Nature et Environnement en Nièvre

Nature et Environnement en Nièvre

ADEAN - NIÉVRE : L'INCINÉRATION POUR TOUS

NIÈVRE : L’INCINÉRATION POUR TOUS

 

 

Depuis bientôt 40 ans, Nevers et les communes de l’agglomération de Nevers (avant 2003 dans le SIVOM de Nevers – Syndicat Intercommunal à VOcation Multiple – puis dans le cadre de la communauté d’agglomération ADN) ont fait le choix de traiter leurs ordures ménagères et leurs DIB (déchets industriels banals) par incinération.

 

De 1977 à 1999, un incinérateur d’ancienne génération d’une capacité de 18.000 tonnes/an avait déjà sévi en crachant toutes les pollutions possibles et imaginables sur les riverains et l’environnement de Fourchambault et de Garchizy. On se souvient que le SIVOM avait refusé d’investir les 600.000 francs (100.000 € d’aujourd’hui) nécessaire à un système filtration efficace et, enfin, conforme aux prescriptions préfectorales initiales. Jusqu’en 1999, ce fut l’enfer.

 

Rebelote avec la construction d’un nouvel incinérateur entre 2000 et 2002 …

 

POLLUTION ENCORE ET TOUJOURS

 

En 1999, une Délégation de Service Public (DSP) a été accordée jusqu’en 2019 au groupe VEOLIA pour la construction d’un incinérateur d’une capacité de traitement de 46.000 tonnes/an soit pour plus de deux fois les besoins de l’agglomération. Si le système de filtration des émanations gazeuses est plus efficace qu’auparavant, ce sont quand même des tonnes de poussières, de COV, de composés ammoniaqués et des kilos de mercure, plomb et autres métaux qui sont rejetés chaque année sur la tête des riverains et de la campagne environnante (voir tableau).

 

 

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UN traitement coûteux ?

 

La Chambre Régionale des Comptes de Bourgogne a découvert en 2010 que les habitants de l’ADN payaient beaucoup trop cher le remboursement des frais financiers liés à la mobilisation de l’argent (21 millions €) nécessaire à la construction du nouvel incinérateur. Rapportés à la durée de la DSP, ce sont 8 à 10 millions € qui auront été indûment perçus par VEOLIA. Question (toujours sans réponse) : où ce supplément s’est-il égaré ? Plus récemment, la nouvelle équipe élue à la tête de l’ADN a découvert que les révisions des tarifs annuels de traitement des déchets par incinération étaient «exagérés» de 600.000 € par application de contrats mal ficelés entre l’ADN et VEOLIA. Enfin, mal ficelés pour la collectivité, bien sûr.

 

Une étude de l’ADEME de 2011 a comparé les différents coûts de traitement des déchets ménagers par incinération. Les coûts relevés montraient que ceux pratiqués dans notre bel incinérateur nivernais se situaient au-delà des tarifs les plus élevés. Aujourd’hui, ce coût est de plus de 140 € la tonne, soit deux fois plus cher que la mise en centre de stockage.

 

SAUVER L’INCINÉRATEUR D’ABORD

 

Polluant et coûteux, l’incinérateur de Fourchambault était en «danger». Fonctionnant à 70 % de sa capacité, il fallait augmenter le tonnage à traiter pour compenser la baisse des ordures ménagères de l’Agglomération de Nevers (de 26.000 tonnes par an en 2000 à 16/17.000 tonnes /an en 2013.

 

La première phase du sauvetage de l’incinérateur de Fourchambault a consisté par empêcher la création d’un deuxième centre de stockage dans la Nièvre comme le prévoyait pourtant le Plan Départemental d’Élimination des Déchets Ménagers et Assimilés. Les élus de Nevers, entre autres, ont bien travaillé à cela.

 

Ensuite, il fallait que le centre de stockage de La Fermeté n’apparaisse plus comme une alternative sérieuse à l’incinération. On y avait fait des travaux en poussant sa capacité de stockage à 30.000 tonnes/an avant que VEOLIA n’absorbe la SADE-CGTH propriétaire du site. Comprenant le danger, on a augmenté les prix de traitement mais surtout, on a tout fait pour … qu’il pose des problèmes. Depuis 2008, des odeurs nauséabondes gênent considérablement les riverains d’Imphy sans que l’on trouve d’explication au phénomène.

 

LE SIEEEN ET L’INCINÉRATION

 

Le SIEEEN (Syndicat Intercommunal d’Électricité, d’Équipement et de l’Environnement de la Nièvre), en charge du traitement des déchets de 212 communes de la Nièvre, a toujours été un adversaire farouche de l’incinération … jusqu’en 2013.

 

Cela ne l’a pas empêché de choisir cette solution pour les deux tiers de son territoire (soit pour 8 à 10.000 tonnes annuels). Mais le doublement du prix de traitement «normal» aurait été «insupportable» pour les habitants des zones SIEEEN (alors que, en passant, il est bien «supporté» par les habitants de l’Agglomération de Nevers !). Ainsi, les habitants de la zone SIEEEN voient leurs ordures ménagères traitées pour 70 € la tonne contre, rappelons-le, plus de 140 € la tonne pour les habitants de l’ADN. Grâce au SIEEEN, l’incinérateur de Fourchambault est «sauvé» pour les cinq ans à venir, au moins.

 

Nous reviendrons dans un prochain texte sur les arguments que nous avons contre l’incinération. En attendant, qu’il nous soit permis de nous étonner d’apprendre que le SIEEEN fasse partie des collectivités choisies par le Ministère de l’Écologie, pour un programme «zéro déchet».

 

Les associations LVNAC et ADEDN (membres de la commission consultative des déchets du Conseil Général) ont d’ailleurs décliné l’invitation du SIEEEN a se joindre à sa démarche estimant qu’il y avait là une contradiction majeure : quand on veut réduire ses déchets on ne choisit pas l’incinération.

 

 

 

François LABALLERY

Janvier 2015



18/01/2015
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