éviter de la consommer en grande quantité , en raison de sa teneur en acides gras saturés (50% contre 15% dans l'huile d'olive) qui favorise l'obstruction des artères. Reste à savoir comment arriver à diminuer sa consommation d'un produit qui n'est pas identifié faute d'un étiquetage clair annonçant sa présence???

Elle est en revanche hautement dangereuse pour l'environnement : les plantations de palmiers à huile remplacent peu à peu les dernières forêts tropicales primaires et les tourbières de l'Asie du Sud-Est riches en biodiversité.. La conversion des forêts en palmier à huile montre dans ces zones une perte de 80 à 100% des espèces de mammifères, reptiles et oiseaux. Cette destruction est une catastrophe écologique, puisqu'elle conduit à la destruction d'habitats d'innombrables espèces vivantes dont les emblématiques orangs-outans qui pourraient disparaître au rythme de la déforestation actuelle d'ici dix ans.A Bornéo on a estimé que 3000 de ces animaux disparaissent chaque année, le rhinocéros de Sumatra est l'espèce au monde la plus menacée

Les défrichages à grande échelle (via des techniques de brûlis) favorisent également l'émission massive de gaz à effet de serre (GES) dans l'atmosphère et le changement climatique. 1,8 million d'hectares de forêts vierge sont déboisés chaque année en l'Indonésie qui a déjà perdu 72% de ses forêts anciennes . Elle est de ce fait le troisième émetteur de GES au monde après les Etats-Unis et la Chine..

Enfin cette culture fait vivre 5 millions de familles en Indonésie mais parallèlement elle a de graves conséquences économiques pour les populations autochtones qui vivent de la forêt. Elle entraîne des conflits sociaux ( droits coutumiers non reconnus, expulsions des territoires, cas de violences, prise d'otages...)

D'autres forêts tropicales,(notamment en Amazonie) et leurs habitants, (hommes, animaux, végétaux) sont menacées, avec le marché des agrocarburants qui ne fait que commencer.

 

Quelles solutions pour baisser notre impact sur les forêts?

 

Si la Chine et l'Inde sont les premiers importateurs de cette matière première en tant que consommateurs de pays développés nous sommes directement impliqués dans cette demande croissante pour cette huile.. En Europe elle augmente de 13% par an depuis dix ans.

Les solutions possibles sont source de controverses entre les ONG . Les unes prônent le boycott, les autres comme WWF appellent à une production d' huile de palme « durable  » conciliable avec l'environnement à travers la mise en place d'une certification qui paraît pour le moins, peu crédible.

 

Un label pour l'huile de palme durable: l'idée émane en 2001 de Migros, géant suisse de la grande distribution, qui détermine des critères exigeants qui s'appuient sur ceux de l'agriculture biologique, du commerce équitable et de la gestion forestière durable ;

En 2004 Migros propose d'élargir cette initiative pour enrayer la destructions des forêts tropicales, et lance la table ronde sur le palmier à huile durable (Raoundtable for Sustainable Palm Oil, RSPO). C'est dans ce cadre que WWF excluant tout boycott du marché, entend par le dialogue, appeler les acteurs de la filière (planteurs de palmiers, producteurs, distributeurs, banques, investisseurs...) à la mise en place d'une production d'huile durable certifiée reposant sur des critères élaborés conjointement par les acteurs impliqués et qui donc résultent d'un consensus c'est à dire d'un minimum acceptable par tous. La RSPO qui compte environ 300 membres, a élaboré des directives qui interdisent les procédés les plus néfastes comme la déforestation de forêts primaires et sont censées contribuer à donner des garanties sociales aux exploitants et petits producteurs locaux.

Plusieurs marques européennes de l'agro-alimentaire et de la grande distribution se sont engagées à ne s'approvisionner qu'en huile de palme certifiée, disponible sur le marché depuis 2008. Le 7 avril s'est tenue à Paris la première conférence RSPO en France. WWF a invité l'ensemble des acheteurs d'huile de palme à devenir membre actif de la RSPO, à analyser l'origine de l'huile utilisée, à se tourner vers des producteurs exploitant des zones non boisées, et à s'engager à utiliser 100% d'huile de palme durable d'ici à 2015.

 

L'huile de palme certifiée se révèle être une belle illusion qui sert à verdir un commerce à l'origine d'une catastrophe écologique planétaire et donc de plus en plus critiqué. Greenpeace comme WWF d'ailleurs ont pointé le non respect par des entreprises certifiées, des règles RSPO tels les plantations de United Plantations,.la holding SINAR MAS le plus gros producteur indonésien qui continuent leurs pratiques destructrices. L'affiliation à la RPSO n'est donc pas une garantie.

- Par ailleurs elle ne remet pas en cause le modèle agricole qui profite aux multinationales et affaiblit les petits paysans. Si elle interdit la destruction des forêts primaires et des forêts à haute valeur de conservation elle ne protège ni les forêts secondaires ni les forêts sur sol tourbeux. Tout au plus limite t-elle l'impact environnemental et social de ce commerce.

- Enfin l'huile de palme certifiée ne représente aujourd'hui que 4% de la production mondiale et au rythme actuel 98% des forêts humides indonésiennes auront disparu en 2022...Comment croire que la RSPO permettra d' endiguer la déforestation galopante des forêts primaires d'Indonésie et de Malaisie?

 

S'il s''agit véritablement de trouver une solution à cette crise écologique elle passe évidemment par une réduction de la surconsommation de cette huile générée par les excès d'un marché contrôlé par les multinationales. Ce qui implique la remise en cause de nos modes de vie, qu'il s'agisse de notre alimentation ou de nos transports à la recherche de fausse bonne solutions type biodiesel.... Cette production doit répondre avant tout aux besoins vitaux des pays du Sud qui doivent également percevoir l'essentiel des revenus, privilégier de petites plantations en agriculture biologique au lieu de ces grandes monocultures hautement polluantes (herbicides, engrais).

Sans la maîtrise de la demande on ne voit pas quels critères de durabilité pourraient limiter efficacement les cultures de palmier à huile.

 

Reste donc le boycott difficile compte-tenu du nombre de produits alimentaires concernés mais du moins peut-on essayer de limiter leur consommation ce qui implique que l'on se batte également pour obtenir une signalisation claire de la présence de cette huilesur les étiquettes..

Déjà ne pas acheter les produits dont l'étiquette mentionne seulement « huile végétale » ou matière grasse végétale ». Le consommateur qui voudrait ( pour se donner bonne conscience???) choisir de l'huile « durable » n'oubliera pas que cette huile « éthique » n'est pas meilleure pour sa santé (ni pire bien entendu...). De même que l'huile biologique...

Pour les cosmétiques, les termes Palm acid, Sodium palmate, Sodiumpalm kernelate, Elaeis guineensis (son nom latin) révèlent la présence de l'huile de palme, de dérivés, ou d'huile de palmiste.

Peut-être aussi prendre le temps de cuisiner, est-il si difficile de faire sa mayonnaise, ses frites, sa pâte à tarte....d'éviter les chips et cie à l'apéritif????

 

En sachant que ce boycott ne sera évidemment pas suffisant si l'huile de palme est massivement utilisée pour produire du biodiesel

                                                                    J. Thévenot

 

      La culture massive du palmier met cette espèce

en grave danger

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



13/07/2010
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